ALÈS Une pluie d'hommages pour le sous-préfet sur le départ
Après cinq ans de service dans son département natal, le sous-préfet de l'arrondissement d'Alès s'apprête à quitter son poste dans quelques jours, le cœur gros. Depuis la salle des États du Languedoc de la mairie alésienne ce jeudi soir, Jean Rampon a reçu une pluie d'hommages que d'aucuns disent "mérités".
Des maires en veux-tu en voilà, des chefs d’entreprises, des présidents d’associations, des sénateurs, des militaires - il y avait du gradé au mètre carré - et quelques amis photographes, ça fait du monde ! Près de 200 personnes ont assisté ce jeudi soir aux adieux du sous-préfet de l'arrondissement dans la salle des États du Languedoc de la mairie d'Alès. "Merci d’avoir choisi cette salle symbolique", l'a d'ailleurs gratifié le maire, Max Roustan, premier à s'exprimer au cours de cette cérémonie empreinte de solennité.
"On s’était bien habitués à vous. On s’était dit 'voilà un vrai sous préfet'. Et vous devez partir.. Que l’État est mal fait", a ironisé l'édile alésien, qui se demande bien "pourquoi un sous-préfet ne pourrait-il pas rester plus longtemps". En occupant son poste pendant cinq ans, soit depuis le 2 juillet 2018, le natif des Salles-du-Gardon vient en effet d'établir "un record qui sera difficile à battre" d'après celle qui est encore préfète du Gard pour quelques jours.
"Mon cher Jean, c'est un moment joyeux et aussi un peu triste qui scelle ces cinq années passées à cogérer ce territoire avec les élus que nous sommes", a poursuivi le président d'Alès Agglomération Christophe Rivenq, se remémorant quelques souvenirs communs dont "la triste période Covid" durant laquelle les deux hommes multipliaient les réunions d'urgence. "Nous voyons à travers vous l’importance d’une sous-préfecture dans des villes de la taille de la nôtre. Nous allons vous regretter du fond du cœur. Ce territoire a pu avancer grâce à vous. Peut-être parce que vous y avez les pieds plantés grâce à vos racines", a enfoncé le premier adjoint au maire d'Alès, tout en lui remettant quelques présents.
Au nom de la présidente de la région Occitanie Carole Delga, Jean-Luc Gibelin a lui tenu à "insister sur le fait que l’existence des services de l’État permet de corriger et d’adapter un certain nombre de décisions dont l’application aurait sinon un aspect péjoratif pour les territoires". Le vice-président de la Région a par ailleurs loué "l'’écoute" et la "patience" de celui dont la carrière professionnelle a débuté par des fonctions de commissaire de l'armée de Terre.
Après quoi le vice-président du Conseil départemental Patrick Malavieille a transmis au nom de ses collègues conseillers "l’estime" portée à Jean Rampon pendant toutes ces années. "Une estime méritée tant vous avez su vous préoccuper de l’ensemble des dossiers du territoire", a rajouté l'ancien édile grand'combien, tout en lui remettant la médaille du Département. "Nous sommes un peu tristes, parce que malgré les vicissitudes de la vie des élus locaux, on finit par s’attacher. Derrière nos missions et nos engagements, il y a aussi de l’humanité", a conclu Patrick Malavieille à l'adresse de ce serviteur "de la République et du territoire".
"Dynamisme, disponibilité et passion"
Toute proche de la retraite, Marie-Françoise Lecaillon a pratiqué le sous-préfet pendant deux ans et quatre mois. Suffisamment pour brosser un portrait fidèle de l'ancien directeur de cabinet de l'Isère. "Vous avez pris soin de vous rendre dans les 96 communes de votre arrondissement, parfois au volant de votre 2 CV, pour tisser ce lien si important entre les maires et l’État", a complimenté la préfète au sujet de celui qui se montrait "très porteur de l’intérêt de son arrondissement lors des commissions d’attribution des financements".
La représentante de l'État a ensuite retracé quelques faits d'armes de ce passionné de photographie qui n'a pas hésité à "transformer une pièce de sa résidence en chambre noir" pour le développement de ses photos argentiques. Elle a notamment cité sa "présence sur les ronds-points pendant la crise des gilets jaunes", sa "mise en œuvre du plan France relance" pour lequel Jean Rampon était référent, ainsi que sa "gestion exemplaire" des évènements climatiques. Et la préfète de conclure en usant du triptyque qui le qualifie le mieux à ses yeux : "Dynamisme, disponibilité et passion."
Une affectation déjà connue
Avec quelques trémolos inhabituels dans la voix, et c'est bien normal en pareilles circonstances, le Sallois de naissance s'est avancé au pupitre pour lire un discours qui ne faisait "que cinq pages". "C’est avec une émotion toute particulière que je m’adresse à vous ce soir", a entamé Jean Rampon, rassurant l'assistance sur le fait qu'"un cévenol ne quitte jamais vraiment les Cévennes". "Ces années alésiennes seront de loin les meilleures années de ma carrière", a affirmé celui qui avait alors été surpris par cette affectation "improbable".
"En arrivant à Alès, je savais que j’allais devoir redécouvrir le territoire. Des pans entiers de l’arrondissement restaient à découvrir. Je me suis attelé à faire ce que j’aime le plus dans ce métier : aller vers les gens", s'est fendu celui qui restera sous-préfet d'Alès jusqu'au 31 août. Dans l'attente du décret du journal officiel qui, "dans peu de temps", révélera sa nouvelle destination - il la connaît mais en préserve le secret -, en présence de son plus jeune fils Nicolas, Jean Rampon est reparti de la salle des États du Languedoc les bras chargés de cadeaux, une médaille de la Ville d'Alès gravée à son nom et une lampe de mineur pour boussole. Une cérémonie d'une petite heure, simple, sans chichi, à l'image d'un sous-préfet qui n'a jamais couru après les honneurs.