Ce dimanche, le salon du livre "Lire en lumière" célébrait sa première édition. Un premier chapitre écrit à six mains, celles de Corinne Lachayze, Brigitte Colombo et Maryline Bultel, toutes les trois commerçantes à Beaucaire. La première est la gérante d'une librairie "Les mots bleus", la seconde de "La magie d'Isis", boutique dédiée à l'ésotérique et au mieux-être, la troisième a créé le restaurant-bar à jus-brocante "L'instant bonheur". Leur envie, "célébrer la littérature et les auteurs régionaux, mettre en avant leur talent", répond Corinne. 

>> À relire : BEAUCAIRE. Trois commerçantes s'associent pour créer un salon du livre.

Piochant dans son carnet d'adresses, la libraire invite quatre, cinq, six auteurs, parmi lesquels Christine Hainaud et Frédéric Somon, et leur demande de jouer les messagers. Le bouche-à-oreille a fait son petit bonhomme de chemin, une quarantaine d'auteurs a investi le Casino municipal de Beaucaire ce dimanche.

"C'est pour nous l'occasion de nous faire connaître et de défendre la lecture à une époque où les jeunes sont focalisés sur leur tablette ou leur téléphone", souligne Frédéric Somon, auteur de polars dont Quand la Dombes tue (Prix de l'Acadenîmes du polar 2022) ou encore La chimère de la Dombes, sélectionné parmi les six polars français lors de la rentrée littéraire 2021-2022.

Frédéric Somon s'est lancé dans l'écriture, un peu par hasard, des poèmes d'amour d'abord. Puis changement de registre. Marin volontaire à 17 ans, puis officier de police judiciaire de la gendarmerie, il s'est tout logiquement dirigé vers le polar. À 67 ans, l'actuel délégué du procureur de la République au tribunal judiciaire de Nîmes mais aussi organisateur du salon du livre d'Aigremont, publiera chez M+ Editions, son cinquième roman au printemps 2024, intitulé Le piège de l'ours russe.

Derrière lui, un autre homme, un autre écrivain, un autre parcours, mais une passion partagée pour l'écriture. "C'est le dernier salon de l'année", lâche Paul Pariente à la fois soulagé et amusé. Il faut dire qu'il en est à sa 38e rencontre de l'année avec le public. Non pas qu'il s'en plaint mais une maladie génétique diagnostiquée dès son adolescence, vient parfois jouer les trouble-fêtes dans son quotidien. Ce qui ne l'a toutefois jamais freiné dans ses envies. "À 15 ans, on me disait incapable de rester debout plus de 15 minutes, ça ne m'a pas empêché de devenir cuisinier et ça pendant 43 ans", témoigne-t-il. Ce chef retraité aujourd'hui âgé de 70 ans partage ses recettes dans des dizaines de livres, le premier a été publié en 1999. 

Le Cigalois ne se contente pas de lister les ingrédients, ni d'énumérer ses trucs et astuces, à chaque ouvrage son originalité. Paul Pariente donne même de sa voix, dans l'une de ses oeuvres, partgeant ses formules culinaires en slam. Le mélange des genres plaît, les "Recettes écrites et chantées" se sont vendues à plus de 1 500 exemplaires. Pas mal "pour un petit gars du coin !".

De quoi mettre un peu de beurre dans les épinards. "Ces salons, on y prend plaisir parce qu'on y rencontre du monde, mais on vend aussi des livres. L'écriture ne permet pas de vivre, hormis une dizaine d'auteurs en France. Pour ma part, c'est un vrai complément de retraite, ce grâce à quoi je peux manger." Le septuagénaire qui ne manque pas d'idées, sortira prochainement un livre audio, toujours dédié à la cuisine française, avec la collaboration de l'imitateur Thierry Garcia. "Il m'a fait l'Aligot avec la voix de Shirley et Dino, c'est impressionnant !"

Frédéric Ploquin en tête d'affiche

Le grand reporter pour le magazine Marianne, spécialisé dans les milieux de la police, du banditisme et du renseignement, Frédéric Ploquin, a lui aussi participé à ce premier salon "Lire en lumière". "Je ne connaissais pas Beaucaire. Je suis venu encourager cette belle initiative qui nous met directement en relation avec le public. C'est important de voir le visage de ceux qui nous lisent, de trouver ces instants pour nous ouvrir, tandis que l'écriture à proprement parler à tendance à nous contraindre dans un cercle fermé."

Le journaliste d'investigation a signé de nombreux ouvrages, le dernier en date, Les réseaux secrets de la police (publié chez Nouveau Monde Éditions) dans lequel il délivre quelques-unes de ses notes inscrites dans des carnets accumulés depuis plus de 40 ans. Elles sont issues d'entretiens avec les pontes du ministère de l'Intérieur, et pas que. "Je ne fréquente pas que la crème de la crème, mais tous gradés jusqu'aux gardiens de la paix."

Cela pour montrer ces réseaux plus ou moins secrets qui traversent la police, elle-même organisée par familles, qu'elles soient géographique, politique ou franc-maçonne etc. Frédéric Ploquin raconte, balayant l'idée de défendre ou d'attaquer, se plaçant simplement "contre les lectures idéologiques qui sont faites du métier de policier." Il ouvre une fenêtre sur un univers inconnu, insoupçonné même, un travail de grande ampleur, qui a démarré insconciemment, il y a quelques décennies, au début de sa carrière, en tant que localier pour La Voix du Nord qui s'est vu confier la rubrique Faits divers.