BEAUCAIRE Ingénieur-artisan des mots, Ahmed Agbani veut "faire du bruit avec la culture"
La 25e édition du Printemps des poètes débutera le samedi 11 mars pour se poursuivre jusqu'au 25 mars. Cette manifestation culturelle qui rayonne à l'échelle nationale a pour thème cette année : Les frontières.
Cette année encore, Ahmed Agbani et son petit groupe de bénévoles de l'association Beaucaire Turlure, se joignent à cette fête en proposant des lectures publiques, des expositions etc, les samedi 18 et dimanche 19 mars, sur la place de la République. "Dans un monde aussi sinistre, la poésie libère les esprits." À travers ses mots, Ahmed Agbani inspire le pessimisme, une fausse idée que le septuagénaire balaie de larges sourires et de regards malicieux.
Ce n'est certainement pas par hasard qu'il nous a donné rendez-vous au café-restaurant L'Instant Bonheur. Assis sur sa chaise, accoudé à une table carrée posée sur un tapis rond - ce qui le fait sourire davantage - cet ancien professeur d’université, éditeur, libraire, autrefois organisateur d'un salon de la littérature occitane à Montolieu dans l'Aude, auteur, poète et conteur, livre son amour pour les mots, leur pouvoir sur l'être humain.
Celui-là même qui "les malmène" en pianotant frénétiquement sur l'écran de son smartphone. "Il n'y a rien de pire que ce langage téléphonique", souffle-t-il. Pourtant cet homme n'est pas ce qu'on appelle un conservateur dans ce domaine, il a même créé la cacographie, une écriture nouvelle qui prend tout son sens à voix haute. Une invention pour mieux traduire son amour pour les mots en faisant danser les phonèmes.
La poésie, "le meilleur cannabis pour l'être humain"
Et il apprécie particulièrement quand un lecteur nouveau se prête au jeu, même s'il se montre hésitant, la bienveillance de l'auteur encourage à s'attaquer à ces mots méconnaissables à première vue. Des acrobaties verbales que l'on retrouvera très certainement à l'occasion de ce Printemps des poètes à Beaucaire. Un week-end lors duquel Ahmed Agbani et ses amis veulent "faire du bruit avec la culture et ouvrir les esprits". Et le même de poursuivre : "la poésie permet de s'inscrire dans un monde en lien avec la nature, ça participe à l'éveil de l'humain et à la conscience. C'est le meilleur cannabis pour l'être humain", conclut-il rieur.
Cette rencontre organisée sur la place de la République sera aussi l'occasion de découvrir le dernier livre d'Ahmed, inspiré de l'histoire du Drac et notamment de la Lavandière. Le plasticien Hubert Passe, le calligraphe Hussein Kourdi ainsi que le groupe la Bande à Bader, entre autres, participeront également à cet événement qui s'accompagne de l'installation d'une libriaire nomade. Pour plus d'informations : 06 01 40 42 91 ou auca1130@gmail.com.
Le Printemps des poètes...
Imaginé à l’initiative de Jack Lang, et créé à Paris du 21 au 28 mars 1999 par Emmanuel Hoog et André Velter, afin de contrer les idées reçues et de rendre manifeste l’extrême vigueur de la poésie, Le Printemps des Poètes est vite devenu une manifestation d’ampleur nationale. Sous l’impulsion d’Alain Borer en 2001, puis de Jean-Pierre Siméon de 2002 à 2017, un Centre pour la Poésie est venu prolonger les temps forts du Printemps tout au long de l’année. C’est ainsi que la voix des poètes s’est propagée et que de nombreuses actions poétiques se sont déployées sur tout le territoire et jusqu’à l’étranger. En 2018, c’est un troisième souffle, un passage de témoin à Sophie Nauleau, avec L’Ardeur pour emblème, Jean-Marc Barr pour parrain et Ernest Pignon-Ernest pour artiste associé. Puis La Beauté aux côtés de Rachida Brakni et d’Enki Bilal. En mars 2020, Le Courage se révèle prémonitoire, avec une affiche originale signée Pierre Soulages et Sandrine Bonnaire pour marraine. Le Désir lui succède en 2021, escorté par Sarah Moon et Marina Hands de la Comédie-Française. 2022 magnifie L’Éphémère, sur une image de Pina Bausch, en compagnie de Golshifteh Farahani. 2023 s’en vient questionner les Frontières.