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Publié il y a 1 an - Mise à jour le 01.11.2023 - Sabrina Ranvier - 3 min  - vu 322 fois

DOSSIER Philippe, Christophe, Teresina… Hommage à ces anonymes à l'occasion de la Toussaint

La tombe de Jean Schiffano, située sur le terrain commun, est piquée de dizaines de fleurs colorées.

- Sabrina Ranvier

Suite de notre dossier publié ce matin à 7h et 10h. Objectif Gard a enquêté pour savoir qui sont les résidents du carré 10 E ? Une manière de rendre hommage à ces anonymes à l'occasion de la Toussaint.

28 femmes et 110 hommes reposent au carré 10 E.  • Sabrina Ranvier

Une quarantaine de demandes d’indigence par an

Gare aux clichés. Les SDF ne sont pas systématiquement enterrés au carré des indigents. Le collectif des Morts de la rue a recensé cinq décès à Nîmes en 2022, cinq personnes qui sont décédées usées par de longues périodes passées dans la rue. Un seul, celui qui a disparu la veille de Noël, a été inhumé dans le carré des indigents.

Pour que la Municipalité prenne en charge une inhumation, il faut qu’elle reçoive une « demande de suspicion d’indigence ». « Il y en a en moyenne entre 40 et 50 par an, compte-t-on du côté de la Ville. Il n'y a pas de hausse signifiante suite à la pandémie et à l'inflation. » Cette demande de suspicion d’indigence peut être faite par le CHU, par la police nationale ou par les familles. Ces dernières peuvent aussi faire une demande d'aide pour les funérailles auprès du CCAS. Son montant est d’environ 600 €.

Pour toute demande de suspicion d’indigence, des agents assermentés du pôle objets trouvés et enquêtes administratives de la Ville de Nîmes effectuent des recherches. Lorsqu’une personne est seule, ils partent sur les traces des familles. « L'enquête est réalisée en quelques jours. En moyenne le pôle retrouve la famille en une semaine », indique la Ville. L’inhumation de deux des personnes listées par le collectif des Morts de la rue a ainsi pu être prise en charge par la famille. « Les municipalités peuvent demander aux parents, enfants, époux et épouses de payer les obsèques, pas aux membres plus éloignés de la famille », précise le collectif qui doit sortir son rapport annuel le 27 octobre.

Suite, à une prise en charge pour une inhumation pour indigence, la Ville se rapproche des établissements bancaires, Carsat... du défunt. S’il est solvable, elle procédera à une demande de remboursement des prestations. La Mairie précise que « le recouvrement de prestations d'obsèques est une obligation réglementaire ». Les emplacements sur le terrain commun qui abrite le carré des indigents sont susceptibles d'être repris au bout de cinq ans. À Paris, le cimetière de Thiais qui a un très grand carré des indigents a un partenariat avec le collectif des Morts de la rue, pour qu’ils viennent assister aux enterrements des personnes seules. D’autres villes en France le font avec d’autres associations. Du côté de la Municipalité de Nîmes, on indique que l’on va « y réfléchir afin que tous les défunts puissent être accompagnés ».

36 c’est le nombre de dossiers de demande de suspicion d’indigence reçus par la Ville
de Nîmes entre le 1er janvier et le 3 octobre 2023

L’inconnue de Montfrin

Elle est enterrée entre deux bouquets de fleurs artificielles à Montfrin. Il n’y a pas de plaque mentionnant un nom ou une date de décès, pas de croix, juste un petit écriteau avec un code « X 2001 ». Cela fait 22 ans que cette inconnue est inhumée dans le petit cimetière du village. Son corps a été déplacé l’année dernière d’un côté à l’autre du cimetière. Interrogé par Objectif Gard, un employé du cimetière confiait en août dernier : « D’habitude, au bout de cinq ans, on met les restes d’un corps inconnu dans un ossuaire, mais là, on se dit qu’un jour, peut être quelqu’un voudra venir. » La jeune femme n’a pas de nom mais un surnom, donné par les enquêteurs de la gendarmerie : Toutankhamon. Elle a été baptisée ainsi car son corps a été retrouvé momifié le 15 septembre 2001, sur un chemin de terre qui longe la ligne TGV à Montfrin. Elle avait été lardée de 19 coups de couteaux. Personne n’avait signalé à l’époque la disparition d’une jeune femme. Les experts de l’IRCGN et un dentiste ont estimé qu’elle avait une vingtaine d’années. Des investigations ont été notamment menées par rapport aux chaussures que cette jeune femme aux cheveux auburn portait, par rapport au médicament qu’elle prenait. Un ADN masculin a été retrouvé à proximité du cadavre. Il est conservé dans le fichier national tout comme celui de la victime. Mais rien n’a pour l’instant matché.

Sabrina Ranvier

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