Publié il y a 7 mois - Mise à jour le 17.04.2024 - François Desmeures - 3 min  - vu 485 fois

VALLÉE DE L'HÉRAULT Oignons doux : une étude en passe d'être lancée pour trois retenues d'eau collectives

Le bassin de Gaël Martin à Taleyrac, en août 2023, rempli par la pluie qui tombe sur le toit de sa bergerie

- François Desmeures

Ce mardi, représentants de l'oignon doux des Cévennes et directeur départemental des territoires et de la mer (DDTM) avaient rendez-vous pour évoquer d'éventuelles retenues d'eau en vue de sécuriser la production des 50 hectares d'oignons doux. Sur le principe, l'État ne fait pas barrage et une étude va être lancée pour trois retenues collectives. En pratique, les retenues individuelles seront indispensables et les financements sont à l'état d'ébauche.  La bonne pluviométrie de l'année permet un temps de réflexion supérieur. 

Philippe Boisson lors de la manifestation pour demander le droit d'arroser, le 25 août 2022, au Vigan • François Desmeures

Quatre heures n'auront pas été inutiles. "La réunion ne s'est pas mal passée, on peut même parler de quelques avancées, résume Philippe Boisson, président de la coopérative d'oignons doux (pommes et châtaignes), Origine Cévennes. Un cabinet va nous suivre, qui sera chargé de fournir un devis comprenant les meilleures solutions environnementales et d'éventuels emplacements." Le but étant d'envisager des retenues d'eau collectives, qui couvrent entre 20 et 25 exploitations d'oignons doux. 

Trois retenues sont, à ce stade, envisagées. Deux dans la vallée de Taleyrac, et une autre du côté de Valleraugue. "Puis, des solutions de retenues individuelles pour les exploitations plus à l'écart, poursuit Philippe Boisson. La DDTM (direction départementale des territoires et de la mer, NDLR) est prête à trouver des solutions."

Depuis l'automne, les précipitations sont venues valider le discours des producteurs. "La pluviométrie est importante cette année, après deux ans très secs, constater Philippe Boisson. D'ailleurs, les projections disent que, du point de vue de la pluviométrie, on devrait rester sur les mêmes volumes malgré le changement climatique." La périodicité devrait être chamboulée, ainsi que les temps de sécheresse s'allonger. Avec un même volume d'eau tombant du ciel, ces données vont dans le sens des désirs des exploitants qui, sans vouloir pomper dans la nappe, espèrent capter, en période d'intempéries, "quelques eaux de ruissellement"

François Desmeures

D'autant, rappelle Philippe Boisson, que les volumes nécessaires sont bien loin des problèmes d'irrigation soulevés par l'arrosage des champs de maïs... "On n'a qu'un peu plus de 50 hectares d'oignons, et la filière est rémunératrice, souligne le président d'Origine Cévennes. Elle fait vivre entre 50 et 60 personnes et la plus grosse des exploitations fait à peine plus de deux hectares. Moi, j'ai 48 ans mais la moyenne d'âge des exploitants est de 30-35 ans. On a, sur place, la vente, les clients, les techniciens... Et puis, le terrassement, c'est un patrimoine, c'est l'image d'un terroir. Ils ont beau nous dire qu'il faut changer de culture, on ne va mettre que des pois chiches ?", interroge ironiquement le président de la coopérative. 

"25% de l'eau dont on a besoin est déjà stockée"

Philippe Boisson, président de la coopérative Origine Cévennes

"25% de l'eau dont on a besoin est déjà stockée, continue d'argumenter Philippe Boisson. Et si nous, on n'a pas de ruissellement, on ne sait pas qui en a en France...", sourit Philippe Boisson en notant qu'un épisode de quelques heures, chez nous, comme les 100 mm de pluie au cm2 tombées fin mars, représente le volume d'eau qui a inondé et paralyse totalement Dubaï depuis mardi. Mais si l'eau ne manquerait pas, ce sont les financements d'éventuels travaux de retenues qui posent question. Par la voix de sa présidente, la Région a laissé entendre qu'elle pourrait aider financièrement. Mais il manquerait tout de même le gros du financement. 

La présidente de la région Occitanie, Carole Delga, à côté du président d'Origine Cévennes, Philippe Boisson, du directeur de la coopérative, Thomas Vidal, et du président de l'appellation Oignons doux des Cévennes, Gaël Martin, lors de la Foire de la pomme et de l'oignon doux du Vigan • François Desmeures

Ce jeudi, c'est au tour du sénateur Laurent Burgoa de rendre visite à la coopérative. Le soutien du sénateur LR aux exploitants ne fait guère de doutes sur ce dossier. "Nous voulons aussi faire comprendre, poursuit Philippe Boisson, en pensant au sénateur et à la DDTM, que les positionnements envisagées pour les bassins sont aussi stratégiques dans le cadre de la lutte contre les incendies. Et qu'un hélicoptère qui viendrait prélever rapidement 2 ou 3 mètres cubes, ça peut changer complètement le début d'incendie." En intéressant divers acteurs, un bassin pourrait alors recevoir plusieurs sources de financement....

En parallèle à ces projets, essentiels pour la production elle-même, Origine Cévennes continue de développer son activité. En gardant un oeil sur la vente du mas de Cluny (relire ici), mais aussi en améliorant son bâtiment existant. "On va poser des panneaux photovoltaïques sur la coopérative pour revendre de l'électricité à des périodes de moindre activité et que celle-ci amortisse la facture quand on utilise les frigos pour les oignons ou les pommes." La coopérative souhaite disposer de la production électrique au cours du mois d'août. Et, alors que le repiquage des oignons va bientôt démarrer, la profession cherche toujours de la main d'oeuvre saisonnière. Pour le repiquage, puis pour la récolte, au mois d'août. 

François Desmeures

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