FAIT DU JOUR Excédés, les commerçants du quartier nîmois de Notre-Dame en appellent à la Mairie
Depuis quelques mois, la rue Notre-Dame et le quartier éponyme sont le théâtre d’incivilités, d’agressions verbales et autres déambulations exubérantes et hasardeuses.
« On voit des gens pas très clairs dès 10h du matin », lance un commerçant du quartier. Déjections humaines et débris de bouteilles cassées jonchent régulièrement les trottoirs de la rue. À l’entour du square de la Couronne, la vente d’alcool et notamment de canettes de bières à moins d’un euro, délivrées par une épicerie bien au-delà de 22 heures, l’heure légale, attirent une population interlope très peu avenante, prête à tout pour une goutte de gnôle et pour s’arsouiller. Le phénomène a pris une telle ampleur que le comité de quartier des commerçants Rendez-vous Notre-Dame, fondé en 2008, a envoyé à la Mairie une pétition signée par 400 commerçants, habitants et clients.
"Je vais te massacrer"
Ce que veulent ces marginaux, c’est de l’alcool. Au-delà de faire la manche de façon agressive et insistante, ils semblent prêts à tout et les commerçants du quartier sont particulièrement inquiets. « Je vais te massacrer, je vais te tuer si tu ne me donnes pas du vin », c’est ce qu’entend régulièrement Anne, gérante de la cave Histoire de vin. « Un dimanche matin, j’ai compté quinze individus qui déambulaient dans la rue. Cela fait plusieurs mois que ça dure et, en plus des difficultés de stationnement, les clients agressés ou interpellés ne reviennent plus », ajoute la caviste.
Appel d’air
Le problème est récurrent autour de l’Écusson nîmois et génère une rotation. Récemment, autour des halles, les marginaux ont été gentiment invités par la Municipalité à aller voir ailleurs. Ce qu’ils ont fait, notamment du côté du quartier de Gambetta et probablement aussi vers le quartier de Notre-Dame. « Nous nous sommes installés il y a 15 ans », raconte Andrew, patron de l’hôtel des Tuileries, qui distille ses mots avec une délicate nuance d'accent britannique. « Le centre-ville a bien changé et en bien. Nos clients, beaucoup de Britanniques, sont toujours ravis de leur séjour à Nîmes », explique le plus nîmois des Anglais.
L’hôtelier évoque le départ progressif de commerçants comme l’Aiglon ou même Le Bistrot Romain. À quelques mètres de l’hôtel, la porte du squat de la rue Roussy a été cadenassée. Mais, très récemment, la fermeture du restaurant W cher à Alain Moula, a encore laissé un vide au square de la Couronne, créant un appel d’air. « Je sais négocier avec ces gens-là. Leur dire que l’on doit tous cohabiter. Ils venaient me voir quand ils avaient besoin d’un verre d’eau, et ils comprenaient que leur présence pouvait déranger les clients, alors ils se faisaient discrets », explique le restaurateur nîmois. Il appert désormais que cet endroit soit devenu le rendez-vous des alcooliques, SDF et autres toxicomanes. « Aujourd’hui, il y a cet épicier qui vend des bières à 92 cts la canette même après 22h. Ça attire toutes sortes d’énergumènes. J’ai peur que les choses basculent pour notre quartier », martèle Marie-Jo.
Un poste de police sur l’esplanade ?
Alors que du côté de la Mairie, on pense à délocaliser le poste de police municipale de la rue Rangueil, la réflexion est ouverte pour un déménagement en cœur de ville. Et pourquoi pas sur l'esplanade ?, a lancé cette semaine l’adjoint à la Sécurité de la Ville. Lors d’une réunion de coordination, Richard Schieven a demandé une action concertée des polices municipale et nationale dans le quartier. La semaine dernière, les responsables de la police municipale de Nîmes se sont rendus sur place afin de rencontrer les habitants et les commerçants.
« Le sujet est connu. Mais avec 169 policiers pour 156 000 habitants, on ne peut pas surveiller la rue de Notre-Dame 24h sur 24 ! », explique le dernier nommé, qui regrette également les rassemblements de migrants mineurs sur l’avenue Feuchères et l’esplanade. « L’État a placé des migrants mineurs non accompagnés (MNA), dont certains sont majeurs, dans des hôtels et des foyers à Nîmes. Ils occupent les mobiliers urbains et nous ne pouvons pas gérer des regroupements de 10 personnes tout seuls ! », ajoute l’élu. Le problème semble se généraliser et se déplacer dans les quartiers nîmois en fonction des actions entreprises.
* Le prénom a été modifié