Publié il y a 1 an - Mise à jour le 07.03.2023 - Propos recueillis par Corentin Migoule - 7 min  - vu 4370 fois

ALÈS AGGLO Halles de l'Abbaye, nouvelle piscine, aérodrome de Deaux... Christophe Rivenq fait le point sur les grands projets alésiens

À l'issue d'une interview relative à divers sujets d'actualité, Christophe Rivenq, président d'Alès Agglomération, a fait le point sur l'avancée des projets majeurs du territoire, de la construction d'une nouvelle piscine couverte à la création d'un pôle thermal équin à Euzet-les-Bains, en passant par l'organisation des États généraux de la santé. Celui qui est aussi premier adjoint au maire d'Alès, délégué à l'Urbanisme, n'a pas manqué de donner des nouvelles des projets alésiens, dont celui de la rénovation des Halles de l'Abbaye et l'épineuse question du relogement des étaliers. Interview.

Objectif Gard : Suite à la visite de la directrice générale de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU), l'obtention d'une enveloppe supplémentaire de 54 M€ dans le cadre d'une clause d'optimisaton est-elle en bonne voie (relire ici) ?

Christophe Rivenq : Il y a des marqueurs positifs. La directrice générale a souligné la qualité des dossiers. Elle voit à Alès ce qu'elle ne voit pas partout ailleurs. On est vraiment dans ce qu'attend l'ANRU sur le côté très complémentaire des projets. La clause d'amplification doit s'intégrer dans le projet déjà validé. Je pense que l'État n'a quand même pas des milliards à distribuer. Je ne pense pas qu'on aura exactement 54 millions d'euros. Mais la préfète, déléguée territoriale de l'ANRU, a émis un avis favorable. Ce mercredi 8 mars, on envisage qu'il sera difficile de prendre le train, donc on fera une visio depuis l'Atome dans le cadre du comité d'engagement de l'ANRU à l'issue duquel on sera fixé.

Au rayon des projets majeurs au long cours, la rénovation du marché des Halles de l'Abbaye figure en bonne place. La solution de relogement des étaliers pendant les travaux a-t-elle été trouvée ?

Ce lundi matin (hier*, NDLR), Max Roustan et moi-même allons valider l'APS, l'avant-projet sommaire, qui va nous permettre de déposer le permis de construire le 15 mars. Le projet a été validé par les étaliers. C'est un projet à un peu plus de 8 millions d'euros. On a beaucoup travaillé sur le marché provisoire. Il n'y a hélas pas de solution idéale. On lancera une grande campagne de communication pour pousser les clients à suivre les étaliers sur cette période transitoire, avant de mieux revenir sur le projet final. Oui ce sera difficile, non ce ne sera pas au bord du Gardon. Il y aura un déménagement en septembre 2023 si tout se passe bien, et une réouverture du futur marché en décembre 2024. Ça va aller très vite ! Et je pense que ça sera un très beau projet pour la ville. Un vrai lieu de vie qui fonctionnera toute la journée. Le cabinet d'architectes Awa a très bien compris ce qu'on voulait.

Le dernier "lifting" du Cratère remonte à 2005. On évoque sa rénovation depuis des années. Le premier coup de pioche est-il enfin daté ?

Les travaux devraient débuter en 2024, à condition que le maître d'oeuvre confirme le budget prévisionnel fixé à 10 millions d'euros, ce qui est à la fois beaucoup et peu, et que les financeurs confirment leur participation. On travaille déjà à la mise en place d'une saison hors les murs avec Olivier Lataste, directeur du Cratère, qui aura un rôle essentiel d'assistant maître d'ouvrage. 

La construction d'une nouvelle piscine sur le territoire d'Alès Agglomération est-elle remise en question par la crise énergétique ? 

