BEAUCAIRE Le renouvellement du PSMV, nouvel espoir pour le centre ancien
Le 7 mars dernier se tenait au Casino municipal à Beaucaire une réunion publique concernant la révision du Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur en vigueur sur son territoire. C’était là l’occasion pour la mairie de présenter les différentes étapes de ce projet et d’en expliquer l’impact sur la ville et ses habitants.
« Je vous mets à l’aise, la révision du PSMV, ça dure cinq ans. » C’est sur ces quelques mots qu’a commencé la réunion de concertation publique concernant la révision du Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV, anciennement connu comme SPR, Site Patrimoine Remarquable) sur la ville de Beaucaire. La réunion se tenait le 7 mars dernier au Casino municipal de la ville, en présence du maire de Beaucaire Julien Sanchez, mais également de Yoann Gillet, député du Gard, Gilles Donada, conseiller régional, Antoine Paelotti, architecte des Bâtiments de France et de l’équipe du cabinet Archipat, en charge du dossier.
Qu’est-ce qu’un PSMV ?
Le PSMV, c’est un document d’urbanisme. Validé en 2001, il remplace tout plan local d’urbanisme à l’intérieur du périmètre désigné du site patrimonial remarquable, ici le centre-ville de Beaucaire. Ainsi, tous les projets de travaux doivent être en conformité avec ce document sous peine de se voir invalidé. Cependant, ce dernier ne semble plus être adapté aujourd’hui, c’est pourquoi la Mairie de Beaucaire, en accord avec les services de l’État, a décidé de mettre en révision ce texte. Cette révision se fera donc sur cinq ans, et coûtera plus de 700 000 euros (dont 70% ont été subventionnés par l’état).
L’intérêt d’un tel projet, c’est de pouvoir « améliorer la qualité de vie en centre ancien en modifiant certaines règles obsolètes en vigueur depuis plus de 30 ans et non modifiables sans cette procédure de révision » selon la mairie. Ainsi, les immeubles qui ne sont pas remarquables pourraient se passer de certaines démarches administratives prévues par le PSMV. De même, la ville pourra s’adapter aux évolutions technologiques ou environnementales.
Pour le maire, c’est également l’occasion de mettre en place quelques règles qui n’existent pas à ce jour, et qui ne dépendent pas de la commune, mais de la communauté de communes. Par exemple, les conteneurs à ordure. « C’est dégueulasse, pour ne pas dire autre chose » : l’idée serait d’imposer des caches-poubelles, comme cela peut se faire ailleurs, pour éviter d’imposer la vue des conteneurs sur la place publique. Autre grief envers la CCBTA, les éclairages publics, ou plutôt les publicités qui habillent les poteaux pour les différents événements estivaux se déroulant sur la commune. « On ne peut pas voir des publicités qui fleurissent tous les trois mètres dans un secteur de patrimoine remarquable, ce n’est pas possible. »
Beaucaire, Belle au bois dormant
Pour mener à bien cette mission, le cabinet Archipat, un cabinet d’architecture, s’est invité dans les différents bâtiments, privés et publics de la commune. L’objectif étant de répertorier avec précision, des caves aux toitures, ce qui peut, ou non être considéré comme remarquable, et donc à protéger. Ainsi, seuls un escalier, ou une façade par exemple pourront être classés, et non pas l’entièreté du bâtiment, ce qui facilitera grandement certaines démarches aux propriétaires. Une capture vidéo par drone des toitures a également été réalisée afin d’avoir une vision plus évidente des volumes de la ville.
« Beaucaire, c’est une ville fabuleuse, on ne va rien vous apprendre ce soir parce que vous vivez dans vos murs qui sont extraordinaires » s’exclame Christian Markiewicz, archéologue. Il est vrai que Beaucaire recèle jusque dans ses sous-sols quelques trésors historiques qui remontent à l’antiquité. « A l’intérieur de la ville, l’archéologue que je suis est un peu frustré, parce que le centre ancien est une Belle au bois dormant qui ne se laisse pas tant faire que ça. L’antiquité est présente, surtout dans vos caves qui sont des monuments historiques en puissance qu’il faut protéger. L’antiquité est là, le moyen-âge est là partout dans les élévations, quel bonheur de travailler chez vous !»
L’ilot des Pêcheur, bête noire ou trésor caché ?
Un autre point phare du projet, c’est la question de la revalorisation des espaces, et notamment de l’ilot des Pêcheurs. Voilà 40 ans peu ou prou que cet ilot hante les conseils municipaux, à la grande frustration des habitants et des élus. « Cet ilot me sort par les yeux » déclare même Julien Sanchez. « La volonté de la mairie c’est de faire quelque chose de cet ilot, d’arriver à une solution d’ici la fin de ce PSMV. C’est l’urgence de la commune d’en finir avec ce lieu qui était dangereux, on a déjà investi 26 000 euros pour sa sécurisation, mais ça m’inquiète toujours. »
Si l’avis du maire (qui voudrait par ailleurs carrément « se débarrasser » de l’ilot pour aérer la ville) est partagé par les habitants qui dénoncent des odeurs infâmes et des incivilités récurrentes, Archipat n’est pas tout à fait d’accord. Le cabinet a en effet découvert des vestiges de murs notamment qui pour eux sont à conserver et protéger : « En visitant l'ilot, on s'est dit que si toute la ville était à l’image de ce qu’on a vu au cœur de cet ilot ça serait sublimissime. C’est là qu’on a identifié les parties de bâtiment les plus anciennes de la ville qui remontent au 12e ou 13e siècle. »
« On a envie d’avoir une belle ville »
D’autres questions ont été soulevées par les participants à la réunion, notamment celle des câbles réseau, des panneaux solaires ou encore des travaux de mise aux normes énergétiques dans des bâtiments classés. « Le DPE, le diagnostic de performance énergétique, ne prend pas en compte les spécificités de l'habitat ancien. On le sait, c'est très compliqué." indique Philippe de la Chapelle. De manière générale, cette révision du SPMV est donc bien accueillie par les habitants, qui pour beaucoup se demandent encore « combien de temps on va laisser les beaucairois vivre dans un centre ancien pourri ? On a envie d’avoir une belle ville ».