FAIT DU JOUR Une feria de Nîmes digne de la belle époque
Du 14 au 17 septembre, quatre jours durant, les arènes vont vibrer autour de sept spectacles taurins. Quatre à 17h30, trois à 11h30.
Cela faisait bien longtemps que la feria des Vendanges n’avait pas débuté un jeudi avec une corrida ! Il fut un temps où le jeudi lançait les festivités avec une corrida dite de gala, mais cette année l’empresa Simon Casas fait fort, très fort pour clôturer sa saison nîmoise.
Lundi ont été présentés les toros de La Quinta, Victoriano del Rio et Bohorquez. Des lots comme toujours assez bien présentés, sans surplus de bois ni de poids.
Les cartels
Jeudi, corrida de redite. C’est la belle course de Robert Margé avec le Mexicain Arturo Saldivar et les Nîmois Adriano (Adrien Salenc) et El Rafi qui avait été annulés en clôture de la feria de Pentecôte à cause des fortes pluies. En cette période de vendanges, les maestros devront récolter les fruits de leur saison.
Les toros ne seront pas ceux prévus pour la course annulée car le lot a été recomposé mais gageons de la présentation des pupilles venues de Fleury (Aude).
Saldivar, qui était venu à Nîmes de novillero et qui avait marqué l’aficion par sa grâce et son engagement, est appelé à réveiller les foules. Saldivar est un professionnel qui n’a pas le toreo fleuri du Mexique mais qui a un registre taurin des plus plaisants. Il confirmera son alternative comme chaque maestro qui se présente dans nos arènes.
Adriano est dans une phase ascendante de sa carrière. Depuis quelques mois, une grosse année, il torée bien et connecte avec les gradins. Sa fougue et son envie sont claires pour tous, il est là, il veut rester dans le circuit donc il fera tout pour sortir en triomphe de chez lui.
Le Rafi, lui, est encore un peu plus chez lui quand on pense aux arènes de Nîmes. Le jeune y a grandi, y a accompagné son arenero de grand-père. Rafi est en période de maturation, il avance à pas feutrés dans ce monde abrupt. Un pas après l’autre, une corrida après l’autre, une série après l’autre, une passe après l’autre. Posé et serein, il développe sa propre tauromachie. Comme il est Nîmois et qu’on le voit depuis sa plus tendre enfance, l’identité qui est la sienne est adoubée par l’aficion. Cette corrida sera présidée par Daniel-Jean Valade.
Deux courses par jour
À partir du vendredi, matin et après-midi les aficionados pourront avoir leur dose de toros. Cinq becerros de Pagès-Mailhan seront combattus par cinq novilleros sans picadors. Rafael Ponce de Leon du Centre français de tauromachie, Andoni Verdejo d’Adour Aficion, Alberto Donaire de l’école de Valencia, Nicolas Cortijo de celle d’Albacete et le récent vainqueur du bolsin de Nîmes métropole Valentin du CFT.
Une matinée pour des jeunes loups qui ont l’esprit novilleril, qui sont plein d’envie et d’allégresse. On ne cesse de le répéter, encore plus quand elles sont comme celle du jour à savoir gratuites, ces novilladas sans picadors offrent d’excellents moments de fraîcheur. Voir la jeunesse se mettre devant et avancer chaque mois un peu plus est une chose motivante pour les aficionados. La course sera présidée par Daniel-Jean Valade.
Pour la tarde, mano a mano de luxe avec les toros Santa Coloma de La Quinta pour Daniel Luque et Emilio de Justo, deux fins connaisseurs de l’élevage aux toros gris qui n’est pas venu à Nîmes depuis quelques années. On a encore vu à Arles le week-end dernier un Luque de gala. Pourtant, le natif de Gerena sort d’un mois de mise au vert. Une sale blessure, grave. Mais les toreros sont des surhommes et Daniel Luque a récupéré à 100 %, incroyable. Il a étalé son talent qui a éclaboussé la piste picassienne de la corrida goyesque d’Arles.
Emilio de Justo sort un peu la tête de l’eau. Propulsé sur le devant de la scène il y a trois ans, l’Espagnol qui n’était pas habitué à autant de sollicitation et de pression a eu un contrecoup qui est maintenant derrière lui. Un duel de styles, de caractères, de comportements et de tauromachies devant des toros qui ne laissent pas la place à l’erreur et qui ont une charge très spéciale. La corrida sera présidée par Frédéric Pastor.
Rejon et émotions
Le samedi verra un autre mano a mano se dérouler sur le sable de l’amphithéâtre. Un mano a mano de rejon arbitré par les toros de Bohorquez, idéaux pour l’exercice. Le portugais Diego Venture revient à Nîmes après des lustres. Après une bouderie qui a coûté aussi bien à l’empresa qu’au torero, nous revoilà parts sur des bases plus saines. Il faut dire que le rejon sans la competencia de Ventura, c’est moins piquant !
Face à lui, la Nîmoise Lea Vicens. Cela fait dix ans que leurs chemins se sont croisés pour la première fois en piste. Ventura était d’ailleurs présent en septembre 2013 lors de l’alternative de Léa, mais cela fait huit ans que les deux centaures n’ont pas été opposés sur la piste nîmoise. La corrida aura pour président Daniel-Jean Valade.