Compte tenu de la crise énergétique, on a volontairement légèrement reporté le projet. L'idée, c'est de construire deux piscines, une au nord et une au sud de l'agglomération, en tenant compte des densités de population, des transports et des établissements scolaires. Les lieux sont en train de s'affiner. Deux communes sont en train de se détacher. Il s'agira de piscines couvertes, de 25 mètres de long, aux dernières normes énergétiques. C'est très très long ! Ça coute très cher. Quand on a lancé le projet, on était sur d'autres paradigmes énergétiques. Mais je suis pour ces constructions et la remise aux normes de nos bassins actuels, car on ne peut pas dire qu'on est dans un département où il ne va pas faire chaud. 

"Je comprends qu'on puisse être contre, mais pas au prix d'arguments fallacieux."

Christophe Rivenq, au sujet du projet de contournement de Saint-Christol-lez-Alès.

Sur les réseaux sociaux, les opposants au projet de contournement de Saint-Christol-lez-Alès, vieux de plus de 60 ans, affichent une loutre qu'ils auraient découvert après avoir posé une caméra infrarouge dans la zone. Faut-il s'en inquiéter ?

C'est impossible qu'une loutre vive ici ! Il faut arrêter de se laisser abuser par ce genre de procédé. On a fait des études, on n'a jamais vu de loutre ici. Comme par hasard, il y a des gens opposés au projet qui posent une caméra et tout à coup une loutre apparaît. C'est un endroit qui est sec six mois par an. Je ne suis pas un grand naturaliste, mais je sais que la loutre a besoin d'eau. Je conçois que quand on est riverain on puisse avoir un peu les boules. Ce que je conçois moins, c'est que quand on sait que depuis 70 ans c'est en projet, on fasse comme si ça n'allait jamais se faire en investissant dans le secteur et en faisant les étonnés après. Je comprends qu'on puisse être contre, mais pas au prix d'arguments fallacieux. Certes, cette voie de contournement va imperméabiliser. Mais en supprimant les bouchons, on va supprimer les gaz à effet de serre qui font du rond-point de la Pyramide de Saint-Christol l'endroit le plus pollué de l'agglomération. 

Sur ce dossier, pour lequel le commissaire enquêteur a émis l'an dernier un triple avis favorable, la question des financements est-elle ficelée ?

Non, elle n'est pas encore ficelée, mais on a un accord historique que je compte bien faire appliquer. Un accord entre Frêche (Georges Frêche, président du Conseil régional de 2004 à 2010, NDLR), Alary (Damien Alary, président du Conseil général de 2001 à 2014, NDLR) et Max Roustan, pour faire un tiers, un tiers, un tiers. Ça nous avait permis de mener les études et de rendre l'Agglo maître d'ouvrage. Mais en 15 ans, depuis cet accord, de l'eau a coulé sous les ponts, et pas que des loutres ! Les prix et les normes ont évolué. Que les gens se rassurent, on va faire une route à deux fois une voie, limitée à 50km/h en ville, avec des murs anti-bruit. Il faut qu'on comprenne qu'on a encore besoin des bagnoles.

"Ça nous a valu une discussion musclée avec le président de la CCI."

Christophe Rivenq, au sujet de la vente de l'aérodrome de Deaux

Le projet d'antenne universitaire à Alès en partenariat avec l'université de Nîmes est-il toujours dans les tuyaux ?

On a écrit à l'État dans le cadre du PIA4 (Programme d'investissements d'avenir, NDLR) pour tenter d'être labellisé. L'un de mes rêves, c'est d'avoir une antenne universitaire sur Alès, en réfléchissant avec Nîmes comment en Droit et en Sciences on pourrait avoir assez rapidement à Alès des locaux pour organiser des cours. Avec la dématérialisation, on peut même envisager des cours retransmis depuis Nîmes dans un amphi, ou le contraire. L'enseignement supérieur, c'est à peu près la seule chose qui manque à ce territoire. Il y a bien sûr l'IMT Mines Alès, mais très peu de Gardois et d'Alésiens y accèdent. Je crois beaucoup aux Sciences, elles mènent à tout. Actuellement, avec Assia Tria, on travaille sur le développement de l'enseignement supérieur. J'aimerais qu'on se positionne pour la création d'une université technologique sur Alès. Il y a un plan France 2030 lancé par le président de la République qui ouvre un certain nombre de perspectives.

