FAIT DU SOIR L'Espérou, au sommet de la transhumance française les 10 et 11 juin
La 31e fête de la transhumance pose ses animations à 1 230 mètres d'altitude, les 10 et 11 juin. La manifestation débutera le samedi à 16h mais le point d'orgue sera bien évidemment le passage des brebis dans le hameau à cheval sur Dourbies et Val d'Aigoual, le dimanche matin. La foule est attendue.
Pour certains éleveurs, le lancement des animations à L'Espérou, le samedi à 16 heures, coïncidera avec l'heure du départ. Pour tous - et leurs 1 300 moutons - direction l'estive sur le massif de l'Aigoual, à la recherche de l'herbe riche et verte qui commencera à manquer un peu plus bas, "pour une arrivée vers 10 heures", prévoit Benjamin Peyre, éleveur à Arrigas. La fête de la transhumance, initiée par les éleveurs, s'apprête à connaître sa 31e édition. Entre dix et quinze mille personnes foulent chaque année les trois artères et diverses prairies du hameau.
"Le but, c'est la promotion de nos élevages ovins sur nos communes cévenoles", explique Pierrick Garmat, éleveur et vice-président du syndicat ovin du Gard. Une promotion soutenue par la Communauté de communes Causse Aigoual Cévennes. "La pratique de l'élevage est un domaine économique, souligne la maire de Dourbies et suppléante du député Michel Sala, Irène Lebeau. Mais à travers l'action de pâturage se joue aussi le maintien des milieux ouverts et la diminution du risque incendie." Et après une année complète de sécheresse, "les éleveurs du Piémont vont être contents de retrouver ce pâturage d'été".
La fête de la transhumance, c'est donc "l'occasion pour les consommateurs de se rendre compte du travail fait en sous-marin", argumente Gilles Berthézène, président de la communauté de communes. "On invite les consommateurs et les citadins à venir en estive, renchérit le président du réseau Bienvenue à la ferme, Patrick Viala. Afin que les bergers puissent parler de leur métier au grand public." Son réseau assurera la restauration du samedi soir et du dimanche midi, "avec des plats d'agneaux abattus à l'abattoir du Vigan". L'occasion, pour Patrick Viala, de rappeler l'importance de maintenir cet équipement, en plus de celui d'Alès, qui sera sans doute reconstruit.
Visite d'estive, balades en calèche, jeux en bois, repas du terroir...
La visite d'estive aura lieu le samedi à 16 heures, sur inscription (*). À 18 heures, projection du film Rasco & nous, sur les chiens de protection, suivi d'un débat avec les éleveurs, à la halle de l'Espérou. Le repas du terroir sera servi à 20 heures en compagnie du conteur Serge Valentin. Le dimanche, il faudra s'installer tôt pour assister à l'arrivée des premiers troupeaux, en milieu de matinée, au coeur d'un marché du terroir. De l'agneau "cévenol et gardois de qualité" sera notamment mis en vente, par moitié. Vingt-cinq bêtes donneront ainsi 50 lots.
Les enfants trouveront aussi des animations : jeux en bois, simulation de conduite de tracteur, jeux concours, balades en calèche ou à dos d'âne, etc. Une démonstration de tonte de brebis aura lieu l'après-midi, suivie d'une table-ronde sur le métier d'agriculteur, en présence d'éleveurs, et de producteurs de châtaignes et d'oignons doux.
"Pour nous, le loup et l'élevage sont incompatibles"
Dimitri Servière, membre du Syndicat ovin du Gard
Un métier qui se complique sous les effets du changement climatique. Les éleveurs cévenols émettent une autre inquiétude, celle de la présence du loup, présent en Lozère ou Aveyron. "Nos troupeaux sont dans des milieux boisés où on ne les a pas à l'oeil tout le temps, argumente Pierrick Garmat. Si des meutes s'installent dans les Cévennes gardoises, c'est la fin de l'élevage cévenol." "Pour nous, le loup et l'élevage sont incompatibles", abonde Dimitri Servière, également du syndicat ovin. Les deux soulignent également un terrain inadapté et trop fréquenté pour utiliser des chiens de protection, pratique répandue sur les Causses. Et des conflits d'usage avec les promeneurs qui se sentent en danger face aux chiens de type patou. "Mais sans élevage, le tourisme ne continuera pas longtemps", plaide Pierrick Garmat.
"Comme tous les métiers agricoles, l'élevage a peu de candidats, constate Patrick Viala. Il faut calculer la marge brute, le métier se fait au détriment de la vie personnelle... Mais c'est une activité essentielle, qui fait tourner la vie locale." Autour de Valleraugue, Pierrick Garmat retient plutôt un maintien, une stabilité de l'activité, "avec 3 000 bêtes à Val d'Aigoual. À Dourbies, ça se maintient aussi et les estives se sont même agrandies". La fête de la transhumance peut aussi permettre, aux enfants et aux plus âgés, de découvrir une vocation...
(*) au 04 66 04 50 60. Repas au 06 03 36 73 06.