VILLENEUVE-LÈS-AVIGNON La fable naturaliste de Renaud Robin investit l’Abbaye Saint-André
Le sculpteur sur bois Renaud Robin expose « Fukaï », série de créatures fantasmées, véritable cabinet de curiosité à la créativité et la technicité hors du commun.
Difficile d’imaginer mieux pour ouvrir le cycle sur la matière qui sera proposé cette année à l’Abbaye Saint-André. La matière, et plus précisément le bois, au pluriel, de nombreuses essences servant à confectionner les oeuvres de Renaud Robin. Des oeuvres qu’il qualifie de « paranaturalisme, un mélange d’un discours naturaliste avec un bestiaire fantastique. » Avec une idée majeure : « Parler à travers tout ça de la biodiversité et de sa disparition. »
La texture revient toujours, « en rupture avec l’art industriel très en vogue où tout est lisse, dans la nature il y a toujours une texture », martèle l’artiste, qui travaille le bois depuis de très nombreuses années. Des textures qu’on retrouve dès le début de l’exposition, avec des tableaux sculptés évoquant « l’épiderme, l’effleurement ». Puis le couloir regroupe des panneaux explicatifs développant le fameux discours pseudo-scientifique et exposant les outils, dont certains ont été créés directement par Renaud Robin.
La grande salle accueille le spectateur avec une pièce monumentale, un peu menaçante sur les bords avec ses longues tentacules. C’est la seule oeuvre qui n’est pas réalisée d’une seule pièce. « Toutes les autres sont faites dans la masse, pour moi c’est important, explique-t-il. C’est un challenge plus complexe, mais surtout, nos bras, personne ne les a collés. Quand on travaille du vivant, si on veut qu’il le reste, il faut qu’il soit d’une seule pièce, qu’il y ait une continuité moléculaire. » Une exigence qui rend les oeuvres encore plus impressionnantes dans leur technicité : courbé, tressé, sculpté avec une finesse rarement voire jamais vue, le bois se métamorphose.
Ainsi naissent au cours d’un travail de création qui se compte en dizaines d’heures des créatures de formes toujours uniques, comme Renaud Robin met un point d’honneur à le faire, et de toutes les tailles. « Dans la biodiversité il y a des baleines comme des microbes », justifie-t-il. Et dans la Fukaï aussi, concept japonais définissant « l’univers des profondeurs de la forêt », dit-il, inspiré par l’univers d’Hayao Miyazaki, qui donne son nom à l’exposition. L’idée est de « questionner le sacré dans la nature, développe Renaud Robin. En réintégrant ce sacré dans la nature, on peut en faire partie et penser une écologie durable. »
« Fukaï », de Renaud Robin, à découvrir jusqu’au 2 juin à l’Abbaye Saint-André de Villeneuve. Entrée aux jardins et à l’exposition temporaire 9 euros. Rencontres avec l’artiste sur place le 1er mai à 11h, 14h et 16h et lors des Rendez-vous aux jardins les 1er et 2 juin à 11h, 14h et 16h.