« Je suis passionné par la littérature depuis petit. J’aimais particulièrement les livres où on avait le choix, à la fin d’un passage, de prendre la direction souhaitée. Puis, je m'intéressais beaucoup aux bouquins de Jules Verne », se souvient Gaël Viaud, adjudant-chef à la brigade de gendarmerie de Montfrin. Enfant, il s'amusait à faire des rédactions d’histoires fictives.

Puis, quand il est rentré en école de gendarmerie en 1997, l’agent a mis sa passion de côté pour se consacrer à sa carrière professionnelle.

Durant son activité de gendarme, Gaël Viaud a beaucoup voyagé à travers la France. Il a été affecté sept années à Dreux puis neuf ans à Annonay dans l’Ardèche. En 2009, il passe avec réussite l’examen technique d’officier de police judiciaire (OPJ) de la gendarmerie. Direction Belley dans l’Ain pour commencer son nouveau poste de supérieur. Originaire de Beaucaire, Gaël souhaite se rapprocher du Gard. Il est alors muté à la gendarmerie de Saint-Ambroix en 2016, en tant que commandant de brigade.

Il fonce sur le gendarme

« J’ai encore des séquelles psychologiques à cause de cet incident. La mort m’a frôlé », confie Gaël Viaud. Le 11 septembre 2023, l’adjudant-chef est en repérage avec deux collègues sur la commune de Saint-Ambroix. Ils aperçoivent un dealer qui faisait du "ubershit". Il livrait de la drogue en voiture. « On croise son véhicule et on le suit. J’étais passager avant et j’ai demandé à mon collègue conducteur de ne pas engager de poursuite. La voiture risquait de partir en délit de fuite donc on voulait éviter qu’elle écrase des piétons dans le village », raconte le professionnel.

La voiture du délinquant prend une rue sans issue. Les gendarmes mettent leur véhicule en travers afin de le bloquer. « Il fait demi-tour donc je descends. Je laisse ma porte ouverte. Je le mets en joue avec mon arme et je lui dis “arrête toi ou je tire”. Il s’arrête une première fois face à moi mais le passager avant crie “accélère, fonce !”. Il a donc accéléré et si je ne me serre pas contre mon véhicule… je suis sous les roues. Je n’ai pas tiré même si j'aurais pu car j'étais en légitime défense », explique, voix tremblante, le Gardois. Touché au bras et traumatisé, Gaël Viaud va entamer des poursuites judiciaires mais ne se mettra pas en arrêt de travail.

L’enquête dure huit mois car le dealer se cache. Il est interpellé en mai 2024 à Nîmes devant le tribunal correctionnel d'Alès, le prévenu prend six ans ferme. Il fait appel et la cour d'appel le condamne à sept ans de prison ferme. « Avant l’audience, je l’ai revu plusieurs fois donc c’était compliqué pour moi. Suite à cet incident, j’ai continué de travailler pour essayer de penser à autre chose mais c’était trop dur… il fallait que je parte de Saint-Ambroix », assure-t-il. Les souvenirs sont encore compliqués pour la victime : « J’ai cette impression que la mort m’a raté et qu’elle aimerait bien me récupérer. Heureusement que je suis soutenu par ma femme et mes deux enfants. » Pour un nouveau départ, Gaël Viaud est muté à la brigade de gendarmerie de Montfrin le 1er juillet 2024, en tant qu’adjudant-chef.

Un rêve accompli

La peur de partir lui a servi de déclic. « Cet événement m’a poussé à rebondir et j’ai voulu réaliser mon rêve : publier mon livre », explique le gendarme. Ce dernier a commencé l'écriture de son roman en 2004. « Mon thriller a 20 ans de maturation. Au début, c'était une fiction fantastique puis je l’ai retravaillé au fur et à mesure mais sans réelle assiduité. Et cette année, je me suis mis à fond pour le terminer », soutient-il. Après différentes mésaventures, le thriller Le mas des ombres est sorti sur Amazon depuis le 12 octobre 2024. En effet, en 2020, Gaël Viaud a eu la chance de signer un contrat avec une maison d'édition mais celle-ci a fait faillite en 2023.

« J’ai tenté de signer dans plusieurs maisons d’édition mais les réponses étaient négatives. Alors, je me suis dis que j'allais auto-éditer mon livre et que s'il marchait, on ferait appel à moi », explique l’auteur.

L’histoire du thriller est intrigante. Lors d’un accident survenu 16 ans auparavant, une femme est victime d’amnésie. Elle ne se souvient plus de sa vie d’avant. Elle s'ennuie dans son quotidien et quitte Vienne avec sa fille afin de s’installer dans un mas provençal à Salon-de-Provence.

Quelques mois après son emménagement, il va se passer des phénomènes paranormaux et surnaturels dans son nouveau logement. Un gendarme va donc intervenir et fera tout pour percer les mystères. Ce thriller oscille entre le paranormal et le réel. Il mêle fiction et anecdotes inspirées par le parcours de Gaël Viaud, offrant ainsi une immersion dans le quotidien des gendarmes. Le nom d’auteur du Beaucairois est GV Batista, en référence à son épouse.

Un message de soutien

« Dans mon roman, j’avais à coeur de parler des violences faites aux femmes. Je rappelle qu’en 2019, en France, 149 femmes sont décédées suite à un féminicide. Les victimes ne doivent surtout pas hésiter à en parler et à venir nous voir pour porter plainte, soutient l'adjudant-chef. Avant les femmes battues n'étaient pas forcément prises en charge par les forces de l'ordre, aujourd'hui ça a bien évolué ». Chaque année, le suivi est amélioré avec notamment le bracelet anti-rapprochement, le téléphone de survie et les mesures d'éloignements. « Comme je ne suis pas édité, je dois faire moi-même des démarches auprès des libraires, des festivals de livres et des salons, indique le passionné. J’espère en tout cas que mon livre plaira. Je ne suis pas un écrivain, je suis un conteur d'histoires ».