FAIT DU SOIR Après avoir été recueillis et soignés, les oiseaux relâchés dans la nature
Une soixantaine de personnes étaient réunies en cette fin de matinée dans les terres derrière le monastère de Solan, entre Cavillargues et La Bastide-d'Engras. Elles ont assisté avec émerveillement à un relâché d'oiseaux sauvages dans la nature.
À Laroque, à côté de Ganges, il existe depuis 2008 un hôpital de la faune sauvage où sont recueillis et soignés chaque année 3 000 animaux de l'Hérault et du Gard. Cela va du martinet noir au hérisson en passant par les pigeons, les chauves-souris, les rapaces... Si certains ne survivent pas à leurs blessures, beaucoup se remettent grâce aux soins prodigués par les bénévoles et les 5-6 salariés de l'association "Goupil connexion", qui gère l'hôpital. Les animaux peuvent passer plusieurs semaines à quelques mois là-bas avant d'être relâchés dans la nature.
Ce dimanche, une quinzaine d'oiseaux ont pris leur envol au-dessus du monastère de Solan, implanté entre Cavillargues et La Bastide-d'Engras. C'est la deuxième fois qu'un relâché a lieu dans cet écrin cultivé en agriculture diversifiée et raisonnée par les soeurs orthodoxes : "Ici, on veut préserver le vivant. On sait que ces oiseaux vont être bien car il n'y a pas de chasse, pas de produits chimiques. Ils sont au bon endroit pour repartir du bon pied", nous glisse soeur Iossifia.
Voir ces "invisibles" voler de nouveau de leurs propres ailes
Le monastère de Solan fait partie de la trentaine "d'oasis" du Gard et de l'Hérault où les animaux ne sont ni dominés, ni chassés, ni piégés. Ce dimanche en fin de matinée, des pigeons bisets, un coucou d'Europe, trois magnifiques rolliers et deux faucons crécerelles ont été relâchés devant une soixantaine de personnes. Toutes ravies de pouvoir admirer l'espace de quelques instants ces animaux "invisibles à nos yeux opaques, silencieux à nos oreilles sourdes", énonce Marie-Pierre Puech, vétérinaire de métier, présidente et fondatrice de Goupil connexion et de son hôpital de la faune sauvage.
Elle invite enfants et ados à participer au relâché. Parfois pris d'une pointe d'appréhension à tenir ces petits êtres à plumes entre leurs mains. Il suffit d'une impulsion pour que les oiseaux s'envolent au-dessus de nos têtes en quelques battements d'ailes, vers une deuxième vie. Sans l'intervention des bénévoles de l'hôpital de la faune sauvage, beaucoup d'entre eux ne s'en sortiraient pas. Certains ont été cabossés, blessés, d'autres percutés par un véhicule, d'autres encore sont tombés du nid ou n'ont pas été suivis par leurs parents, comme les trois rolliers libérés aujourd'hui. Le quatrième doit encore être opéré.
Éduquer et éveiller les consciences
Ce dimanche soir, petits ducs et deux chouettes hulottes ont également été remis dans la nature. Ces relâchés publics sont très importants pour l'association Goupil connexion : "Cela augmente le cercle d'amis éveillés et bienveillants", atteste Marie-Pierre Puech, qui a encore opéré il y a peu un héron avec des plombs dans l'aile. Elle souhaite éduquer et faire prendre conscience aux jeunes générations que ces animaux font partie de notre écosystème et que l'on doit les respecter : "Lors des relâchés, ils voient ce qu'est un animal. Que ce n'est pas qu'à la télévision." Des interventions sont aussi menées dans les écoles pour donner la connaissance aux élèves.
Même en ces temps où la biodiversité décline, la présidente de Goupil connexion prône la "pédagogie souriante" et ne perd pas son objectif de reconnecter les humains à leur environnement. "Il faut sortir de cette barbarie, de cette domination et de cette ignorance. On est tous interdépendants. (...) Il faut prendre soin de la terre, de tous ses habitants et de ceux qui la travaille", revendique-t-elle.
Depuis quelques semaines, Marie-Pierre Puech est propriétaire de 80 hectares de terres à Nicouleau sur la commune de Brissac. Elle veut y mener un projet expérimental mêlant éducation et médiation auprès du public et aux scolaires, nature, connaissances...
D'autres relâchés auront lieu les prochains jours dans le Gard : à l'Ermitage à Alès ce mercredi 30 août à 18h, à la Bambouseraie de Générargues ce vendredi 1er septembre à 17h, à Lacan à Monoblet le dimanche 3 septembre à 16h. Plus d'informations en cliquant ici.