Il y a quelques mois, dans un contexte d'austérité économique, la Chambre de commerce et d'industrie du Gard, propriétaire de l'aérodrome de Deaux, annonçait son intention de se séparer de cet outil. Quatre candidats se sont présentés lors de l'appel à projets. Où en est-on aujourd'hui ?

C'est un sujet sensible, qui nous a valu une discussion musclée avec le président de la CCI. Je lui ai d'abord dit mon total désaccord, et celui de l'ensemble des élus concernés, pour la fermeture de cette plateforme aéroportuaire. Elle a, à mon sens, pour vocation à moyen terme de recevoir des vols de courtes distances pour aller à Barcelone, Marseille, Toulouse, etc. Il y a un vrai développement du transport aérien propre à envisager dans les dix prochaines années. La piste de Deaux est l'une des plus belles pistes. Parmi les quatre offres présentées, il y a un projet d'un Avignonnais qui nous convient plus que les autres. Il a la volonté d'investir beaucoup d'argent pour cet aérodrome. On soutient cette offre portée par des gens sérieux qui sont dans la construction d'avions. Le président de la CCI a les cartes en main. Il y a un aéroclub. Je rappelle aussi qu'il sert de base de repli. Il y a trois ans, un Rafale en perdition s'y est posé en catastrophe, sinon il se serait crashé. Quand il y a eu la tuerie des Plantiers, les hélicoptères du GIGN l'ont utilisé. Il nous faut un aérodrome d'affaires et de développement économique. Ce n'est pas discutable ! 

"J'ai bon espoir qu'Olivier Véran, ancien ministre de la Santé, vienne ouvrir ce séminaire. "

Christophe Rivenq

Un projet de pôle thermal équin est vivement espéré du côté d'Euzet-les-Bains (relire ici). Des pompages ont eu lieu en fin d'année dernière. Les eaux sont-elles toujours aussi prodigieuses ?

Elles sont extraordinaires ! (sourire) Les études montrent que l'eau est de très bonne qualité. On avance, on avance. C'est un vrai beau projet, il y a un très gros marché. On doit concrétiser un partenariat avec le Haras national d'Uzès. C'est un projet plutôt dédié aux chevaux d'endurance, mais pas que. On y croit beaucoup.

Vous espérez lancer les États généraux de la santé cette année. À quoi doit-on s'attendre ?

C'était une de mes propositions à l'Agglo. Ça aurait dû avoir lieu en 2020, on les a logiquement reportés en raison du Covid. J'avais dit qu'on les relancerait dès que la situation sanitaire se détendrait, ce qui semble être le cas. C'est programmé. Les premières rencontres auront lieu le 12 juin prochain. On réunira les professionnels de santé, les administrations de la santé et les élus. J'estime qu'on connaît les attentes de nos populations. Ce qui m'importe, c'est d'essayer de bâtir le modèle idéal de ce qu'on souhaite pour avoir un territoire où l'organisation de la santé n'est plus un problème majeur. Il faut qu'on s'organise collectivement pour permettre aux médecins de faire de la médecine et pas de l'administratif. Créer des partenariats, que personne ne soit dans son coin. Réunir tout le monde autour de la table, l'hôpital, comme la médecine en ville. On annoncera le rendu en octobre. On aura un état des lieux du territoire. J'ai bon espoir qu'Olivier Véran, ancien ministre de la Santé, vienne ouvrir ce séminaire. 

* Cette interview a été réalisée le vendredi 3 mars.

Propos recueillis par Corentin Migoule

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