Il était 10h30 ce samedi matin lorsque le petit Elliott a foulé la terre cendrasienne. Au sommet de la commune de Cendras où elle vit, dans le quartier des Avignières bordé par une épaisse forêt, la famille Bonicel scrutait avec impatience son arrivée. L'âne, un bellâtre de 4 ans, a été transporté jusqu'au nord d'Alès par un membre de l'association Équi-libre, laquelle est basée dans le petit village nommé Le Garn, près de la frontière ardéchoise. 

Elliott y coulait de jours heureux jusqu'à l'appel de Rémy Bonicel. Pour rappel, le 25 décembre dernier, le père de famille a vécu un Noël quelque peu tourmenté. Le lendemain, après avoir reçu une balle de gros calibre dans la cuisse, Anatole, l'âne fétiche de la famille et de tout un village, perdait la vie. En voyant l'équarrisseur à l'œuvre, Canelle, l'ânesse, avait tout compris. "Elle a beaucoup pleuré", raconte Rémy Bonicel, qui a mis un temps avant de la réapprivoiser.

La faute à un nouvel incident survenu quelques jours plus tard, le 1er janvier, lorsque l'enclos des équidés a été dégradé par un ou plusieurs individus non-identifiés. "Je ne sais pas ce qu'on lui a fait, mais je suis sûr qu'on lui a fait du mal", jure l'épouse Bonicel, qui craint des coups de bâtons voire de taser. Depuis ce double évènement, l'enquête serait en cours. Ce mercredi 4 janvier, un rassemblement a même été organisé par les riverains (relire ici). 

Si la piste d'un accident de chasse semblait faire l'unanimité auprès des voisins qui ont entendu "plusieurs coups de feu" et des aboiements de chiens le 25 décembre "entre 16h et 17h", les enquêteurs ont écarté cette option en indiquant que la société de chasse de la commune était à l'œuvre sur un autre secteur au même moment. Las, désabusé, Rémy Bonicel n'y croit guère et renonce : "Ça va tomber à l'eau. J'en suis persuadé !"

Le Cendrasien, qui partage une propriété de 3,5 hectares avec l'ensemble de sa famille, enfants et petits enfants compris, émet un simple souhait : "Que ça ne se reproduise plus." Ce samedi matin, l'arrivée d'Elliott a donc mis du baume au cœur des Bonicel, heureux de découvrir un âne haut sur pattes et dont la robe gris clair rappelle étrangement celle d'Anatole. Signe du destin, l'équidé porte le même prénom qu'un jeune membre de la famille qui n'est autre que le petit-fils de Rémy Bonicel. 

Devant quelques proches voisins, Elliott a été présenté à Canelle qui le guettait depuis le matin. Les premières interactions entre les deux équidés ont été prometteuses et leur complicité saute déjà aux yeux. Un soulagement pour le propriétaire qui espère retrouver un peu de tranquillité.