DOSSIER Nîmes-Montpellier : interview croisée de Franck Proust et Michaël Delafosse
Franck Proust, président LR de Nîmes métropole, et Michaël Delafosse, maire et président PS de la métropole de Montpellier, ont répondu à Objectif Gard.
Objectif Gard le magazine : quels sont les atouts de votre territoire ?
Franck Proust : Nous avons une réelle identité issue de nos traditions, une culture taurine liée à la feria. J'ai eu la chance de participer à l'audace des équipes de Jean Bousquet et Jean-Paul Fournier qui ont su faire de Nîmes une référence au niveau national. Nîmes n’a jamais tourné le dos à son héritage antique avec les arènes et la Maison carrée, inscrite à l’Unesco. Cette authenticité forge notre caractère. Nîmes a su grandir sans bouleverser son identité. Ce qui permet de conserver une excellente qualité de vie, une circulation plus fluide, un immobilier plus abordable. La SMAC Paloma fait référence au niveau national et le festival de Nîmes réunit plus de 130 000 spectateurs.
Michaël Delafosse : Son plus grand atout ce sont ses habitants. Je suis frappé chaque jour par leur créativité, leurs capacités d’innovation dans des filières d’avenir (santé, industries culturelles et créatives) ou leur grande solidarité. C’est cette énergie collective qui a permis à Montpellier, qui n’était pas dans le "Top 20 des villes françaises quand je suis né, de devenir aujourd’hui la 7e et je le crois, un territoire qui inspire au-delà des frontières. Je pense que les Montpelliérains sont fiers de cela comme j’espère qu’ils seront fiers d’être la première métropole d’Europe à mettre en œuvre la gratuité des transports pour ses habitants.
Que pensez-vous de la ville voisine ?
FP : C’est une grande ville universitaire par excellence même si l’université nîmoise monte en puissance. Je trouve qu'il fait bon se promener au centre-ville piéton de Montpellier qui a su préserver son centre en secteur sauvegardé et et regorge d'hôtels particuliers magnifiques. Le pendant de sa réussite, basée sur la croissance démographique et l’étalement urbain très rapide en trois décennies, c’est peut-être la recherche d’une identité nécessaire à une ville de province. Elle a su tirer profit du Lez et de la proximité de la mer pour rendre attrayant son urbanisme qui va vers la mer.
MD : Vous ne m’en voudrez pas si je commence par dire que je pense que Nîmes sera toujours derrière Montpellier en termes de sport ! C’est une ville dont on ne peut nier l’identité affirmée, qui possède un patrimoine historique assez unique et dont la vie culturelle est très diverse. J’ai toujours pensé qu’il était important de garder des rapports cordiaux entre les deux grands pôles urbains de l’est de la Région. La faculté de médecine Montpellier-Nîmes est un exemple de coopération efficient. Le bon cadencement des TER entre nos deux villes est un atout incontestable.
Qu'enviez-vous à la ville voisine ?
FP : Certains maires ont saisi les chances qu’il fallait prendre comme l’implantation d’IBM en 1965 que la municipalité communiste de Nîmes avait refusé. Montpellier a fait un saut qualitatif qui a rejailli sur tous les pans de la ville. Aujourd’hui, c’est sur cet exemple que Nîmes, à travers sa plateforme aéroportuaire, devrait dessiner les bases de son futur développement que l’on souhaite pour autant maîtriser afin que notre identité forte perdure. J’envie le nombre d’équipes de haut niveau : football, rugby, handball… J’apprécie les qualités humaines de Michaël Delafosse. Je souhaite que l’on travaille ensemble pour que nos complémentarités puissent être une force et pour que le pôle Nîmes/Montpellier soit une force pour peser dans les métropoles françaises et européennes.
MD : Au risque de m’attirer les foudres de certains Montpelliérains, trois choses au moins. Tout d’abord, et je veux encore féliciter le maire qui porte depuis 20 ans cette idée, le classement Unesco de la Maison carrée. C’est une magnifique reconnaissance, et je mesure la difficulté d’y parvenir car je souhaite moi-même que nous arrivions, grâce à notre patrimoine exceptionnel en matière de sciences médicales, à obtenir le label "Mémoire du Monde". Une inscription à l’Unesco, cela place incontestablement sur la carte du monde. La deuxième chose, c’est la réussite de la réhabilitation du centre historique et la qualité de l’espace public qui en découle. Enfin, les bus à haut niveau de service nîmois nous ont aidé incontestablement pour concevoir nos cinq futures lignes de bustram.