L'INTERVIEW Éric Vaissière, proviseur du lycée Jean-Baptiste-Dumas à Alès : "Pendant deux heures, on a parlé de mise en sécurité de l'établissement"
Nommé au lycée Jean-Baptise-Dumas depuis la rentrée de septembre, le proviseur Éric Vaissière a été le seul à prendre la parole, ce lundi, en préambule de la minute de silence en hommage au professeur Dominique Bernard, tué par un terroriste, vendredi, au lycée d'Arras. Il revient sur le sentiment qui traverse le lycée de plus de 2 000 élèves, le corps enseignant et les établissements, tout en louant l'ambiance du lycée public alésien. Entretien, ce lundi, à la sortie de la minute de silence.
Objectif Gard : M. Vaissière, vous venez de présider la minute de silence en hommage au professeur Dominique Bernard, tué vendredi dernier par un terroriste à Arras. Quel sentiment vous laisse cette répétition des hommages ?
Éric Vaissière : Mon sentiment, c'est que l'on a encore assisté à un acte héroïque de la part d'un enseignant. On avait parlé du gendarme Beltrame à l'époque, c'est un peu la même chose ici, avec quelqu'un qui s'est sacrifié. Nous avons beaucoup de tristesse, nous pensons aux familles.
Est-ce que vous avez pu échanger avec le corps enseignant au cours du week-end ou ce lundi matin ? Dans quel état d'esprit sentez-vous vos professeurs ?
Ils sont très affectés. Il y a beaucoup d'échanges de mails pendant le week-end, beaucoup de questions posées ce matin. Pendant deux heures ce matin (temps d'échange prévu entre 8h et 10h, NLDLR), on a parlé de mise en sécurité de l'établissement. On a déjà réhaussé la présence de surveillants, on va essayer de s'assurer de neuf heures de présence auprès des portes.
"Nous sommes ici pour former des citoyens éclairés"
Avez-vous eu des remontées de discussions difficiles dans les classes ?
C'est difficile à dire puisque la discussion a commencé pendant qu'on était ici, pour la minute de silence. Il faut avant tout expliquer clairement les choses aux élèves. Après, il faut aussi souligner qu'on a des élèves plutôt gentils et responsables, qui disent bonjour quand on les croise dans les allées, par exemple.
Par la suite, à plus long terme, comment envisagez-vous de revenir sur ce tragique événement ?
Il faut qu'on puisse travailler pour mener une action sur une oeuvre, en lien avec la laïcité ou autre chose. Ce sera un travail de longue haleine mais important pour le public qui nous est confié. Nous sommes ici pour former des citoyens éclairés. C'est aussi un travail au long cours. Et faire quelque chose à chaud n'est peut être pas la bonne solution.