Publié il y a 1 an - Mise à jour le 13.02.2023 - François Desmeures - 3 min  - vu 953 fois

ALÈS Menacée d'une nouvelle suppression de poste, l'école des Prés Saint-Jean se mobilise

L'école des Prés Saint-Jean, agrébale et bien située, au dos des barres du quartier

- (photo François Desmeures)

Les parents ont décidé ce midi, en urgence, un blocage de l'école pour ce mardi matin, alors qu'une menace plane sur un poste pour la troisième fois en un an. Côté mairie, on souligne une réelle baisse démographique, ce que reconnaissent les enseignants, qui demandent cependant un répit et des solutions pour enrayer l'érosion.

Le directeur de l'école élémentaire, Thierry Olivier, a informé les parents sur le risque de voir une classe de CP/CE1 disparaître • (photo François Desmeures)

"Ce n'est pas bien pour les enfants, alors qu'ici le directeur est excellent, que les professeurs sont accueillants et qu'il n'y a pas de problème." Devant les grilles de l'école des Prés Saint-Jean, ce lundi à 11h25, Ismahen attend ses enfants en classe de CE2 et CP. "Je ne sais pas pourquoi, ça fait la troisième annonce de fermeture, poursuit cette mère. On a l'impression que c'est l'école qui va doucement vers la fermeture." 

"L'inspectrice a effectivement proposé au Dasen (directeur académique des services de l'Éducation nationale, NDLR) de fermer une classe", vient confirmer le directeur de l'établissement, Thierry Olivier, dans une réunion informelle devant les grilles, à la pause de la mi-journée. Une préconisation qui attend une éventuelle confirmation ce mardi, lors du conseil départemental de l'Éducation nationale (CDEN). "Il s'agit de savoir ce qu'on peut faire pour lutter contre cette décision", poursuit le directeur, qui insiste sur le poids que peuvent représenter les parents sur une décision pareille. 

"Il y a moins d'enfants par famille qu'auparavant"

Christian Chambon, adjoint au maire d'Alès délégué aux affaires scolaires

Si enseignants et directeur ne contestent pas la baisse des effectifs, c'est la répétition qui est désespérante. Et le fait que la fermeture annoncée d'une classe de CP/CE1 (*) signifie que les effectifs de classes dédoublés passeront forcément au-dessus des douze élèves. Fin janvier, l'école avait pourtant communiqué l'inscription certaine de six nouveaux élèves pour la rentrée prochaine, portant les projections à 22 élèves en CP et 20 dans l'antichambre, en grande section.

Mais cela n'a pas suffi. "Il y a une baisse indéniable du nombre d'habitants, explique l'adjoint au maire délégué aux Affaires scolaires, Christian Chambon, qui a écrit au Dasen pour qu'il sursoie à cette fermeture. C'est une évolution sociétale. Sur le Gard, il y a six cents élèves de moins. Et aux Prés Saint-Jean, il y a moins d'enfants par famille qu'auparavant." Une évolution de fond qui vient s'ajouter, selon l'élu, à la perte démographique due à la destruction de barres d'immeuble ou à l'interdiction de louer les rez-de-chaussée du quartier pour cause d'inondabilité. 

"On fait des demandes pour reporter la fermeture", poursuit Christian Chambon, mais cette baisse de population a pour conséquence, selon l'élu, "que la maternelle n'alimente pas assez l'école élémentaire". Les enseignants ont bien proposé des solutions, comme l'élargissement de la carte scolaire pour l'école, dont la zone de chalandise ne prend en compte que le quartier prioritaire. Un élargissement qui, comme le nom (lire encadré), permettrait de détacher l'image de l'école de celle du quartier. "On assiste aussi à un basculement de la population sur l'ouest de la ville", plaide Christian Chambon.

Ce qui n'empêche pas qu'une classe doive fermer à l'école Claire-Lacombe. "Il ne faut pas non plus oublier que le dédoublement a maintenu artificiellement le nombre de classes", poursuit l'adjoint. Mais peut-être a-t-il aussi permis de maintenir des enfants dans cette école alors que, comme Christian Chambon en fait le constat, "les établissements qui ont le plus d'élèves appartiennent au secteur privé", comme l'élémentaire Taisson-Notre Dame, située à deux pas de là. 

* Cette année, l'école compte 22 élèves de CP et 32 de CE1. 

Oui à Joséphine Baker, sans doute non à Germaine Tillion

Parmi les "stratégies" qu'envisagent les enseignants et la mairie pour améliorer l'image de l'école, la maternelle et l'élémentaire devraient changer de nom pour que cesse cette fusion entre école et quartier. "C'est toujours dans les tuyaux, pour une inauguration au printemps", confirme l'adjoint Christian Chambon. Reste, néanmoins, un détail de taille à régler : l'école maternelle a proposé Joséphine Baker comme nom, option qui aurait les faveurs de la municipalité. Pour l'élémentaire, le débat reste ouvert : l'équipe pédagogique souhaiterait voir le nom de l'ethnologue et résistance - au sein du groupe du musée de l'Homme - Germaine Tillion. "Je ne pense pas qu'elle trouve d'écho dans la population, je pense qu'un nom local serait plus opportun", balaie Christian Chambon, qui pencherait plutôt pour Jean Carrière, alors que vient d'être fêté les 50 ans de l'obtention du prix Goncourt pour L'Épervier de Maheux. C'est Max Roustan qui décidera in fine, alors que l'école élémentaire attendait de lancer un projet de classe pour raconter la vie de Germaine Tillion. Quant à savoir si Jean Carrière est un nom qui parle plus aux oreilles des habitants des Prés Saint-Jean, Christian Chambon se veut rassurant. "À charge, à nous, de le faire connaître !" Un argument aussi valable pour Jean Carrière que pour Germaine Tillion.

François Desmeures

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