FLEUVE HÉRAULT Le projet de golf du domaine de Lavagnac suspendu par le préfet de l'Hérault
Les arguments du représentant local des promoteurs en matière d'amélioration de la gestion de la ressource en eau n'auront pas suffi : le projet du domaine de Lavagnac, à Montagnac dans l'Hérault, doit revoir sa copie. Avant les nouvelles propositions insuffisantes du promoteur, le domaine prévoyait de pomper annuellement 337 000 m3 d'eau dans la nappe de l'Hérault. Les trois élus gardois de la Commission locale de l'eau y étaient opposés (*), tout comme la majorité de leurs collègues élus représentés à la commission.
Si le domaine de Lavagnac se trouve au dos de l'étang de Thau, son projet de 400 villas haut de gamme, autour d'un golf "Nicklaus design", concernait la ressource en eau qui provient du Gard, puisque l'Hérault prend sa source sur l'Aigoual et que l'Arre et la Vis sont ses deux principaux affluents (relire ici). Le 16 février, la commission locale de l'eau de l'Hérault adoptait une motion pour dire toute son opposition à ce projet, alors que certains quartiers de communes comme Pézenas ne peuvent être construits, faute de ressource en eau suffisante, et que, dans le Gard, l'Hérault amont est en vigilance renforcée et pourrait bien passer en crise le 24 mai.
Par arêté préfectoral du 13 mars, sentant l'embarras pointer, le préfet de l'Hérault, Hugues Moutouh, avait demandé aux promoteurs du domaine de revoir leur copie concernant l'utilisation de la ressource. Sur pièces, il a considéré que "les modifications envisagées sur le projet de golf, portées à la connaissance des services de l’État le 30 avril dernier, n'apportent pas de solution tangible sur la question centrale de l'alimentation en eau". Selon la préfecture, les changements portaient sur le nombre de logements, le procédé de traitement de la station d'épuration ou le mode d'approvisionnement en eau.
"À l'heure où le réchauffement climatique conduit à des périodes de sécheresse durable et où la ressource en eau doit être préservée, tout projet de conception ancienne mérite d'être réinterrogé à l’aune des enjeux auxquels nous sommes confrontés", écrit encore la préfecture de l'Hérault pour justifier la remise en cause.
Le projet n'est donc toujours pas rangé dans les cartons. Mais s'il passe par une baisse du nombre de villas construites ou une réduction drastique de la taille du golf, sa rentabilité économique en est altérée.
(*) Éric Poujade (élu viganais) et Emmanuel Grieu (maire de Mandagout), au nom du Pays viganais, et Lucas Faidherbe (maire de Saint-Julien-de-la-Nef), pour les Cévennes gangeoises et suménoises.