La tarde verra six toros de Victoriano del Rio défiler à Nîmes. Ils seront opposés à Alejandro Talavante, Thomas Dufau qui fera sa despedida et Andrés Roca Rey. Sur les toros, neuf sont présents au corral et dans ces neuf cinq sont de très belle présentation. Alejandro Talavante poursuit son chemin, un peu différent de celui qu’on le voyait entreprendre voilà quelques années. Il demeure un maestro qui, quand il veut être sobre et profond, sait parfaitement l’être.
Thomas Dufau a demandé à couper sa coleta à Nîmes. Le Montois a toujours eu de bons rapports avec l’aficion gardoise et c’est ici qu’il a tiré l’un de ses plus belles faenas. Après 12 ans d’alternative, le matador de toros a peut-être fait le tour de la question, mais il veut célébrer cet instant de vie ici, chez nous, avec nous alors soyons avec lui !
Sachant que Thomas allait arrêter, Andrés Roca Rey, la figura des figuras a tenu à être de la partie. Le Péruvien, qui a pris son alternative à Nîmes, a envie de vibrer avec son copain. On attend une course grandiose avec des feux d’artifices taurins et des images collées à jamais dans nos rétines. C’est Bernard Angelras qui présidera cette corrida.
Dernière journée en apothéose
Dimanche matin, pas de messe pour les aficionados qui seront à la novillada. Une course de Fernay pour Lalo de Maria, Diego Bastos et Nino Julian. C’est étonnant de voir un Lalo en chef de lidia, lui qui n’a que peu toréé mais qui avance à grands pas. À 21 ans, il se fait une place au soleil des arènes non pas grâce à son ascendance taurine mais bien grâce à ses valeurs intrinsèques. Les rageux n’y pourront rien, Lalo de Maria est un torero, punto !
Diego Bastos est lui aussi attendu au tournant. Après avoir ébloui Séville, le Sévillan fait la tournée des popotes et sort régulièrement en triomphe. À la manière d’un grand, il montre de belles manières et demeure parmi les rares à être en capacité de s’adapter à n’importe quel novillo.
Enfin, Nino Julian, le Nîmois, aura à cœur des se montrer sous son plus beau jour lors de sa présentation à Nîmes dans la catégorie. Nino est sérieux, combatif, élégant, mesuré avec tout de même un brin de folie. Il fut élève du Centre français de tauromachie et, le sourire aux lèvres, il écoute les bons conseils du maestro Patrick Varin. Nino Julian a de la personnalité, la sienne et il est en train de la mettre sur le devant de la scène. L’aficion doit aussi le soutenir. L’aficion doit soutenir tous les novilleros car ils feront peut-être les maestros de demain ! La novillada sera présidée par Julien Plantier.
Voilà un maestro qui fait parler… Morante de la Puebla, affiché au cartel, ne sera pas là. À l’heure où sont écrites ces lignes on ne sait pas encore par qui remplacera le torero blessé. L’accord du Juli étant nécessaire, on attend quasiment le dernier moment. Il en va presque de même pour les Garcigrande qui ont des problèmes sanitaires.
Bref, le Juli fête d’un coup les 25 ans de son alternative nîmoise et sa très probable despedida française. Le Madrilène a connu quelques anicroches à Nîmes ces dernières années, mais sa cote d’amour est encore haute. Heureusement car avec tout ce qu’il a donné à l’aficion nîmoise, espérons qu’elle lui rendra en ce jour d’importance.
Autre jour important pour un local de l’étape, l’alternative de Solal Calmet, Solalito. Cela faisait plus d’une décennie qu’un novillero nîmois n’était pas devenu matador dans ses arènes, le dernier étant Patrick Villebrun. Solal touche son rêve du bout des doigts mais il ne veut pas s’arrêter là, son chemin sera sans aucun doute long dans le circuit. Le Nîmois est humble, il travaille sans cesse et, comme Nino Julian, écoute les conseils d’un Luisito qui l’aiguille dans ses choix du côté de Sanlucar de Barrameda. Cette dernière course de la saison nîmoise sera présidée par Frédéric Pastor.
Une feria de qualité optimale pour les aficionados. Une feria qui a du sens et qui propose de nombreux spectacles complémentaires. Une feria qu’il ne faudra pas rater ! « Cette édition 2023 de la feria des Vendanges est dense et riche. Tout est fait pour nous faire vibrer : le 25e anniversaire d'alternative d'El Juli, les deux mano a mano exceptionnels, la despedida de Thomas Dufau, et la présence de Talavante, Diego Ventura sans oublier l'alternative de Solalito. Du novillero Lalo de Maria aux deux étoiles montantes du toreo tricolore, El Rafi et Adrien Salenc ou encore Lea Vincens, première à l'escalafon, en passant par le retour des taureaux de la ganaderia Margé, cette feria est placée sous le signe du savoir-faire français. Suerte à tous et que cette feria soit la plus belle possible », conclut le maire de Nîmes Jean-Paul Fournier.
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