Publié il y a 1 an - Mise à jour le 14.04.2023 - Marie Meunier - 3 min  - vu 736 fois

FAIT DU SOIR Philippe Rigaux, un féru de jardinage tourné vers le partage

philippe rigaux jardinier

Philippe Rigaux dispose de son jardin depuis 1992, derrière sa maison, à Saint-Michel-d'Euzet.

- photo Marie Meunier

La fête des jardiniers amateurs est célébrée toute la journée, ce samedi 15 avril, aux jardins de la Cèze (route des Cévennes), à Bagnols-sur-Cèze. De nombreux passionnés seront au rendez-vous pour rencontrer le public. Parmi eux, Philippe Rigaux, qui fait des merveilles dans son potager bio et naturel, derrière sa maison à Saint-Michel-d'Euzet. Rencontre.

Sur les pentes sableuses du haut du village de la vallée de la Cèze, Philippe Rigaux réussit des prouesses. En 2020, son année de référence, il a ramassé 480 kg de légumes dans son potager de seulement 150m2. Cette année-là, il n'a quasiment pas acheté en magasin puisque son jardin lui donnait tout ce dont il avait besoin : "En 2020, j'ai atteint les 85 % d'autonomie alimentaire. C'est ce qui me plaît : avoir des légumes frais et sains." Son secret ? Du compost, de l'attention et de l'eau bien sûr. 

philippe rigaux jardin potager
En 2020, son année de référence, Philippe Rigaux a réussi à produire 480kg de légumes dans son jardin de 150m2.  • photo Marie Meunier

Fils et petit-fils d'agriculteurs lorrains, Philippe Rigaux est arrivé dans la région de Bagnols-sur-Cèze pour travailler comme chimiste dans un des laboratoires de Marcoule. Il a été l'un des premiers à prendre un jardin ouvrier et l'a cultivé pendant 5-6 ans. Il a ensuite fait construire sa maison en 1992 à Saint-Michel-d'Euzet, petit village à quelques kilomètres de Bagnols-sur-Cèze, et y a de suite créé un jardin. D'année en année, les surfaces cultivées se sont agrandies, se sont densifiées. Aujourd'hui, le potager s'étend sur 150 m2, atteignant sa limite de place. 

Une soixantaine de variétés de légumes

Philippe Rigaux a disposé 16 planches de culture dans lesquelles ils cultivent une soixantaine de variétés de légumes à l'année et aussi quelques plants de fraises. Il mixe ses cultures avec des fleurs qui attirent les insectes pollinisateurs comme la bourrache, le trèfle incarnat ou la valériane. Il détient aussi une serre où il fait lui-même ses plants pour la saison suivante. 

philippe rigaux jardinier
Philippe Rigaux fait lui-même ses plants qu'il entrepose sous sa serre.  • photo Marie Meunier

Philippe Rigaux partage sa passion avec son épouse, qui elle s'occupe des arbres fruitiers et des plates-bandes fleuries. S'il a longtemps biné en solitaire, il prend plaisir depuis quelques années à partager son expérience et son savoir-faire avec d'autres jardiniers. Il accueille régulièrement des visiteurs curieux de découvrir son petit bout de terre. L'ancien chimiste a nourri ses connaissances en suivant un stage à l'association "Terre & Humanisme" inspirée de la méthode Pierre Rabhi ou auprès des "compostophiles" de Bagnols-sur-Cèze. 

Le compost, le coeur du jardin

Le compost est un des piliers de son jardin. Il en produit chaque année 600 kg à partir des épluchures de sa cuisine, de ses végétaux, de son jardin et de crottins. "Je les considère comme des ressources, pas comme des déchets", assure-t-il. Il a aménagé trois emplacements bardés de bois où le compost met 6 à 9 mois pour se former.

compost
Philippe Rigaux produit 600 kg de compost par an.  • photo Marie Meunier

Chez les Rigaux, tout est donc recyclé et retourne à la terre. Cela se ressent aussi au poids de leurs poubelles : en 2016, le couple n'a produit que 15kg d'ordures ménagères dans l'année. Un bon exemple à suivre dans le Gard rhodanien, où l'Agglomération met en place la redevance incitative sur les poubelles. Ce tri quotidien est aussi très bénéfique pour la terre et la biodiversité. En 2019, Philippe Rigaux comptait ainsi parmi les cinq lauréats "Jardins respectueux de la nature" du concours national "Jardiner autrement" organisé par la Société nationale d'horticulture de France. 

Le jardinage mis à mal par la sécheresse

Mais depuis quelques années, la pratique du jardinage est mise à mal par la chaleur et les déficits en eau à répétition. Le territoire est déjà placé en vigilance sécheresse à cause des précipitations insuffisantes. L'année dernière avait été aussi très sèche. Philippe Rigaux a mesuré : entre le 1er janvier et le 15 août 2022, seulement 100 mm de pluie sont tombés. "Ça revient à un arrosoir par mois", lâche-t-il. Le fruit de sa récolte avait été moitié moins important en 2022 qu'en 2020. La commune de Saint-Michel-d'Euzet a d'ailleurs été très impactée et a dû compter sur les villages voisins pour l'approvisionner en eau potable. 

"L'année dernière, en juin, j'ai relevé 47°C au soleil, et 52°C en juillet. Là, plus rien ne vient. (...) Ça fait deux ans qu'on ne mange plus de tomates", constate tristement le jardinier. Il essaie de diversifier au maximum ses cultures, de récupérer le peu d'eau de pluie qui tombe et a installé un système de goutte-à-goutte très économe en eau. Il va également disposer une ombrière au-dessus du potager pour préserver les plants des rayons du soleil et des fortes températures. Il met en place toutes les bonnes pratiques mais il maintient : "Un jardin sans eau, c'est impossible. Certains gens jardinent pour se nourrir, si on leur interdit d'arroser (comme ça a déjà été le cas l'été dernier, NDLR), on va au devant de graves problèmes."

Tout le programme de la fête des jardiniers amateurs de Bagnols-sur-Cèze, à retrouver en cliquant ici. 

Marie Meunier

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