Publié il y a 1 an - Mise à jour le 25.07.2023 - Anthony Maurin - 3 min  - vu 2661 fois

GARD Le BTP dans le dur...

 (Photo Anthony Maurin).

Sur invitation de la Fédération française du bâtiment dans le Gard, Yoann Gillet, député RN, a pris le pouls du secteur.

Nicolas Roche (Photo Anthony Maurin).

C'est sur un chantier de Nicolas Roche, de Roche BTP, une société de Saint-Gilles qui oeuvre actuellement à l'adduction d'eau potable et d'eaux usées d'une parcelle à Nîmes que le rendez-vous était donné. Roche BTP effectue des travaux dans le BTP dans le sud de la France depuis 1949.

Cette société d'une vingtaine de salariés, est celle de trois générations successives. Une entreprise familiale comme on en fait de moins en moins et qui a su voir les changements évoluer au fil des décennies. Ces dernier s'accélèrent dangereusement et mettent en péril le secteur entier.

David Gallo et Céline Torres parlent avec Yoann Gillet (Photo Anthony Maurin).

Déjà, il y a le personnel mais parlons d'emblée des fortes chaleurs. "C'est le plus gros souci... Nous attaquons à 7h, nous arrêtons à midi, reprenons à 13h pour finir à 16h mais le mois dernier nous pouvions commencer à 6h. On s'adapte selon les chantiers, les saisons, les zones urbaines ou rurales..." note Nicolas Roche.

Olivier Polge, secrétaire général de la FFB de Gard explique: "Quand l'alerte orange canicule est actée par la préfecture, on peut commencer les chantiers à 6h. On le voit, c'est nécessaire, les chaleurs sont différentes d'avant, plus loudres. On peut travailler jusqu'à 21h30 aussi."

Le monde du BTP change (Photo Anthony Maurin).

"Nous devons ménager les salariés, composer avec les riverains pour commencer le plus tôt possible mais c'est parfois compliqué. Sur le secteur Hoche il y a quelques jours une personnne est venue nous voir à 7h30 pour nous demander pourquoi nous commencions aussi tôt... En plus, c'était un gars du BTP qui était en congès !" plaisante David Gallo, vice-président de la Chambre de Métiers et de l'Artisanat du Gard.

 (Photo Anthony Maurin).

"Il faut aussi sécuriser les contrats, faire attention aux pénalités car aujourd'hui c'est très difficile de rattraper le retard à cause du manque de main d'oeuvre. On ne cherche même plus à embaucher, c'est trop dur et on ne peut même plus compter sur les intérimaires. Oui, en été c'est dur d'en trouver alors qu'on ne travaille plus avec des pioches et que tous mes salariés sont payés au-dessus du Smic. De toute façon là encore on ne peut même plus parler du salaire ! Dans mon entreprise des jeunes de 16 ans sont rentrés et ils en ont aujourd'hui plus de 50 ! Je suis obligé de bichoner mes jeunes car du jour au lendemain ils partent pour dix euros de plus. La vie et les valeurs ont vraiment changé, il n'y a plus fierté de travailler dans telle ou telle entreprise familiale" s'irrite Nicolas Roche.

(Photo Anthony Maurin).

"Des intérimaires professionnels ? Il y en a beaucoup et ils connaissent tout pour travailler le moins possible en gagnant le plus d'argent. C'est ce qui a tué le métier, ils calculent tout !" poursuit David Gallo.

Même si les pelles mécaniques font moins un effet de fournaise par rapport aux premières, les salariés qui travaillent depuis la cabine doivent garder les fenêtres ouvertes pour pouvoir entendre les sons extérieurs au cas ou. Les cabines ont beau être climatisées, on ne peut donc pas en profiter !

Discussions avant action ? (Photo Anthony Maurin).

Place du travail dans la vie, zéro artificialisation, concurrence avec le statut d'auto-entrepreneur, garantie décennale et assurances, salaires, arrêts maladie, semaine de quatre jours, carnet de commandes et visiblité sur quelques mois... Tous les sujets y sont passés.

David Gallo ajoute : "Avant la Covid c'était pas terrible mais là... Partout dans le BTP c'est devenu compliqué. Le travail devient accessoire. On manque de règles sur l'apprentissage parce qu'en ce moment on forme mais les jeunes partent ailleurs !"

(Photo Anthony Maurin).

Nicolas Roche explique quant à lui ses difficultés actuelles. "Nous avons signé, en début d'année, pas mal de marchés qui viabiliser des parcelles comme nous le faisons ici. Tout cela a débuté mi-janvier et peu à peu les gens n'ont plus acheté, tout est maintenant bloqué et nous on ne peut même plus travailler."

"Il y a un vrai problème de changement de mentalités, c'est une catastrophe. Notre carnet de commandes ne veut plus rien dire, les opérations ne sortent plus de terre, le Gouvernement nous dit que rien n'est grave car nous sommes en quasi situation de plein emploi mais c'est faux ! Si ces gens, comme dit le Gouvenernement, vont aider à réindustrialiser la France, ils vont travailler dans des bâtiments. Qui les construit ?" conclut Céline Torres, présidente du pôle Habitat FFB Occitanie.

Anthony Maurin

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