LE DOSSIER Les histoires de famille de l’économie gardoise (partie 1)
(Suite du fait du jour publié à 7h). 250 000 visiteurs déambulent chaque année à la Bambouseraie. Mais connaissent-ils Muriel Nègre, sa fille Valentine et la saga familiale qui se cache derrière ces 210 variétés de bambou ? Dans les années 60, on démoustique la Camargue, on développe des stations balnéaires. Un certain Ernest Penchinat se lance dans la construction de résidences secondaires. 60 ans plus tard, deux de ses petits-fils et trois de ses arrière-petits-fils gèrent cette entreprise qui construit des résidences Villégiales. Les filles de la famille forment le conseil de surveillance de cette société 100 % familiale… La holding Tissot est spécialisée dans l’immobilier de bureau et d’entreprise. Ses dirigeants ont tous un air de famille et la même carrure de rugbyman… Guy Bastide, n’est pas du genre à faire des compliments. Mais, à 84 ans, il félicite son fils Vincent pour avoir fait entrer Bastide médical dans une dimension internationale.
Les Penchinat, quatre générations de constructeurs
Week-end chargé. Samedi 21 et dimanche 22 octobre, les descendants d’Ernest Penchinat se retrouvent à Nîmes.
Au programme : un baptême mais aussi une assemblée générale. Il y en a une par an.
La présence de tous les membres de la famille est requise pour évoquer comptoir DAB, société que les Gardois connaissent sous la marque les Villégiales. Tous les actionnaires de cette entreprise sont des Penchinat. Elle emploie 25 personnes dont cinq Penchinat.
L’histoire commence en 1937. Ernest Penchinat rachète comptoir DAB, société spécialisée dans la distribution de carburants. Démoustication, assèchement des marécages… En 1963, le général de Gaulle confie à Pierre Racine une mission : développer le littoral languedocien. Ernest Penchinat fait construire une résidence secondaire au Boucanet. Son fils unique, Jean-Marc qui avait fait des essais dans la bonneterie, le rejoint. « L’entreprise a grossi très vite. On a construit plus de 2 000 logements à Port-Camargue », indique Quentin Penchinat, petit-fils de Jean-Marc et actuel directeur administratif et financier. Une maquette d’un immeuble qui ondule comme une vague est exposée au siège social de l’entreprise à Nîmes. Quentin affiche une vue aérienne de Port-Camargue et pointe un autre immeuble avec accès direct à la plage : la Résidence de la mer. Il sent encore le goût des tellines que sa grand-mère préparait dans un appartement du dernier étage : « Mes grand-parents accueillaient leurs 12 petits-enfants là-bas tous les étés. »
Son grand père ne vendait pas ses résidences sur plan mais clef en main. L’entreprise payait donc l’intégralité des travaux. « Dans les années 1980, il y a eu un grand coup d’arrêt sur les résidences secondaires car François Mitterrand a changé la fiscalité. On s’est retrouvé avec un grand stock d’appartements de la résidence du grand large, témoigne Quentin. On a failli sombrer. »
Fin des années 1980, changement de stratégie, les Penchinat misent sur les résidences principales. Une quarantaine d’immeubles les Villégiales ont depuis été construits à Nîmes.
Faire ses classes ailleurs
Alain, Didier et Thierry, les trois fils de Jean-Marc, ont rejoint la société. Le premier a pris sa retraite en 2022, à 70 ans, comme le prévoient les statuts de l’entreprise. Il a accompagné son neveu Quentin pendant trois ans et lui a laissé son bureau. Ses fils Fabien et Cédric sont respectivement directeur technique et directeur de l’agence lyonnaise. Quentin a fait du contrôle de gestion à paris, Fabien a travaillé dans l’agro-alimentaire et Cédric a été employé par une filiale d’Air France. Tous ont fait leurs classes une dizaine d’années ailleurs. C’était une volonté de leur grand-père. Lui a continué de passer à l’entreprise jusqu’à son décès en 2021 à 91 ans.
Ils sont 12 cousins. Trois travaillent dans l’entreprise. « C’était une opportunité unique de pouvoir reprendre un aussi bel outil », reconnaît Quentin. Un casque de chantier est posé à côté de ses guides fiscaux. « On a toujours visité les chantiers, l’odeur du béton coulé ça marque », sourit-il. Mais ce qu’il aime surtout c’est le côté familial : « On réinvestit nos résultats dans la société. Ce n’est pas à des fins d’enrichissement personnel mais dans l’idée de le transmettre aux générations suivantes. » L’entreprise a une autre particularité : un conseil de surveillance 100% féminin. « Ma sœur et trois de mes cousines en sont membres, explique Quentin Penchinat. Elles ne vivent pas à Nîmes et sont salariées d’autres entreprises. Elles s’occupent de la surveillance des prises de décision et du conseil aux actionnaires. »