Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 08.10.2022 - boris-de-la-cruz - 3 min  - vu 1161 fois

AU PALAIS Le séducteur condamné à 5 ans de prison pour des extorsions sur deux jeunes femmes

Le vice-procureur Willy Lubin et maître Fanny Crozel, conseil d'un homme condamné pour "extorsion" sur deux femmes

Dans sa chemise blanche bien repassée, le séducteur essaie de faire bonne impression devant le tribunal correctionnel de Nîmes qui le juge pour "abus de confiance", "menace de mort" et "escroquerie et extorsion en récidive".

Ce trentenaire, qui comparait détenu, affirme qu'il n'a jamais mis d'arme sous la gorge de ses conquêtes. S'il est devant un tribunal aujourd'hui, c'est parce que ses accusatrices n'ont selon lui pas supporté qu'il stoppe la relation. Alors qu'à l'écouter, il s'agissait d'aventures d'un soir. "Moi je ne voulais pas poursuivre les relations alors qu'elles me demandaient de m'engager à long terme. Je suis fidèle et marié ! Et j'ai un enfant", ose-t-il...

Cet homme, pourtant si fidèle, est allé voir ailleurs au moins à deux reprises en septembre 2020. Il a rencontré la première sur Internet, et la seconde était fragilisée après une déception amoureuse. Les plaintes des deux "conquêtes" le conduisent donc devant la juridiction répressive nîmoise. Et ce n'est pas une première visiblement... "Vous avez un casier judiciaire et vous êtes en récidive sur les escroqueries et extorsions", lance le président du tribunal, Jean Michel Pérez. "On ne va pas encore parler de mon passé", répond le prévenu du tac-au-tac en faisant mine d'être outré par cette réflexion du juge. Un passé récent puisqu'il a écopé devant la cour d'appel de Nîmes, en 2019, d'une peine de prison... pour extorsion.

"C'est manigancé, elles se connaissent"

"Il s'agit de femmes perdues, elles voulaient quelque chose avec moi et je n'ai pas voulu leur donner. C'est tout, l'histoire s'arrête là", reprend le trentenaire. Pourtant derrière cette légèreté verbale, il est soupçonné d'avoir à deux reprises menacé de mort ses "compagnes" d'un soir. "Si tu déposes plainte, je te mettrai une balle dans la tête", aurait-il dit à l'une d'elles. "Vous mettez même une arme sur la tempe d'une victime ! Et puis vous avez détourné plus de 4 000 euros à l'une d'elles", poursuit le magistrat. "Mais comment j'aurais pu faire ça ? Il y a des caméras partout. C'est manigancé, elles se connaissent. Pour ma part je reconnais tout, sauf les menaces avec arme", reprend le prévenu entre deux séances de détente dans le box où il fait craquer ses doigts des mains pour se relaxer et enchaîne des assouplissements de vertèbres en bougeant le dos et la tête comme s'il pénétrait sur un ring !

"On voit beaucoup de violence dans votre casier avec 11 mentions, et le psychiatre évoque une dangerosité criminologique moyenne à élevée", reprend le juge. "Il ressort des éléments de la procédure qu'il a commis des violences sur les deux victimes. Il vous dit de ne pas vous inquiéter, mais moi je suis inquiet, complète le vice-procureur, Willy Lubin. Je n'ai jamais vu des expertises qui décrivent aussi bien l'escroc professionnel. Il choisit son profil de victimes, en ciblant celles qui ont des difficultés psychologiques au moment où il décide d'en abuser. Vous êtes obsédé par l'argent", estime le procureur en réclamant 6 ans de prison et un maintien en détention.

"Je suis désolée, mais je ne comprends vraiment pas les réquisitions et la peine réclamée. Dans le dossier précédent, il y a eu une condamnation à 6 ans pour un homme qui a obligé une gamine à se prostituer. Là, vous avez une affaire d'escroquerie et vous demandez la même peine ! Il n'y a pas eu de violences physiques établies sur les deux victimes, il faut être dans la mesure quand même", plaide maître Fanny Crozel pour le mis en cause. Son client écope finalement de 5 ans de prison avec maintien en détention.

Boris De la Cruz 

Boris De la Cruz

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