GARD Reçus par le préfet, les agriculteurs sont à bout
Lors d’un entretien de près de deux heures, ce lundi, les agriculteurs ont exposé leurs difficultés, entre mauvaise récolte des vendanges et virus de la langue bleue… Le malaise va grandissant dans la profession.
Un malaise profond qui dure. Un malaise qui pourrait même « tourner au drame » pour certains selon David Sève, président de la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles). « On ne sait plus où l’on va ! », poursuit Romain Angelras, président des Jeunes agriculteurs. Il y a quelques jours, la Chambre d’agriculture présidée par Magali Saumade avait exposé les difficultés.
Cette année, les viticulteurs accusent une baisse de rendement de 40 %. « En année normale, c’est plus de 3 millions d’hectolitres. Là, nous en aurons 2,4 millions, souligne Jean-Louis Portal, secrétaire général de la Chambre, il nous reste des stocks de 2023, mais l’équilibre du marché va être difficile à trouver. » Côté élevage, une crise sanitaire arrivant d’Espagne touche les ovins et bovins avec 2 000 cas de foyers en Occitanie : la FCO (Fièvre catarrhale ovine), plus couramment appelée langue bleue. « Très peu de vaccins ont été faits en 2023… Dans les Pyrénées-Orientales, ils perdent jusqu’à 30 % de leur cheptel », relevait Fanny Tamisier, secrétaire adjointe spécialisée sur les questions de l'élevage.
Afin de répondre en partie à cette crise viticole, l’Union européenne a autorisé les primes à l’arrachage. Pour la France, cela correspond à 120 M€ soit 4 000 € l’hectare. « Vous savez, une fois que l’on enlève le coût de l’arrachage, il ne reste pas beaucoup d’argent », réagissent les représentants syndicaux qui attendent encore de connaître les critères de cette enveloppe déjà jugée insuffisante. Quant à la fièvre catarrhale, « les mesures concernent ceux qui ont la maladie entre le 1ᵉʳ juillet et le 31 août. Chez nous, elle est arrivée plus tard ».
Création d’une commission
Lors de l’entretien avec la préfecture, le représentant de l’État a annoncé la création d‘une commission rassemblant les syndicats, la MSA, les banques pour traiter des cas les plus difficiles. Pour David Sève, l’une des réponses se trouve dans le rétablissement du fonds de calamité agricole remplacé en 2021 par l’indemnité de solidarité nationale : « Ce fonds fait que l’on est quasiment plus assuré. Pour reprendre une tournure du sénateur Denis Bouad qui m’avait plu : tu peux assurer une maison et tu n’auras jamais aucun incendie. Les agriculteurs, eux, n’échappent pas aux aléas climatiques. »