ÉDITORIAL Macron/Le Pen : un débat sans folie ni surprise
Depuis plus de 40 ans, c’est « le » rendez-vous de la Présidentielle : le débat d’entre-deux tours. Une institution qui rassemble, tous les cinq ans, quelques millions de Français devant leur écran. Beaucoup gardent en mémoire la punchline (comme on dirait aujourd’hui…) de Valéry Giscard d’Estaing à l'adresse de François Mitterand : « Vous n’avez pas le monopole du cœur ! ». Et comment oublier l’anaphore de François Hollande : « Moi président de la République... » De grands moments politiques. Ce mercredi soir en revanche, point de folie. D’ailleurs, Emmanuel Macron a même fait remarquer aux journalistes Léa Salamé et Gilles Bouleau : « Nous avons été plus disciplinés qu’il y a 5 ans. » C'est vrai et c'est bien dommage ! Sans grande surprise, le Président-candidat a dominé les échanges. Sur la thématique du pouvoir d’achat - sujet cher à Marine Le Pen -, le candidat En Marche bat en brèche sa proposition de baisse de la TVA : « Cette mesure est inefficace et injuste. Inefficace car les grandes distributions n’appliqueront pas ces baisses et injuste parce que ces baisses profitent à des gens comme vous et moi, alors que nous n’avons pas besoin ! » Essayant de masquer toute forme d'arrogance, Emmanuel Macron poursuit son offensive sur le volet international : « Votre prêt contracté en 2015 à une banque proche du pouvoir russe créé une dépendance, assumez-le ! » Sur l’Europe, « 80% du programme a changé depuis 2017 ! On est un club avec 27 pays autour de la table. Vous ne pouvez pas faire bande à part ! » Peu convaincante, Marine Le Pen passe plus de temps à s’expliquer sur son programme qu’attaquer celui d’Emmanuel Macron même si, elle a été moins mauvaise qu'en 2017. Le candidate RN a également évité sa petite danse « ils sont partout », largement relayée sur les réseaux sociaux. Rien de nouveau sous le soleil, donc... Organisé dans l’entre-deux tours, ces débats ont de toute façon très peu modifié les intentions de vote des électeurs. Ni Emmanuel Macron, ni Marine Le Pen n’ont pris de gros risque. Certains en seraient presque à regretter l’absence de Jean-Luc Mélenchon au second tour.
Coralie Mollaret