FAIT DU JOUR Le transport ferroviaire relancé à Beaucaire : dans le passé, les clés de la modernité
Après deux ans de travaux de réfection, l'installation terminale embranchée desservant la zone industrielle Domitia à Beaucaire, est réactivée. Ce qui permet à la coopérative d'Arterris, installée dans ce parc d'activités depuis 1980, d'acheminer, à nouveau, ses céréales par le train et ainsi de réduire son empreinte carbone.
"Nous vivons un jour très particulier en France avec la dizième journée de mobilisation contre la réforme des retraites et sur la Terre d'Argence qui voit revenir le train sur la zone industrielle Domitia." Gilles Dumas, maire de Fourques et vice-président de la Communauté de communes Beaucaire Terre d'Argence (CCBTA) n'a pas son pareil pour entamer ses discours. Il l'a encore démontré ce mardi 28 mars.
Une façon comme une autre de signifier l'importance de la relance de l'installation terminale embranchée, après deux ans de travaux de réfection, pour de nouveau desservir le parc d'activités longeant le Rhône à Beaucaire. Un dossier suivi de près par ce petit-fils de cheffe de gare et président de l'association des embranchés ferroviaires, "aux côtés de Robert Camaione - adjoint au maire de Beaucaire, NDLR -", a-t-il cité.
360 000€ HT investis
Après deux années de chantier, ce sont un peu plus de 3 kilomètres de voies ferrées qui ont été réhabilitées pour permettre aux entreprises du parc d'activités de raccrocher les wagons de la transition écologique. Un projet d'une valeur de 360 000 € HT porté par la Compagnie Nationale du Rhône (125 000 €) et la CCBTA (54 000 €), soutenues par la région Occitanie et l'État dans le cadre du plan Relance à hauteur de 90 000 € chacun. Le groupe Arterris a également mis la main à la poche, pour traiter les voies situées à l'intérieur de son site beaucoirois, propriété de la CNR, et remettre en état sa propre locomotive pour laquelle une enveloppe de 25 000€ a été consacrée.
Autrefois utilisées, ces voies aménagées en même temps que le parc d'activités, ont été délaissées, "le train perdant en compétitivité face aux camions", explique le directeur général du groupe Arterris, Christian Reclus. Une tendance qui tend à s'inverser compte tenu des perspectives gouvernementales en termes de neutralité carbone et du contexte politique international qui entraîne des hausses du coût de l'énergie, notamment le prix du carburant. "Malgré ces années d'arrêt du train, nous avons continué à payer les droits d'accès au réseau SNCF, à maintenir et entretenir les installations, persuadés que les rails seraient réactivés. Et nous avons eu raison, c'est ce que nous faisons, grâce à nos partenaires (les financeurs cités plus haut, NDLR)", se satisfait Christian Reclus.
Ainsi, depuis le 31 janvier, le site beaucairois de la coopérative Arterris dont le siège est basé à Castelnaudary dans l'Aude, est de nouveau connecté par les rails à son client principal, Panzani dont l'usine est située à Marseille, dans les Bouches-du-Rhône. Une vingtaine de trains circulera dans l'année pour acheminer environ "30 000 tonnes de blé dur" vers le site marseillais du géant de l'agroalimentaire. En sachant qu'un train peut accueillir jusqu’à 1 500 tonnes de blé dur, il faudrait 50 camions pour transporter le même volume.
"Une production durable de bout en bout"
"Nous avons déjà des trains en fonction dans le sud-ouest mais plus dans le sud-est, de la Camargue à Marseille. Et pourtant, pour nous, qui avons lancé le programme Blé responsable français, c'est un volet important. Notre ambition vise à une production durable de bout en bout", indique Charles Neron-Bancel, directeur adjoint achat blé dur chez Panzani. Le site beaucairois dont la capacité de stockage est de 75 000 tonnes de grains répartis entre trois silos, a d'ailleurs adapté ses pratiques de conservation des grain pour ne plus utiliser d’insecticides de stockage. Des grains proviennent de champs ou de silos agricoles situés dans un périmètre d’une centaine de kilomètres autour de Beaucaire. Un tri minutieux des marchandises permet d’assembler les lots en fonction de leur qualité afin de livrer des blés durs qui répondent au mieux aux besoins de Panzani.
De nouveau privilégié pour des raisons écologiques donc, le train apporte aussi "un confort de travail supplémentaire : il faut un jour et demi pour charger un train, il faudrait deux à trois fois plus de temps pour expédier la même quantité de marchandise en camion", explique Stephan Vigne, responsable du site de Beaucaire. Si Arterris est la première société à réutiliser les voies ferrées sur la zone de Beaucaire, d'autres entreprises devraient suivre prochainement.
Un projet est en cours sur un terrain voisin, également propriété de la CNR, avec l'arrivée d'une nouvelle entreprise de logistique et de stockage. Pour permettre aux entreprises qui ne bénéficient pas d'embranchement ferroviaire de pouvoir se lancer dans le train, la CCBTA envisage la création un point de chargement de marchandises.