FAIT DU SOIR Amélioration de l'habitat en Terre d'Argence : plus de 4 millions d'euros de subventions attribuées en cinq ans
En cinq ans, 244 logements situés dans les centres de Beaucaire, Bellegarde et Jonquières-Saint-Vincent, ont été réhabilités dans le cadre de l'Opération programmée d'amélioration de l'habitat et de renouvellement urbain (OPAH-RU). Soit une enveloppe de près de 11 M€ TTC de travaux réalisés pour 4,3 M€ de subventions.
L'heure est au bilan. L'OPAH-RU lancée en 2018 s'est achevée à la fin de l'année 2022. Pour bien comprendre, ce dispositif initié par la Communauté de communes Beaucaire Terre d'Argence permet de lutter contre l'habitat indigne ou dégradé, la précarité énergétique, d'adapter des logements au vieillissement ou au handicap ainsi que de permettre la remise sur le marché locatif des logements vétustes ou abandonnés. Et cela grâce à une enveloppe de plus de 6 M€ abondée par l'Agence nationale de l'habitat et donc l'État (5,1 M€), la CCBTA (1,4 M€) et le Conseil départemental du Gard (78 000 €), ainsi que de la Région pour l'obtention de l'éco-chèque.
"Une vraie satisfaction"
Après études et dès la signature de cette convention, l'objectif était fixé à 331 logements rénovés en cinq ans, dans les centres de Beaucaire, Bellegarde et Jonquières-Saint-Vincent, selon un périmètre bien défini. "Il y en a eu 244 pour un coût total de travaux réalisés de 10,7 M€ dont 4,3 M€ de subventions attribuées donc nous avons atteint 74 % de notre objectif. C'est une vraie satisfaction, d'une part pour les propriétaires occupants ou bailleurs qui n'ont pas de gros revenus et que nous avons aidés (*). Mais aussi pour l'économie locale", a souligné Juan Martinez, le président de la CCBTA, accompagné de l'équipe d'urbanisme en charge de l'animation et du suivi de l'OPAH-RU. 30 % des travaux ont été réalisés par des entreprises (RGE) du territoire de la Terre d'Argence.
Type de travaux réalisés
Les propriétaires occupants s'orientent principalement vers des travaux de lutte contre la précarité énergétique à 46%, d'adoption à 40%. Les propriétaires bailleurs se concentrent principalement sur de la réhabilitation complète de bâtis dégradés vacants ou occupés.
Et pourtant, au beau milieu de ces cinq dernières années, la crise sanitaire puis la guerre en Ukraine, ont fortement bouleversé le marché de la rénovation. Ce n'est pas l'envie qui manquait, mais les matériaux. Les prix ont augmenté également de 20 à 30 %. Et puis, il faut dire que cette appellation barbare OPAH-RU n'évoque pas forcément grand-chose à tout le monde. Début d'année 2022, à peine 1,6 M€ des crédits avaient été consommés, soit 162 logements rénovés. Force est de constater que les efforts fournies par les équipes de la CCBTA et d'Urbanis pour faire connaître ce dispositif ont porté leurs fruits.
Vincent Gutierrez est l'un des porteurs de projet. L'homme, maçon de formation qui espère partir à la retraite prochainement, a investi dans un immeuble situé rue Louis-Blanc à Beaucaire. Un bâtiment de 490 m2, dernièrement occupé par des chats et des pigeons, qui à terme accueillera sept logements, dont deux de 90 m2 et des places de parking en rez-de-chaussée. S'il avait donné son autorisation pour organiser une visite de chantier vendredi, il ne s'attendait pas à recevoir le président de la CCBTA, son vice-président et maire de Beaucaire, Julien Sanchez, lui-même accompagné de son adjoint délégué à l'Urbanisme et conseiller communautaire, Gilles Donada. Ces élus sont tombés sur un bon client.
"Certaines prescriptions sont incohérentes, il faudrait être un peu plus souple"
Car Vincent ne s'en cache pas, ce projet aurait été difficile à réaliser sans les aides, soit 256 000 € sur un budget travaux d'un peu plus de 500 000 €. Mais il n'a pas hésité à faire remonter aux élus quelques défaillances. Ce n'est pas toujours agréable à entendre, mais nécessaire d'autant plus lorsqu'on ambitionne de lancer une nouvelle OPAH-RU, mais nous y reviendrons plus tard. L'immeuble de très belle facture se trouve au coeur du site patrimonial remarquable, ex-secteur sauvegardé, ce qui implique que les travaux susceptibles de modifier l'état des parties extérieures des immeubles bâtis, y compris du second œuvre, sont soumis à une autorisation préalable de l'architecte du bâtiment de France. "Certaines prescriptions sont incohérentes, il faudrait être un peu plus souple", commente l'investisseur.
Il cite en exemple l'installation d'appareils de ventilation mécanique contrôlée. "Initialement le budget était de 3 600 €, on est passé à 16 000 €." À cela s'ajoutent certains travaux d'isolation qu'il n'avait pas budgétisés. "Si j'avais pris du neuf, ça aurait été plus vite." Ce à quoi Juan Martinez a répondu : "On le comprend, mais c'est pour cela qu'on vous aide." Une aide que Vincent aimerait plus rapide en termes de délai de réception des subventions. Un message entendu par les élus, "nous avions identifié ce problème et nous allons y travailler." L'investisseur, malgré le chantier colossal en cours, espère accueillir ses locataires - trois personnes seraient déjà intéressées - au mois d'août.
OPAH-RU 2023-2028 : Fourques et Vallabrègues en seront
Dans le courant du mois de mars, une nouvelle convention sera signée par les différents partenaires du dispositif. L'objectif fixé est quasiment similaire à la l'opération précédente - 325 logements - de même que les enveloppes prévisionnelles, en tout cas pour l'Anah et le Conseil départemental. La CCBTA, quant à elle, double son engagement proposant ainsi un montant de 3,5 M€. Autres changements, l'élargissement du périmètre du champ d'intervention de l'OPAH-RU, dans les centres-villes déjà inclus, mais aussi à Fourques et Vallabrègues. "Comme c'est le cas avec le contrat local d'aménagement, nous poursuivons nos efforts sur l'ensemble du territoire", a indiqué Juan Martinez.
Une aide façade, conjointe à celle déjà mise en place par les communes, sera également intégrée au dispositif, ainsi que d'autres en faveur de l'adaptation des logements au risque inondation, de la restauration du patrimoine au cas par cas et du soutien aux copropriétés. Enfin, et en réponse à la problématique soulevée par Vincent Gutierrez concernant certains paradoxes entre les critères imposés par l'Anah et les prescriptions de l'architecte des Bâtiments de France, une étude sur un potention de spécifités du bâti beaucairois sera prochainement lancée. Ce qui devrait permettre d'établir un guide répertoriant les types de travaux pouvant être réalisés, en fonction des types de prescriptions architecturales pour prétendre à tel ou tel taux de subventions. Cela afin de gagner du temps mais aussi d'éviter les mauvaises surprises.
* Les aides, néanmoins conditionnées à des plafonds de ressources pour les propriétaires occupants et soumis à conventionnement avec l'Anah du ou des logements ayant fait l'objet de subventions pour les propriétaires bailleurs, varient entre 40 et 60 % et peuvent aller jusqu'à 100 % en cas de rénovation complète pour des foyers très modestes.