EN IMAGES Les fantasmagories du Jardin des Sambucs, sur la route de l'Aigoual, rouverts à la visite
À Saint-André-de-Majencoules, le Jardin des Sambucs rouvre aujourd'hui pour la saison. Quasiment invisible depuis la route qui serpente entre Pont d'Hérault et Valleraugue, le jardin se découvre une fois franchi le portail, entre arbres de pierre, lâcher de poêles, objets du quotidien dans un décor surnaturel et bien sûr palette de plantes et fleurs. Un potager jouxte le jardin, pour faire manger les visiteurs qui souhaiteraient s'attarder plus que d'autres. Avec les ajouts qu'apportent chaque année Agnès et Nicolas, la réouverture est toujours une redécouverte.
Trente ans d'efforts et de passion. Ou plutôt bien plus, car si le jardin a été entamé il y a trois décennies, Agnès et Nicolas entretiennent et enrichissent la terre depuis bien plus d'années au hameau du Villaret. "Enfant, je passais mes vacances ici chez mes grands-parents. Puis, je suis revenue à 20 ans sur ces terres familiales", explique Agnès. Finies les vacances, alors, Agnès s'installe pour élever des chèvres dans ce milieu qui leur va si bien.
"On faisait absolument tout, rembobine la patronne des lieux, les foins, la traite, la transformation, les marchés." À ceci s'ajoutait déjà une petite production maraîchère, avec plantes aromatiques "et plantes faciles à vivre". Puis, en autodicate, Agnès a commencé un jardin sur les pentes de ce creux de vallon, "il y a presque trente ans".
"En faisant pâturer dans la région, je pense que je me suis imprégnée, argumente aujourd'hui Agnès. Et, rapidement, j'ai voulu partager ce désir de jardin. J'ai toujours trouvé que ça enrichissait la vie, que ça la rendait plus belle." En 2002, huit ans après qu'il eut été entamé, le jardinl est ouvert au public. En 2004, il est déjà labellisé Jardin remarquable par le ministère de la Cutlure.
Pas de modèle pré-conçu ni d'idée maîtresse dans le jardin qu'Agnès a planté et que Nicolas continuait de construire, en élevant des arbres dont la verticalité laissait volontairement à désirer. Si ce n'est, une méthode de lancement, "faire avec l'existant, avec les quelques arbres sur le terrain et les quatre plantes sauvages. Très vite, je me suis dit qu'il était plus intéressant d'utiliser des plantes locales." Une idée de départ dans l'air du temps d'aujourd'hui, avant que la sécheresse impose ce choix, tardif, à d'autres. "C'est banal de les voir tous les jours, alors il fallait plutôt penser à une mise en valeur."
Le résultat, c'est ce "jardin paysan, doux et désobéissant", comme le définissent les propriétaires, débuté sous la chambre d'hôte du couple accrochée au hameau, et poursuivi en descendant le vallon. Un jardin où il manquait un élément essentiel, aux yeux d'Agnès, "des arbres à la verticale". Pas le temps d'attendre deux décennies qu'une essence plantée ait tiré droit, Nicolas s'est proposé de les bâtir, installant ainsi une végétation de pierres et de béton, et d'objets hétéroclites qui ajoutent un aspect légendaire au jardin, une forme d'art brut.. pas forcément verticale, d'ailleurs. "Nicolas a une passion pour les pierres, son grand-père allait chercher des fossiles dans les carrières. Ça ne l'a jamais quitté."
Cette année, les visiteurs habitués pourront découvrir une nouvelle mosaïque et une nouvelle bassine. Une de plus, les vasques d'eau étant un élément essentiel (et rafraîchissant) du décor. Une semaine avant la réouverture, Agnès acclimatait de nouvelles plantes aquatiques reçues la veille, tandis que Nicolas donnait la dernière main à un banc de châtaignier bâti par lui. "En ce moment, je m'intéresse beaucoup aux bulbes, aux cactées et aux plantes grasses." Avec le souci de l'adaptation permanente, alors que l'arrosage risque d'être vite interdit dans la vallée de l'Hérault, où le débit actuel du fleuve effraie aussi ces habitués des lieux. La récupération des eaux de pluie et de ruissellement pourrait ne pas suffire.
Avec une première conséquence liée au réchauffement, "les sureaux, qui meurent et se réfugient côté nord", montre Agnès. Les sureaux, c'est-à-dire... les sambucs. Pas de quoi remettre en cause le jardin pour autant. Parce que, depuis quelques années, la famille s'est élargie : Jeanne a rejoint ses parents et prépare des plats végétariens et colorés à partir de la production maraîchère de la famille. Le tout servi sous les plantes à l'ombre et à la fraîcheur. Une invitation à passer une journée fraîche, tendre et nonchalamment belle.
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