FAIT DU SOIR Ils sont de retour et ils nous piquent déjà
De la Camargue marécageuse jusqu’au nord du Gard, ils nous enquiquinent, mais pas seulement. En prenant notre sang puis celui d’autres individus, ils sont clairement transmetteurs de maladies. Objectif Gard a rencontré Régis Vianet, ancien directeur du parc national de Camargue, élu à la mairie d’Aigues-Mortes et vice-président de la communauté de communes de Terre de Camargue (CCTC), afin d’essayer de comprendre les enjeux autour de l'agressif insecte.
Objectif Gard : Que s’est-il passé cet été ? Le sud du Gard a été envahi de moustiques, les restaurants, les hôtels ont subi des annulations...
Régis Vianet : Un épisode ressemblant à celui de septembre 2005 qui avait fait suite à un été très chaud et de fortes pluies. Là, c'était pire, puisque cela a commencé au début du mois de juillet. Un soir, la place Saint-Louis a été envahie juste avant la tombée de la nuit. C’est un cauchemar pour les commerçants.
Le principe de la mise en eau des œufs des moustiques indigènes
70 à 75 % des mises en eau résultent de facteurs naturels (pluies, entrées marines dues aux vents de sud), les 20 à 25 % restants sont artificielles, dues à l’Homme (irrigations, principalement).
Pourquoi le Grau-du-Roi et Aigues -Mortes sont-ils particulièrement touchés ?
Nous sommes entourés de marécages et c’est là que sont concentrés les moustiques camarguais. Les vents humides, notamment de Sud-Est les emmènent dans nos villes. Ce qui est moins le cas pour la Grande-Motte par exemple. Les produits d’aujourd’hui sont moins efficaces, mais il y a une explication. Comme c’est un épandage dans l’eau, il est dangereux d’y introduire des produits toxiques qui pourraient tuer un peu tout, atteindre les cultures et l’Homme.
Pourquoi l'immense invasion de l'été dernier n’a-t-elle pas été traitée par l’Entente interdépartementale pour la démoustication du littoral méditerranéen (EID-Med)?
L’été dernier, une importante sécheresse a précédé de fortes pluies dans tout l’arc méditerranéen. Ainsi, l’EID, qui exerce une fonction de contrôle de la nuisance, a été relativement débordée car il faut agir sur les larves, dans les milieux inondés et dans les deux jours après la mise en eau des œufs. De plus, au mois de juillet, des vents du nord ont considérablement compromis les épandages par avion.
Le principe de la ponte des moustiques indigènes
Le moustique indigène, camarguais donc, opère sa ponte sur sol sec dans une zone marécageuse. Un œuf particulièrement solide et inattaquable dont la durée de vie peut atteindre trois ans. Donc s’il ne pleut pas pendant plusieurs semaines, des millions d’œufs sont pondus et sortiront d’un coup puisque son émergence survient lorsque l’œuf se recouvre d‘eau. Il devient larve puis moustique une semaine plus tard. Le cycle se fait en milieu naturel, on peut intervenir et l’EID a la capacité d’intervenir.
Et le moustique tigre, en quoi est-il différent du Aedes caspius, camarguais casse-pieds ?
Ce sont des moustiques des villes, et l’EID ne les traite pas. Les femelles adultes pondent des œufs sur des surfaces planes et dures, près de l'eau stagnante, comme les pneus usagés, les pots de fleurs, les récipients en plastique, les gouttières, les caniveaux et les bassins. Laissez un peu d’eau dans une coupelle de pot de fleur et vous serez envahis en quelques jours.
Personne ne traite les moustiques tigres et la terre continue de se réchauffer, favorisant la prolifération des moustiques indigènes, alors que faire ?
Les choses ne devraient donc pas s’améliorer. Car même si les animaux comme la chauve-souris ou les geckos mangent des moustiques, il n’y en aura jamais assez pour manger les milliards de moustiques qui envahissent la Camargue.
Pourtant, suite au coup de gueule de Robert Crauste, l’EID est venu épandre, pendant la nuit au Grau-du-Roi et à Aigues-Mortes au mois de juillet dernier ?
Oui, l’EID peut intervenir ponctuellement sur des épandages terrestres contre les moustiques, mais ça coûte cher. Je conseille de supprimer les sources d'eau stagnantes autour de la maison, d'utiliser des produits répulsifs vendus en pharmacie et de porter des vêtements à manches longues, particulièrement à la tombée de la nuit et au lever du soleil.