Depuis leur rencontre sur l'île de Saint-Barthélemy il y a dix ans, Loretta et Guillaume sont inséparables. Comme les rayures des tenues qu'ils portaient lundi soir, à l'occasion de l'inauguration du Soko hôtels, à Remoulins. Une maison de maître datée de 1905, transformée depuis plusieurs décennies en établissement hôtelier. Les Favaro en sont les nouveaux propriétaires, ils écrivent un nouveau chapitre. Les premières lignes ont d'abord été raturées. "C'était vraiment très rustique !", souffle Loretta Favaro, 32 ans. Guillaume, 33 ans, surenchérit : "C'était la belle endormie, nous n'arrivions pas à nous projeter."

Depuis Saint-Barthélemy, le couple a fait du chemin. Nous n'emprunterons que la voie professionnelle, notamment marquée par la création d'une entreprise sur les terres bucco-rhodaniennes, à Châteaurenard : Pasta Da Giovanni. Après cinq années d'activité, Guillaume, natif de Tarascon, décide de se séparer de sa fabrique de pâtes fraîches et de plats italiens. Loretta, quant à elle, terminait d'élargir sa gamme de compétences dans "le vin" et pas des moindres, de l'appellation Châteauneuf-du-Pape. Quand la nigério-hollandaise prononce le mot "vin", son accent anglais disparaît tout à coup au profit de celui du midi. "C'est parce que j'aime le sud de la France", s'amuse celle qui y a posé ses valises il y a huit ans. 

Les Favaro visent les 4 étoiles

Forts de leurs expériences, ses deux trentenaires se sont lancés le défi, celui de l'hôtellerie. "Après Le Colombier, nous avons visité d'autres d'établissements et à chaque fois, il y avait des travaux à prévoir", se souvient Guillaume. Alors le couple - dont le Tarasconnais qui petit longeait à vélo, en même temps que cette avenue du Pont du Gard, les grilles de la propriété - s'est laissé séduire par l'ancienne demeure de maître remoulinoise. Sa situation, à quelques centaines de mètres de l'aqueduc romain, a été un argument de poids dans cette prise de décision, celui qui a fait pencher la balance. Il fallait tout de même avoir un mental d'acier.

Au rez-de-chaussée de la bâtisse, l'accueil a été réagencé, les murs libérés de leur épaisse couche de plâtre, les sols repris et harmonisés... "Il y avait des tapisseries, des sols différents dans chaque pièce. Nous avons dû tout reprendre et pour limiter les dépenses, avons fait nous-mêmes certains travaux", explique Guillaume. Le plateau au premier étage a été mis à nu, débarrassé de toutes cloisons, pour recréer des chambres. L'établissement en compte désormais 20, au lieu de 17, de la classique à la suite familiale (25m2) jusqu'à la triple (30m2). Huit mois de travaux ont été nécessaires pour lui donner une nouvelle allure, dans une belle harmonie. "Nous ne voulions plus de cet effet patchwork", insiste Loretta. 

Le Soko hôtels - Soko fait référence au nom de jeune fille de la maman de Loretta - c'est aussi un restaurant, L'Atelier des artistes(*). "Je dirais que nous sommes sur du bistrot chic, avec des produits frais, de qualité, locaux autant que possible. En tout cas, vous ne trouverez jamais de surgelés dans l'assiette", commente la cheffe Émilie Giangrasso, 31 ans. Six salariés sont aux côtés des Favaro, parents de deux garçons, qui ont d'ores et déjà dans l'idée de faire grandir leur troisième bébé. "Nous avons déposé la marque Soko Hôtels, avec un "s". Donc, nous espérons qu'il y en aura d'autres, dans les Alpilles peut-être..." D'autres chapitres à venir a priori. 

Présent lors de l'inauguration de l'établissement remoulinois, le maire, Nicolas Cartailler, s'est réjoui de la concrétisation de ce projet "soutenu par la commune et la Communauté de communes du Pont du Gard", saluant au passage son adjointe et quatrième vice-présidente déléguée au Tourisme, il y a peu encore, Élisabeth Viola. "C'est une très bonne nouvelle pour le territoire. En plus d'augmenter le nombre de lits, ce projet complète une offre d'hébergements mixte avec le camping par exemple", a-t-il souligné.

*Le restaurant est ouvert les vendredis et samedis à midi et du mardi au samedi le soir. www.sokohotels.com