GARD Parc naturel régional : "Le projet ne doit pas s'arrêter parce qu'une commune a dit non"
Même sans l'adhésion d'Uzès, le projet de parc naturel régional (PNR) peut-il se poursuivre ? La question se pose après le conseil municipal de mardi où les élus ont acté que la cité ducale n'adhérerait pas à l'association de préfiguration. Mais Philippe Marchesi, le président du PETR (Pôle d'équilibre territorial et rural) de l'Uzège-Pont du Gard, qui pilote le projet de parc, se veut très rassurant.
"On a le cap, on continue", assure Philippe Marchesi, le président du PETR Uzège-Pont du Gard. La semaine dernière, les élus d'Uzès ont voté majoritairement contre l'adhésion à l'association de préfiguration de parc naturel régional. Mais la grande majorité des communes admises dans le périmètre du parc sont pour. À ce jour, elles sont 49 communes sur 72 à être favorables, soit un taux d'adhésion de 68,1% (c'est plus que le taux minimum requis de 60% pour lancer l'association de préfiguration et ce taux ne peut qu'augmenter dans les jours à venir, ndlr). Seulement 12 sont défavorables et 11 retardataires n'ont pas encore délibéré (*). Il y a même neuf communes non-incluses dans le périmètre qui ont délibéré favorablement dans l'espoir d'intégrer le PNR, notamment des villages du nord du Gard rhodanien tels qu'Aiguèze, Cornillon, Le Garn...
Quant au vote d'Uzès, Philippe Marchesi veut être très clair : "Est-ce qu'on peut imaginer aujourd'hui que sur les 72 communes, il y en ait une qui a un droit de véto sur un projet de cette taille ? Je ne vois pas le conseil régional et Mme Delga dire que si Uzès n'y va pas, on arrête tout. C'est impossible. Je suis persuadé que ça n'arrivera pas donc on déroule, on continue. On ne va revenir là-dessus. Le PNR ne doit pas s'arrêter parce qu'une commune a dit non."
Le président du PETR insiste : "Rien n'oblige à avoir une commune centre dans un parc naturel régional. Je regrette qu'Uzès ait délibéré négativement. (...) Uzès comme les autres communes qui ont voté contre peuvent toujours changer d'avis et rentrer dans l'association de préfiguration plus tard." Dans le périmètre du parc, il y aura d'autres places fortes du patrimoine gardois comme le Pont du Gard ainsi que plusieurs communes labellisées "Plus beaux villages de France" comme Lussan, Montclus ou La Roque-sur-Cèze, si cette dernière délibère favorablement.
À Uzès, un tableau peint en noir
Si ces municipalités sont convaincues des atouts qu'un parc pourrait apporter au territoire, ce n'est pas le cas de toutes. Lors du conseil municipal d'Uzès, le maire a déroulé toute une liste d'arguments n'allant pas dans le sens du parc : peur de ne pas maîtriser la gouvernance, ajout d'une strate administrative supplémentaire, coûts de fonctionnement trop élevés, d'autres communes où le projet divise et passe à une voix près...
"Je ne veux pas rentrer dans la polémique du conseil municipal d'Uzès. Néanmoins, il y a quand même des propos tenus par le maire qui ont peint le tableau en noir. C'est difficile d'avoir des votes pour après", concède Philippe Marchesi. Il balaie : "Quand le maire dit que le PETR peut remplir les missions d'un PNR... Je lui ai dit trente fois, ça n'a rien à voir. (...) C'est comme si on confondait un ULM avec un A320. En termes de levier financier, le PETR fait ce qu'il peut avec les fonds LEADER notamment. Mais rien à voir avec un PNR."
Quant à l'exemple du parc de la Narbonnaise pris par Jean-Luc Chapon pour illustrer le coût de fonctionnement trop élevé à son goût, Philippe Marchesi nuance : "Il a sorti des chiffres d'un contexte qui n'a rien à voir avec la plupart des PNR. En gros, il a essayé de prendre des éléments par-ci, par-là, à charge. (...) Je ne comprends car toutes ces questions, j'en ai discuté avec lui très souvent."
Objectif : créer l'association de préfiguration au début de l'année prochaine
Le président du PETR aurait préféré que les élus uzétiens aient sous les yeux le rapport du CESE (Conseil économique, social et environnemental) paru au Journal officiel il y a quelques années où il est écrit que les parcs naturels régionaux "favorisent une bonne gestion du foncier et un développement économique soutenable : diversification et une valorisation agricole, promotion de "circuits courts", gestion durable de la forêt, maintien d'activités industrielles et de services, notamment touristiques." Philippe Marchesi dit avoir proposé à Jean-Luc Chapon de rencontrer les élus de son conseil pour répondre aux questions. Mais cela ne s'est pas fait.
Prochainement, le PETR va monter un dossier pour demander au conseil départemental de délibérer pour adhérer à l'association de préfiguration. Il en fera de même avec la Région pour déclencher la première assemblée générale. L'idée serait de convoquer cette première réunion au début de l'année prochaine pour créer l'association de préfiguration. La gouvernance sera assurée à 35% par le Département, 35% par la Région, 28% par les communes et à 2% par une chambre consulaire (a priori ce sera la Chambre d'Agriculture). Les associations engagées dans la défense du projet auront un rôle consultatif. Cette association va permettre de définir les projets à venir, d'écrire la future charte du parc naturel régional, qui sera "à l'image des petites communes rurales et de tout le territoire", assure Philippe Marchesi. Cela devrait s'étaler sur 2024-2025, dans l'objectif de créer le PNR en 2026, avant les prochaines élections.
76,3% d'élus favorables
49 communes sur les 72 comprises dans le périmètre du futur parc naturel régional ont délibéré favorablement pour intégrer l'association de préfiguration. Soit 68,1% de communes adhérentes. Mais si l'on regarde le nombre d'élus qui ont voté pour en conseil municipal, le pourcentage grimpe à 76,3% d'adhésion. En effet, sur 667 élus votants pour l'instant, 519 d'entre eux ont voté pour, 22 se sont abstenus (soit 3,2%) et 139 ont voté contre (soit 20,4%).
(*) Parmi les communes admises dans le périmètre du parc naturel régional, certaines ont délibéré défavorablement : Aubussargues, Baron, Cabrières, Dions, La Bastide-d'Engras, Lédenon, Sainte-Anastasie, Saint-Laurent-la-Vernède, Saint-Victor-des-Oules, Serviers-et-Labaume, Seynes et Uzès. Certaines n'ont pas encore délibéré : Arpaillargues-et-Aureillac, Blauzac, Bourdic, Brouzet-lès-Alès, Foissac, La Roque-sur-Cèze, Pougnadoresse, Poulx, Saint-Chaptes, Saint-Hippolyte-de-Montaigu et Saint-Siffret.