FAIT DU JOUR Ligne à très haute tension : "Le débat de la dernière chance"

RTE prévoit la création d'une ligne aérienne de 400 000 volts entre Jonquières-Saint-Vincent et Fos-sur-Mer.
- Photo d'illustration : Voix du Nord/MAXPPPL'association sauvegarde Terre d'Argence (ASTA) et le collectif stop THT 13-30, organisent ce mercredi soir une réunion publique à la salle Les Cigales à Bellegarde. Au coeur des discussions, le projet RTE portant sur la création d'une ligne aérienne 400 000 volts entre Jonquières-Saint-Vincent et Fos-sur-Mer. Un dossier électrique inscrit dans un débat global en cours (jusqu'au 13 juillet), mené par la Commission nationale du débat public.
Les opposants au projet de création d'une ligne électrique aérienne de 400 000 volts entre Jonquières-Saint-Vincent et Fos-sur-Mer ne baissent pas les armes. Et cela après plus d'un an de bataille face à RTE, gestionnaire du réseau de transport d'électricité français, porteur du projet dont l'objectif est de permettre la décarbonation de la production industrielle de Fos-sur-Mer, l'arrivée de nouveaux acteurs industriels sur le site, ainsi que de faire face à l'augmentation prévue de la consommation électrique dans la région. "C'est long, mais nous restons mobilisés, nous ne sommes pas dans l'opposition pure et dure, mais dans la proposition", rappelle Jean-Luc Moya du collectif Stop THT 13-30. C'est-à-dire une solution alternative très travaillée pour ne pas voir les quelque 180 pylônes d'environ 60m de haut sortir de terre, sur une distance de 65 km, depuis Jonquières-Saint-Vincent en passant par Bellegarde, Fourques, Arles, Saint-Martin-de-Crau. Tel est le fuseau "de moindre impact" validé par le préfet de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, le 27 septembre 2024.
Depuis, des acquis, très attendus, ont été obtenus, dont la saisine de la Commission nationale du débat public, l’autorité indépendante chargée de garantir le droit à l’information et à la participation de toutes les personnes aux décisions qui concernent l’environnement. Ainsi, depuis le 2 avril, la CNDP organise un débat global sur des dossiers de réindustrialisation et de décarbonation du territoire de Fos-sur-Mer et de l’étang de Berre. Parmi les multiples projets qui participeraient à la transition industrielle proposée par l’État figure, en première ligne, la THT. "On ne peut pas traiter Fos-Berre indifféremment de la ligne THT. C’est un moment démocratique inédit, a souligné le préfet de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Georges-François Leclerc, lors de la conférence de presse organisée le 1er avril à Marseille. C'est la première fois que la CNDP organise un débat d’une telle ampleur géographique et d’une grande envergure thématique."
"Ce débat-là, on le fait à Arles parce qu’on pense que c’est là qu’il sera le plus fécond."
Georges-François Leclerc, préfet de la région PACA.
Ce débat - qui prévoit d'aborder diverses problématiques au-delà du cadre de la maîtrise du processus industriel : transport, logistique etc - dépassera les frontières administratives de la zone industrialo-portuaire de Fos puisque des réunions publiques sont prévues à Beaucaire le 30 avril, à Saint-Martin-de-Crau le 20 mai ainsi qu'à Arles, le 2 juin. "Ce n’est pas la solution de facilité que j’ai souhaitée dans le cadre d’une saisine rectificative, a indiqué le successeur de Christophe Mirmand. Nous avons décidé d’être loyaux, transparents et d’aller expliquer dans un cadre très protocolaire, moderne et inédit, qui est celui de la CNDP, le pourquoi, dans quelles conditions, comment faire en sorte que l’approvisionnement de l’ensemble de la région PACA soit sécurisé. Ce débat-là, on le fait à Arles parce qu’on pense que c’est là qu’il sera le plus fécond et fécond est un euphémisme."
D'ici là, par ailleurs, les résultats de l'étude contradictoire et indépendante sur les possibilités d'enfouissement partiel ou total de la ligne auront été versés au dossier consultable sur le site de la CNDP. Les solutions alternatives y figureront également. Le débat se poursuivra jusqu'au 13 juillet. "Suite à cela, les décideurs, État, RTE, se positionneront pour savoir s'ils poursuivent ou pas ce qu’ils ont prévu", a conclu Audrey Richard-Ferroudji, présidente de l’équipe du débat public.
"On ne se fait pas d’illusion sur la détermination de l’État", lâche Luc Perrin, membre de l'ASTA et du collectif Stop THT 13-30. D'autant que le préfet a insisté sur le fait que plusieurs des projets examinés lors de ce débat global "sont très avancés", au point "que l’on peut conjuguer pour la plupart d’entre eux à l’indicatif futur". Ainsi, si la tenue de ce débat global "est une avancée démocratique forte", reconnaît Jean-Luc Moya, l'homme également membre du collectif opposé à la ligne THT, reste méfiant. "C'est le débat de la dernière chance. S'il est tronqué, s’il est malhonnête, ça va être le fight." Et le même d'insister : "Si à l’issue du débat, le préfet ordonne une enquête publique sur la ligne aérienne, il y aura du fight."
"Les colères sont aujourd’hui très fortes sur les territoires"
Jean-Luc Moya, membre du collectif Stop THT 13-30
À la fin du mois de mars, le collectif a signé une convention d’honoraires avec deux avocats. "On est dans la composition jusqu’au bout, mais on prépare le juridique en même temps. Les avocats ont commencé le travail", assure Luc Perrin. Jean-Luc Moya anticipe même un mouvement de contestation sur le terrain : "Il y a de fortes chances qu’on en vienne aux mêmes logiques que pour l'autoroute A69, Notre-Dame des Landes (...) Les colères sont aujourd’hui très fortes sur les territoires. Le collectif, les agriculteurs, les politiques ont été très polis jusqu’à maintenant." L'objectif final est fixé : zéro pylône. "Notre territoire, il faut le protéger. Et il est hors de question qu’il y ait des concessions et du chantage économique sur ce territoire. L'autre concession refusée, c’est d’être récupérés par quelque parti politique que ce soit." Avant la séance dans le cadre de la CNDP à Beaucaire, le 30 avril, l'ASTA et le collectif stop THT 13-30 organisent ce mercredi à partir de 18h30 une réunion publique à la salle Les Cigales à Bellegarde.
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