Publié il y a 1 an - Mise à jour le 10.10.2023 - Thierry Allard - 3 min  - vu 1612 fois

FAIT DU SOIR À Uzès, un accompagnement sur-mesure pour les artisans d’art

Une partie de l'équipe de l'association Angélique, avec des artisans d'art gardois, ce mardi à Uzès

- Photo : Thierry Allard

Bien souvent, les artisans d’art qui se lancent ont un savoir-faire, mais présentent aussi des lacunes dans ce qui est moins artistique, comme la gestion et la communication. Alors l’association Angélique, qui gère la Maison des artisans d’art à Uzès, propose un accompagnement depuis près de quinze ans, pour faire des artisans d’art des entrepreneurs à part entière.

« La problématique, c’est que vous ne vivez pas de votre activité comme vous devriez en vivre », pose Lydia Bouziane, de l’association Angélique, ce mardi matin à Uzès lors d’une réunion avec une poignée d’artisans d’art venus des quatre coins du Gard. Thibaut Philippe, qui s’est lancé il y a deux ans à Saint-Jean-du-Gard dans la confection de lampes en bois réalisées à partir de bois collecté dans les forêts cévenoles, ne dit pas autre chose : « J’adore faire ce que je fais, mais je n’en vis pas, et je n’ai pas envie de repartir dans un autre métier. »

Sophie Briot, céramiste à Mus dans le cadre d’une reconversion professionnelle, a quant à elle lancé son entreprise en avril dernier. Pour elle aussi, le fait de vivre de son activité est pour l’instant un horizon : « Mon salaire pour l’instant, c’est plus de recevoir des gens qui me disent qu’ils aiment ce que je fais », dit-elle. C’est pour ce profil d’artisans d’art que l’association Angélique, fondée en 1998 par Daniel Durand, a lancé Arthème en 2009. Plus qu’une formation, un accompagnement en partenariat avec la Chambre de métiers et de l’artisanat (CMA), qui a déjà vu passer plus de 75 artisans d’art par ses ateliers.

« Nous avons des modules complets, avec dans l’équipe un designer, une communicante, une personne qui vous accompagne pour travailler votre personnalité, une partie commercialisation, un expert-comptable, un juriste, un intervenant extérieur de la CMA, détaille Lydia Bouziane. Vous avez un savoir-faire, mais tout ce qui concerne le monde de l’entrepreneuriat, c’est quelque chose que vous fuyez en courant, or c’est la base pour que vous puissiez vivre de votre métier », lance-t-elle aux artisans d’art présents.

Accompagner et mettre en réseau

Des artisans d’art qui doivent donc apprendre à devenir aussi des entrepreneurs à la faveur de cette formation de six journées financée notamment grâce aux mécènes d’une association qui, si elle souhaite les aider à développer leur entreprise, « n’est pas là pour faire du business », indique Gilbert Bec, ancien cadre dirigeant d’Haribo, toujours très impliqué dans l’association qu’il a présidée par le passé. « Si vous arrivez à sortir avec un plan précis, un compte d’exploitation, que vous savez où vous mettez les pieds, c’est déjà bien », reprend-il.

Pas facile d’endosser ce costume de chef d’entreprise par-dessus celui d’artisan d’art. « C’est une angoisse pour moi de mettre un prix », admet Sophie Briot, qui évoque aussi parfois « un syndrome de l’imposteur ». Idem pour Thibaut Philippe, qui a du mal à « mettre un prix sur des pièces uniques. » Avec un positionnement de marché pas toujours adéquat, la tentation est alors grande de brader son travail, ce qui n’est pas vraiment une solution pérenne. « Souvent, vous n’êtes pas assez chers », affirme Lydia Bouziane. Et souvent aussi, les artisans d’art sont dans leur couloir, trop seuls.

Alors l’association Angélique veut aller plus loin que cet accompagnement, en assurant « la promotion des métiers d’art pour leur redonner leurs lettres de noblesse », avance Gilbert Bec. Pour y parvenir, il est question de créer un réseau des artisans d’art. « Nous avons répondu à un appel à manifestation d’intérêt sur l’axe Uzès-Montpellier », précise le designer Christophe Moineau, membre du bureau de l’association, sur cette question du réseau, pour « amener des contacts, donner envie. »

Pas du luxe : « Nous sommes éparpillés, il est bien de se fédérer avec Uzès », note la bijoutière nîmoise et membre de l’association Jemanîmes, qui oeuvre pour la promotion des métiers d’art dans la cité des Antonin. L’idée étant toujours de promouvoir et d’aider à développer une filière très présente à Uzès, notamment avec son lycée polyvalent, et qui fait rayonner le territoire bien au-delà de ses frontières.

Plus d’informations ici.

Thierry Allard

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio