ALÈS "Arrêtez de nous emmerder !" : le combat de la municipalité contre les déjections canines
Ce jeudi matin, depuis le bureau du maire, les élus alésiens ont donné une conférence de presse marquant le lancement d'une campagne de communication pour lutter contre les déjections canines. La sensibilisation laissera bientôt place à la répression.
Dans un monde merveilleux, ils n'auraient pas eu besoin de le faire. Hélas, en raison d'un "laisser-aller sur le plan civique qui est très emmerdant", le maire d'Alès, Max Roustan, qui en a assez de "marcher parfois sur des trucs glissants", se voit obligé de sévir. C'est ainsi qu'en fin de matinée ce jeudi, l'édile alésien a dirigé une conférence de presse marquant le lancement d'une campagne de communication pour lutter contre les déjections canines.
Déployée jusqu'au 20 février, celle-ci a en réalité débuté depuis ce lundi. Les Alésiens n'ont sans doute pas manqué de découvrir les affiches placardées sur les 45 sucettes de la commune, lesquelles traduisent la volonté de la municipalité de garder la ville "propre" par le biais de la mise à disposition de 150 000 sacs à crottes dans plus de 50 points de distribution en centre-ville.
Des contraventions jusqu'à 135 euros
Par ailleurs, depuis le début de la semaine et jusqu'à dimanche, les agents de la police municipale sont priés de procéder à des rappels aux propriétaires canins de l'existence de ces points de distribution, ainsi que celle de cinq lieux de don de pinces à crottes, le tout en tentant de les sensibiliser à l'importance de ramasser les déjections de leur toutou.
Passé ce délai, le 14 février, jour de la Fête des amoureux, marquera le début de la phase dite "répressive". Suite à un arrêté signé ce jour par Max Roustan, les policiers municipaux seront invités à verbaliser (38 euros) les maitres qui, lors d'une promenade en ville avec leur chien au bout de la laisse, ne possèderaient pas de sac à crottes. L'amende est d'autant plus salée (135 euros) lorsque les animaux de ces derniers défèquent sur la chaussée sans qu'un ramassage ne soit opéré.
"La verbalisation, c'est l'ultime couperet qui repose sur une demande des habitants qui sont nombreux à nous enguirlander chaque jour pour que la ville soit plus propre", justifie Christophe Rivenq. "On va passer à la vitesse supérieure en essayant d'être intelligent", complète le maire, reconnaissant une légère tolérance envers les personnes très âgées qui se trouveraient dans l'incapacité de se baisser pour ramasser. Et Christophe Rivenq d'achever : "On ne veut pas virer les chiens de la ville, juste éduquer les propriétaires !"
10 tonnes de déjections par an
Car outre son caractère incommodant, ce fléau de longue date coûterait plusieurs milliers d'euros à la ville, dont le service propreté ramasse dix tonnes de déjections par an. Une réaction des élus était donc inévitable et, à l'heure de "brainstormer" pour adosser un slogan à la campagne, le premier adjoint avait eu une idée : "C'était le lendemain de la déclaration de notre président sur les non-vaccinés. J'étais parti pour "arrêtez de nous emmerder". Mais les services de la ville me l'ont refusé", plaisante-t-il.
"Je laisse la ville propre, je ramasse", moins tranchant mais plus soft, a finalement été choisi comme slogan. Alors que la campagne bat son plein, Adeline Coupé, ambassadrice propreté de la capitale cévenole, relève "deux ou trois récalcitrants qui refusent de ramasser" mais souligne "la bonne compréhension de la plupart des gens". À ce jour, aucune "réaction agressive" n'est à déplorer. Pas même des chiens.
Corentin Migoule