NUCLÉAIRE L'EPR2 n'ira pas à Tricastin : déception dans le monde économique et politique gardois
La décision a été tranchée ce mercredi en Conseil de politique nucléaire : la troisième paire de nouveaux réacteurs de type EPR2 ira à Bugey (Ain) et pas à Tricastin (Drôme). Les deux sites étaient en balance depuis plusieurs mois.
Si le site de Tricastin est dans la Drôme, il est limitrophe avec trois autres départements : l'Ardèche, le Vaucluse et le Gard. Alors forcément, l'implantation de cette paire d'EPR2 était vraiment espérée par les acteurs des différents bassins économiques environnants. Elle était synonyme de milliers d'emplois directs et indirects ainsi que de retombées économiques importantes pour tout le territoire. Mais cette perspective vient d'être douchée par l'annonce de l'Élysée, ce mercredi.
Dans un communiqué, il est indiqué : "Le Conseil de politique nucléaire a décidé de retenir, avec l’appui des élus du territoire, le site de Bugey pour l’implantation de la troisième paire de réacteurs EPR2, après Penly et Gravelines. La localisation de la première phase du programme de construction d’EPR2 est ainsi désormais arrêtée. Les études techniques et les analyses se poursuivront sur le site de Tricastin dans la perspective d’accueillir de futurs réacteurs nucléaires."
"On aimerait connaître les raisons qui ont fait pencher la balance"
Forcément, dans le Gard rhodanien, le sentiment prédominant, c'est la déception. "On ne peut qu'être déçus. On aimerait connaître les raisons qui ont fait pencher la balance. Peut-être ce sont des risques ? À quel degré ça a joué ?", interroge Vincent Champetier, président du Collectif (association qui fédère différents groupements d'entreprises et associations de commerçants du Gard rhodanien). Même son de cloche de la part de Jean-Christian Rey, président de l'Agglomération du Gard rhodanien, qui a "besoin d'éléments objectifs pour comprendre pourquoi."
Les mondes économique et politique du Gard rhodanien et des différents territoires s'étaient grandement mobilisés pour que la paire d'EPR2 soit fléchée sur le site de Tricastin. Le Collectif a mené des actions fédératrices et a beaucoup communiqué en ce sens. En avril dernier, 150 personnes, notamment des chefs d’entreprises, des politiques et des salariés du nucléaire, s'étaient réunis à Tricastin pour affirmer leur soutien à ce projet.
Une mobilisation saluée par Vincent Champetier qui retient du positif malgré la désillusion : "Ce projet a mis en lumière le fait qu'on soit tous liés. (...) Les chefs d'entreprise mais aussi les hommes et femmes politiques de trois régions différentes qui se sont engagés ensemble. Il faut qu'on s'en serve pour écrire le futur. Cette mobilisation et cette cohésion ont soudé quelque chose."
"On va se battre sur la suite"
Julien Féja, vice-président du Collectif, lui aussi est déçu "pour le territoire" et attend également les raisons "si elles sont techniques, liées à la sûreté, politiques ou stratégiques". Il avait piloté tout un groupe de travail avec des chefs d'entreprise du territoire pour oeuvrer à l'implantation de l'EPR2 à Tricastin, pour expliquer la motivation du territoire.
Ce dernier atteste : "On va questionner EDF et les politiques bien sûr. Mais aussi se battre sur la suite. On est fixé sur les 3 premières paires d'EPR2 mais on espère que Tricastin aura une 4e paire. Et surtout que ce soit rapide. C'est ça l'enjeu. On espère que si c'est confirmé, cela ne se fasse pas 15 ou 20 ans après." Logiquement, l'investissement devrait être rapide si l'on se fie au scénario de référence de RTE, qui table sur une augmentation de 35% d'ici 2050 de la demande d'électricité par rapport à aujourd'hui. Et dans le communiqué de l'Élysée, il est bien précisé que "les études techniques et les analyses se poursuivront" pour une éventuelle implantation à Tricastin dans le futur. Sans pour autant avancer une quelconque échéance.
Au-delà des réacteurs nouvelle génération, Julien Féja compte sur des projets plus locaux pour redonner un élan au territoire : "On sait que le terrain d'ASTRID à Marcoule n'est toujours pas utilisé pour un projet", glisse-t-il.
La section PCF du Gard rhodanien réagit aussi
La section Parti communiste français (PCF) du Gard rhodanien à travers la voix de son secrétaire, Elian Cellier, a aussi réagi à l'annonce : "C'est à regret que nous apprenons que le choix pour l'implantation du futur EPR est celui du Bugey plutôt que Tricastin. Après l'abandon du projet ASTRID à Marcoule et le renoncement à d'autres projets sur notre territoire, c'est donc regrettable pour notre bassin. Plus que jamais, il faut donc remettre le dossier ASTRID sur la table, un projet qui ne doit pas être repoussé aux calendes grecques. L'avenir industriel de notre territoire ne doit pas être sacrifié."