23 ans depuis son rachat par la mairie, sous le mandat de Pierre Larguier, puis des travaux successifs depuis dix ans avant, enfin, l’inauguration des lieux et de l’exposition qu’il abrite, ce vendredi soir. « Cette soirée marque une étape importante dans la vie de notre communauté », mesurera le maire, Michel Lafont dans son discours, avant d’inviter trois de ses prédécesseurs impliqués dans le projet, Rolande Dolladille, Aleth Robin et Raymond Bonnefille, à couper le ruban à ses côtés.

Une étape importante aussi dans l’histoire mouvementée d’une église qui apparaît dans les textes pour la première fois en 1272. Elle sera « le témoin de nombreux affrontements, déchirement, notamment au moment des guerres de Religion », retracera le maire. Belvézet la catholique, n’a pas été épargnée à l’époque. Puis l’église Saint-André sera désacralisée à la fin du XIXe siècle pour entamer une nouvelle vie, déjà, mais moins prestigieuse. Vendue à une famille du village, elle deviendra… un hangar agricole.

Alors qu'elle menace ruine, la mairie décidera de la racheter en 2000 et de la faire inscrire à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques. Pour en faire quoi ? Le débat agite Belvézet, d’autant que la restauration de pareil édifice est très coûteuse, surtout pour un village de cette taille. Mais l’urgence est à mettre l’édifice hors d’eau et hors d’air, puisque la voûte s’était effondrée, ce qui sera l’objet d’une première phase de travaux il y a une dizaine d’années.

Puis, « nous avons décidé en concertation avec les habitants d’en faire un espace culturel pour tous », présente, non sans fierté, celui qui occupe le fauteuil de maire depuis 2020. Expositions, concerts, conférences vont se succéder dans ce lieu hors du temps, mais qui a conservé les traces du passage des siècles. « Nous avons gardé les enduits du XVIIe siècle sur la façade, restauré les décors à l’intérieur, des peintures pour certaines médiévales et pour d’autres du XVIIe siècle. Nous avons conservé les arrachements, et mis en valeur le premier édifice datant du VIIe siècle, retrouvé lors des fouilles, assez rare dans le coin », développe l’architecte du patrimoine Gabrielle Wellisch. Le choix de verrières sur les bas-côtés illustre cette volonté de ne pas masquer les affres du temps, tout en laissant entrer la lumière nécessaire à la nouvelle destination des lieux.

« Nous voulions garder des traces de chaque époque de vie du bâtiment », résume le maire, alors qu’une nouvelle époque s’ouvre désormais. « Nous nous inscrivons dans ce grand récit », reprend Michel Lafont. Pour démarrer cette nouvelle vie, l’église accueille une exposition de pas moins de seize artistes résidents du village. De quoi illustrer « cette vie de village collective, riche, dense », pour le conseiller départemental Philippe Ribot. Le Département a participé à la rénovation des lieux par le biais de ses contrats territoriaux, - comme le soulignera la conseillère départementale déléguée à ces contrats, Carole Bergeri- comme la Région et l’État. Une aide indispensable : le projet a coûté 1,2 million d’euros, somme largement hors d’atteinte pour un village comme Belvézet.

« Bien souvent, les petites communes sont propriétaires d’édifices religieux construits avant 1905, c’est un honneur, mais aussi une charge considérable », notera le sous-préfet d’arrondissement, Frédéric Loiseau, avant de rappeler que l’État venait largement en soutien des communes sur ce plan. De quoi aider Belvézet à rénover et réinventer son ancienne église, passée de lieu cultuel à culturel, de la foi religieuse à celle en la capacité de la culture à, estime le maire, « nous permettre d’être libres ».