NÎMES EN FERIA Castella encore une fois !
Corrida de Garcigrande pour Sébastien Castella (deux oreilles et oreille) Andrés Roca Rey (oreille et silence) et El Rafi (vuelta et vuelta). No hay billetes !
Que c’est beau un amphithéâtre plein comme un œuf ! L’ambiance, les couleurs, les senteurs même… Tout ce monde à l’unisson avec pour envie commune l’idée d’un triomphe général. Les tendidos sont bien présents et le public donne aussi de la voix, y compris lors du paseo.
Premier des quatre paseos nîmois 2024 pour le Biterrois Sébastien Castella qui l’on verra deux fois à Pentecôte et deux autres fois aux Vendanges. Un coup de maître de l’empresa Simon Casas qui sanctuarise ainsi quelques courses d’importance. Castella aura encore été grand dès le début de cette course. Deux oreilles plus que généreuses mais le maestro a fait montre d’une réelle envie de bien faire et le public l’apprécie tant qu’il est parfois peu raisonnable. Il faut dire que Castella avait prévu le coup et s’(était d’emblée mis les genoux à terre pour faire lever les foules. Quoi qu’il en soit Castella coupe deux oreilles après une faena sérieuse et de magnifiques séries à gauche.
Autre toro de Garcigrande, autre faena de Castella qui est encore plus décidé à sortir par la porte des Consuls une énième fois. Il touchera sans doute le toro le plus brave de la tarde et s’amusera de lui comme d’une marionnette, notamment lors de ses séries de cambios qui n’en finissaient pas ! Castella, comme ça, avec cette fureur mêlée de douceur, est inarrêtable, tout simplement. Ses gestes sont parfaits, les terrains qu’il emploie aussi. Le toro n’a qu’à passer et « repasser » jusqu’à ce que le Biterrois ne termine entre ses cornes pour la satisfaction générale des gradine. C’est chose faite et fort bien faite, mieux que sur son premier mais une seule oreille sera attribuée et compensera les trophées. Le président avait sorti les deux mouchoirs mais fera mine de s’être précipité et trompé quand il entendra la bronca des gradins.
Le Péruvien Andrés Roca Rey est au cœur de toutes les discussions. Ses anicroches avec Daniel Luque empêchent les tendidos de le voir actuer dans la même feria… Dommage ! Pourtant, on aimerait les voir ensemble car les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2023, Roca Rey compte 58 corridas, 115 oreilles et quatre queues au compteur. Moins de courses, plus de concentration. À Nîmes, ses triomphes sont rares et quand on l’a vu se présenter (toujours très en retard) au patio des cuadrillas on a senti que le Péruvien était venu pour rompre le maléfice. Sauf que… Son Garcigrande n’oppose aucune résistance à ses passes et ses passes elles-mêmes n’offrent que peu d’intérêt pour les gradins. Une oreille tout de même est demandée par les aficionados et est donnée par le palco tenu par Bernard Angelras.
Deuxième passage pour Roca. Ce soir, les trois maestros sont un peu à la maison mais c’est le seul qui a pris son alternative ici ! Et il ne sortira pas en triomphe, usant de malchance et écoutant le silence à l’issue de son combat, le premier toro changé de la course. Le premier, il y en aura deux autres, un tout de suite, le deuxième sobrero donc, et un dernier pour le dernier d’El Rafi… Avec tous ces temps morts les étagères se sont quelque peu refroidies. Le maestro sort de la course alors qu’il avait mis une belle intensité sur son « vrai » second toro. Cela ne suffira pas car le sobrero est encore plus fade. Silence, donc.
Vient ensuite le local de l’étape, El Rafi. Entouré de stars le Nîmois doit ressentir la responsabilité d’un tel cartel. Le torero avait coupé trois oreilles trop généreuses à son goût lors de la corrida de Robert Margé (Vendanges 2023). Enfin un toro qui est mobile ! Ces Garcigrande n’ont pas tenu les promesses de ces dernières années, manquant de force, de piquant et parfois même de noblesse. Pour celui-là, le Rafi profitera d’une charge intéressante et du peu de transmission que le bicho offre. Le Nîmes décline son toreo, fait voir une nouvelle progression dans sa gestion de la faena et régale l’aficion quand il baisse la main en fin de série. Vuelta à cause des trois envois à l’épée.
Lors de son second duel El Rafi montrera un important panel de bien jolies choses. El Rafi exécutera une nouvelle vuelta après un scénario rare. Le dernier toro de la tarde sort devant un Rafi qui l’attend à la sortie du toril en porta gayola. Une série pleine à courir pour rattraper le toro et à se caler les genoux à terre pour rééditer une passe. Le public tremble, se soulève et exulte. Rafi fait ce qu’il faut. Il avait refusé de banderiller son premier après la demande insistante de ses fans, il accèdera à cette requête sur ce dernier. Sauf que le toro se blesse et El Rafi sent le monde s’effondrer, lui qui était sûr de triompher, il doit tout recommencer avec un exemplaire, le neuvième de la tarde, de Fernay ! S’éteignant peu à peu, le toro endort la course et le Rafi ne peut rien y faire même s’il partage les bâtonnets avec son ami Tomas Ubeda. Vuelta célébrée par un public qui demandait l’oreille.