FAIT DU SOIR La 29e foire de la pomme et de l'oignon doux ne manquera pas de matière première
Après une année 2022 de crise, la récolte de l'oignon doux des Cévennes 2023 a de quoi satisfaire les producteurs. C'est en abondance - et à un prix AOP défiant toute concurrence - que la foire de la pomme et de l'oignon doux proposera ses amaryllidacées, dimanche 22 octobre au Vigan. La fin de production de la Reinette du Vigan a, elle, été plus compliquée.
C'est une règle en agriculture : aucune année ne ressemble à la précédente. Après une année 2022 où les producteurs ont dû jongler entre cicadelle et restrictions d'eau, et perdu une bonne partie de la production d'appellation d'origine, tombée à 1 500 tonnes, la récolte 2023 atteindra 2 300 tonnes pour la coopérative Origine Cévennes de Val d'Aigoual. De quoi faire regretter d'avoir exclu environ dix hectares de la production, cette année, en raison des craintes sur la ressource en eau. Mais, au final, celle-ci sera tombée au bon moment sur les terrasses des vallées de l'Hérault, de l'Arboux et du haut de la vallée Borgne. Et, sans avoir à lutter contre les parasites, l'année s'est déroulée sans encombres.
De quoi fournir - à 11 € les cinq kilos - la foule qui se rend chaque année à la foire viganaise, jour où la sous-préfecture reçoit le plus d'affluence. Ainsi, en 2009, 30 000 personnes avaient arpenté les quais et garni les terrasses des restaurants pour célébrer les deux produits phares de l'agriculture du bas de l'Aigoual. "C'est une année un peu exceptionnelle aussi parce que ce sont les vingt ans de l'Appellation d'origine contrôlée", explique Gaël Martin, président de l'appellation et producteur dans la vallée de Taleyrac, AOC à laquelle a succédé l'AOP en 2008.
"La foire, c'est un jour important pour Le Vigan", embraye Philippe Boisson, président de la coopérative Origine Cévennes, en remerciant notamment les commerçants de rester ouverts ce jour-là. "C'est le jour où Le Vigan reçoit le plus de populations, confirme Régis Bayle, président du Pays viganais. Et, dans une époque où on est parfois confrontés à de l'agri-bashing, c'est important. Le réchauffement, les agriculteurs n'y sont pour rien. En revanche, si on n'avait pas d'agriculteurs et d'éleveurs, on aurait un surplus d'embroussaillement et beaucoup plus de feux de forêt."
"Il faut sauver ces 40 ou 50 hectares de production d'oignons doux"
Philippe Boisson, président de la coopérative Origine Cévennes
Les métiers de l'agriculture locale seront donc à l'honneur, le week-end des 21 et 22 octobre selon une formule qui a fait ses preuves : le samedi, randonnée gourmande, visite d'un élevage ovin (en l'occurrence celui de Gaël Martin), balade ornithologique, visites d'une miellerie, de la coopérative Origine Cévennes, ou d'une distillerie artisanale de plantes aromatiques. Le dimanche, la foule ira vers le centre-ville, en passant par le drive de la vente. Les élèves dû lycée professionnel hôtelier Marie-Curie de Saint-Jean-du-Gard seront présents pour des démonstrations et des dégustations. La musique garnira les rues, des jeux en bois géants en plus grand nombre devraient amuser les plus jeunes, ainsi qu'une mini-ferme et un manège artisanal. Enfin, Régis Bayle a annoncé la venue de Carole Delga. Et la présidente de la région Occitanie entendra sans doute parler d'eau, qu'il pleuve ou qu'il fasse beau.
"Il faut sauver ces 40 ou 50 hectares de production", poursuit Philippe Boisson. "D'autant que 25 % de l'eau que l'on utilise est déjà stockée", abonde Gaël Martin. Car la demande actuelle, qui a déjà donné lieu à réunion entre les producteurs et la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) du Gard, concerne la création de retenues d'eau en plus grand nombre dans les vallées, de façon à conserver une eau de pluie qui tombe - normalement - en abondance, sur des périodes très courtes. "On parle de retenues - et pas de bassines - qui ne dépassent pas les 5 000 m3, argumente Philippe Boisson. Pour que les terres restent en culture, il faut un accès à l'eau." Un accès essentiel également pour la Reinette du Vigan, dont la production est en chute, notamment depuis la crue de septembre 2020 qui a ravagé la vallée de l'Arboux. Philippe Boisson confie également que la Reinette, à peau fine, souffre particulièrement du réchauffement climatique. La coopérative remplace d'ailleurs, petit à petit, les vergers par d'autres variétés.
En plus de l'autorisation d'État, les producteurs réclament une aide financière pour la mise en place d'un réseau de retenues d'eau. Or, la seule collectivité susceptible de financer un tel investissement est bien la région Occitanie. Régis Bayle a tenu à ce que les producteurs soient, lors du repas de midi, en bout de table, à proximité de Carole Delga. Eux espèrent que la présidente de Région viendra avec des annonces. Ceci afin que le repas garde l'ambiance de fête qui entourera la discussion...