Le temps n’est pas à la fête… Les cieux de l’Ascension alésienne menacent la tenue de la course, la tenue des courses. Mais ce samedi, tout s’est bien passé pour une course attendue avec des toros de qualité, un chef de lidia d’expérience et deux Français, Nîmois qui plus est, qui devaient se montrer.

Premier en piste, un habitué des arènes du Tempéras, Octavio Chacon. Le maestro ne fait pas dans la fioriture, il ne s’égosille pas et ne fait jamais de gestes vulgaires. Non, lui, il torée, se passe les toros et voit ce qu’il advient. Chacon entame relativement patiemment le premier des trois exemplaires (les deux premiers et l'ultime de la course) estampillés Margé. Plutôt honnête sur la gauche il ne parvient pas à lancer la course faute d’acier concluant.

Sur son second, un de Jalabert si vous avez compris le truc, on tombe d’un cran en tout, pour tout. Il faut toutefois rappeler que le bicho, bien présenté, n’a donné que peu de jeu et que le torero n’a pas pu en tirer grand-chose. Le public ne lui en voudra pas car des applaudissements tombent des tribunes pour saluer la prestation de Chacon.

Celui qui va créer la surprise c’est Tibo Garcia. Après sa belle oreille en Crau il y a quelques semaines, le Nîmois récidive et démarre fort. Le jeune diestro, lui aussi habitué des arènes d’Alès, fait le nécessaire pour se mettre en valeur sans oublier de montrer son opposant. Il trouve immédiatement le ton à donner et se colle à la danse proposée par son assaillant. Tibo se laisse aller, se décontracte et embraque avec ses séries des tendidos heureux de le voir ainsi relâché. Emplie d’allégresse, cette tauromachie est belle à voir et à soutenir. Les gradins ne s’y trompent pas et, au vu d’une épée foudroyante, demandent vigoureusement que le palco tenu par Cédrick Buttet fasse tomber le pañuelo. C’est fait, la première oreille de la course tombe bien !

Mais Tibo n’a pas envie de laisser passer sa chance de sortir en triomphe du Tempéras, il va s’arrimer et y arriver à l’issue de son second combat. Entre lui et les épaules du porteur, un toro de Jalabert, coriace, peu commode et qui envoie la tête par-ci, par-là. On a déjà vu Tibo Garcia dans ce genre de piège, en août 2021 dans ces mêmes arènes. Deux ans de travail plus tard, deux années d’expérience en plus dans sa besace, il se pose et travaille au corps. L’idée est là et les recours techniques aussi. Oreille et donc sortie en triomphe pour un Tibo Garcia plus heureux que jamais !

Le Rafi se présente en terre alésienne. Cela lui fait plaisir de défiler ici mais il ne vient pas pour ça. Alès est sa première course de la saison, il faut bien démarrer pour que le mental suive. Et on ne pourra pas dire que le Nîmois se soit raté. Il écoutera le silence, certes, à l’issue de sa première prestation face à un toro de Margé mais le jeune a proposé des choses. Il reçoit son toro les genoux vissés en terre. Puis, une tauromachie douce et suave, précise et précieuse, quasi soyeuse par instants, se met en place. Son Jalabert use de génuflexions et ne transmet pas autant qu’escompté, dommage...

El Rafi va bouffer du Margé cette année. Autant bien commencer ! Il va couper sa première et unique oreille alésienne en fin de corrida. Pourtant brouillon à la réception d’un toro à la magnifique robe moucheté, un burraco, le Rafi va très vite se recentrer et se mettre dans les terrains d’intérêts pour lui comme pour le toro qui tient en haleine l’assemblée. Va-t-on assister à un double triomphe ? Hélas non, le Rafi ne coupera qu’une oreille mais pour une première, c’est une bonne première !