Un monstre en péril. Niché dans une chicane de la RD 986, qui monte à l'Aigoual, le Domaine de Cluny ne reçoit plus personne. Triste pour un lieu de villégiature par excellence, qui a été village vacances avant de devenir hôtel-restaurant. Et doté d'une belle terrasse enherbée qui mène vers une petite cascade de l'Hérault, terrasse elle-même surplombée par une piscine d'une quinzaine de mètres de long. 

Invisible de l'extérieur, une salle de gym et un sauna équipent également l'hôtel. Bref, le mas de Cluny offrait des prestations rêvées pour un séjour de vacances, au pied de l'Aigoual. "Le lieu est fermé depuis un an et demi, confirme le maire, Christophe Boisson. On cherche déjà un repreneur pour la restauration. Les chambres, en revanche, sont à remettre aux normes."

Voire même, de façon plus basique, à remettre en état, tout simplement. Car les gérants précédents s'étaient mis en tête de tout démonter pour rénover, mais ils se sont arrêtés au démontage... Et ont laissé la trentaine de chambres des deux étages en l'état, sans portes, avec des salles de bains défoncées, des meubles disparus, des radiateurs en fonte systématiquement démontés et des travaux d'isolation où tout reste à faire. "C'était géré en location", déplore Christophe Boisson. Quand la commune a voulu se tourner vers les gérants pour qu'ils prennent la remise en état à leur charge, ceux-ci ont été déclarés non-solvables.

"On en a marre de voir le mas fermé"

Christophe Boisson, maire de Saint-André-de-Majencoules

"On en a marre de voir le mas fermé", poursuit le maire, qui souligne qu'il n'existe plus vraiment de restaurant aux alentours, sauf à aller jusqu'au Vigan. Et si des repreneurs potentiels se sont déclarés, ce n'était que pour reprendre la partie restaurant. La commune ne va pas, et penche plutôt pour une vente de l'ensemble. Avec un bémol important, le prix : "Le mas est estimé entre 820 000 et 890 000 €, avance Christophe Boisson. Mais il y aurait aussi un million d'euros de réparations à l'intérieur".

Origine Cévennes envisagerait d'y installer sa boutique et un restaurant-paysan

Ce lundi, c'est la coopérative Origine Cévennes qui a visité le bâtiment, en compagnie de la Safer. Car les producteurs d'oignons doux (et de pommes et de châtaignes) sont désormais à l'étroit dans leur hangar du bord de départementale. "On regarde depuis le mois d'octobre, reconnaît Thomas Vidal, directeur d'Origine Cévennes. Mais c'est un peu compliqué d'avancer sur le projet parce qu'on n'a pas encore l'estimation exacte." Thomas Vidal confirme que la coopérative souhaiterait y implanter la boutique au mas de Cluny, et créer "un restaurant-paysan. On a les idées, mais aujourd'hui c'est un peu compliqué, même si on pense que notre projet a du sens. Mais on ne fera pas hôtel, ça c'est sûr." 

La coopérative y gagnerait indéniablement en confort de travail. "On est à l'étroit actuellement, poursuit le directeur de l'Origine Cévennes. On arrive au maximum du chiffre d'affaires que l'on peut faire dans aussi peu d'espace... On a un problème de parking, aussi. D'août à novembre, producteurs et clients se gênent sur le même espace." Pour autant, et bien que le domaine de Cluny présente l'avantage de l'espace, de la proximité et de disposer d'une partie du matériel de cuisine disponible, Thomas Vidal tempère : "En fait, on a plusieurs projets en tête, celui-ci en fait partie." Et tous les projets d'investissement ne sont pas sur la zone de production. La proximité d'une grosse ville, comme Montpellier, donnait déjà des idées à la coopérative, il n'y a pas si longtemps...