ALÈS Christophe Rivenq au sujet du contournement ouest de Nîmes : "Nous exigeons notre dû !"
Ce mercredi après-midi, le président d'Alès Agglomération a convoqué la presse à la hâte afin de résumer le contenu de sa rencontre avec le ministre des Transports Clément Beaune relative au contournement ouest de Nîmes. "Ce projet est vital", a martelé Christophe Rivenq, qui avait convié trois chefs d'entreprises du bassin alésien lors de cet échange en visio.
Christophe Rivenq avait invité les médias locaux pour un point presse dans une salle de réunion de l'Hôtel de ville et il vient de s'achever il y a quelques minutes. Le ton grave, le président d'Alès Agglomération a rapidement mis fin au suspense en dévoilant le sujet du jour relatif à son entretien ce lundi 5 juin avec le ministre des Transports Clément Beaune.
Celui-ci s'est déroulé en visio, en présence virtuelle de trois chefs d'entreprises majeurs du bassin alésien : Jean-Daniel Capelle, Alexandre Coulet (S Group) et Alexandre Bastide. Ces trois entrepreneurs ont la particularité d'avoir récemment investi "des millions d'euros" au profit du développement d'un territoire auquel ils sont attachés, celui d'Alès Agglomération.
Leur mission : convaincre le ministre des Transports de la nécessité de concrétiser le projet de contournement ouest de Nîmes, "acté dans sa totalité depuis plus de 40 ans", et pour lequel le commissaire enquêteur a émis un avis favorable en avril dernier (relire ici). Car depuis, la phase de déclaration d'utilité publique (DUP), prononcée au regard du coût de l'opération (environ 250 millions d'euros), s'éternise quelque peu.
En effet, si tel que l'a laissé entendre Christophe Rivenq ce mercredi, "il n’y a pas de débat sur l’intérêt du projet d’un point de vue politique et populaire" dans la mesure où "il y a plus de personnes qui ont intérêt à voir arriver ce contournement que de gens qui y sont opposés", l'État, en s'appuyant sur les conclusions du conseil d'orientation des infrastructures (COI), tique un peu au sujet de l'onéreux montant du projet.
"Qu'on ne nous parle pas de pognon à l'heure où on a 3 000 milliards d'euros de dette en raison du quoi qu'il en coûte ! S'il y a bien un investissement qui s'amortirait sur 100 ans, c'est celui d'une route. 250 millions, ce n'est rien pour l'État ! D'autant que les collectivités se sont engagées à participer", a pesté Christophe Rivenq, dont le point presse du jour a parfois pris des airs de "coup de colère".
Un courrier adressé au préfet de Région, un autre au ministre des Transports
Et pour cause ! L'élu alésien pense avoir suffisamment d'arguments en sa possession pour légitimer son combat en faveur de la création d'une déviation entre l’autoroute et la RN106 pour contourner l’agglomération nîmoise par l'ouest. Des arguments étayés dans un courrier cosigné par le président de Nîmes Métropole Franck Proust, lequel sera expédié au ministre des Transports ce jeudi 8 juin, tandis que la première ministre Élisabeth Borne a été mise en copie.
Un autre a été adressé par Christophe Rivenq ce lundi 5 juin au nouveau préfet de Région, Pierre-André Durand. "Les temps de trajet supplémentaires sur les déplacements d'Alès vers Nîmes peuvent dépasser les 45 minutes chaque jour aux heures de pointe et engendrent des pertes de temps, des dépenses de carburant et plusieurs dizaine de tonnes de CO2 émises pour rien", enclenche l'élu alésien. Le dernier nommé a relevé une progression de l'ordre de 22% de la fréquentation de la 2x2 voies entre Alès et Nîmes de 2019 et 2022. "20 000 véhicules sont recensés chaque jour à hauteur de Saint-Hilaire, dont 1 300 poids lourds, c'est énorme !" fait savoir Christophe Rivenq.
Par ailleurs, s'il était réalisé en l'état, le contournement ouest de Nîmes serait en mesure de réduire de "58% la circulation au niveau du rond-point de Carémeau qui est aujourd'hui le point le plus pollué du Gard". Ce qui n'est évidemment pas négligeable à une époque où plus de 34 000 véhicules s'engagent chaque jour sur les RN106 et 113, contre 45 000 en 2048 selon une projection peu enthousiasmante.
Un retard en matière d'accessibilité au réseau autoroutier
Dans son courrier à l'attention du préfet de Région, celui qui est aussi président du Pôle métropolitain Nîmes-Alès délivre quelques éléments de contexte local et poursuit en ces termes : "Nous venons (Alès Agglo, Ndlr) d'être labelisé "rebond industriel France 2030". Mais d'après une étude de l'Agence d'urbanisme, Alès Agglomération est à la 137e position sur les 140 territoires d'industrie métropolitains en termes d'accessibilité au réseau autoroutier." Une hérésie pour le deuxième pôle industriel d'Occitanie aux yeux de Christophe Rivenq, d'autant plus au moment où le taux de chômage vient d'y passer sous la barre des 12% "pour la première fois depuis 40 ans".
Pour toutes ces raisons, s'il "n'ignore pas les enjeux financiers et environnementaux d'un tel projet ainsi que les oppositions qu'il soulève", le président d'Alès Agglomération demande "solennellement" au préfet de Région et au ministre des Transports "de bien vouloir considérer le projet de contournement ouest de Nîmes comme un projet majeur, à la fois pour le développement économique du territoire et pour une accélération de la qualité environnementale du secteur".
Des solutions alternatives moins onéreuses pour l'État
Il entrouvre également la porte à des "solutions alternatives" à condition qu'elles "ne mettent pas 15 ans à se réaliser". "On n'est pas obligé d'avoir une route à 110km/h dans Nîmes. S'il faut finir les six kilomètres à 70 km/h, c'est mieux que zéro ! Il y a une autre solution : demander à Vinci Autoroutes, dans le cadre d'un avenant, de faire cette portion autoroutière le plus loin possible et dans ce cas, le coût serait supporté par Vinci qui le répercuterait sur le prix des péages", échafaude le premier adjoint au maire d'Alès.
À l'heure de conclure, le dernier nommé n'a pu réprimer le sentiment "désagréable" qui est le sien, celui qui consiste à devoir sans cesse rappeler à l'État qu’Alès n’est pas "le trou du cul du monde". "Il faut toujours quémander. Ça me fatigue ! On n’est pas des sous-français, on n’est pas des sous citoyens du territoire !" Et Christophe Rivenq de rajouter après avoir rappelé qu'un début des travaux en 2027 pour une livraison en 2030 sont toujours d'actualité : "Le ministre rendra des arbitrages avant fin juillet. Nous exigeons notre dû ! Ce n'est pas un cadeau qu'on demande. Nous exigeons que les engagements de l'État, des engagements anciens, soient tenus ! C'est vital !"