« C’est le bordel ! J’ai l’habitude de prendre le chemin depuis des années, ça n’a jamais bien fonctionné, mais quand même… », soupire un automobiliste en haut de la montée. Il poursuit : « Je passe malgré tout par là parce que j’aime, c’est une sorte de challenge et arrivé en haut on sait qu’on a fait le plus dur, mais franchement ça va ! »

« De la Tour Magne, bon nombre de rues partent ou arrivent en sens unique… et de tout temps, le chemin de Tire-Cul ne fait pas exception à la règle ! » Pour preuve ? L’examen du permis de conduire ! Quel candidat nîmois n’a pas eu peur que son examinateur le fasse passer par cette rue improbable ?

Une chose est sûre, c’est que les urbains de 2024 n’ont jamais eu des voitures « citadines » aussi larges qu’aujourd’hui ! Le double sens, sur cette voie, devenait donc carrément impossible. Claude de Girardi l’avait annoncé comme tel dans Vivre Nîmes : « Ce test grandeur nature nous permettra ensuite de juger de la pertinence d’un passage pérenne en sens unique. »

L’adjointe déléguée à la Mobilité, à la circulation et au stationnement savait que la poudrière nîmoise allait sans doute s’échauffer. L’état de la chaussée obligeait, un jour ou l’autre, à la réalisation de ces travaux. Cependant, le Chemin de Tire-Cul est un problème. Tout comme celui du Mas de Balan.

Afin de gérer les conflits de circulation liés notamment à l’étroitesse de la chaussée, imposer une circulation en sens unique du chemin de Tire-Cul (en montée) et du chemin du Mas de Balan (en descente vers la route d’Alès) était peut-être la bonne façon de s’y prendre. Guillaume prend le chemin de manière quotidienne, matin et soir : « À vélo, c’est nettement mieux ! Je remarque juste que qu’on ne me serre plus et que, même pour les piétons, c’est moins dangereux. Il faudrait juste demander aux propriétaires de tailler les haies qui gênent parfois le passage sur le trottoir. Pour habiter dans le coin, je vois aussi que ce sont surtout des gens qui connaissent Nîmes qui passent par ici, donc ils savent qu’ils auront du mal à grimper si la motorisation de leur véhicule n’est pas adaptée ! »

C’était surtout fait à la demande des riverains et en concertation avec le comité de quartier ! Cependant, cette phase de test qui a démarré mi-juillet et doit s’achever aux vacances de la Toussaint fait grincer les dents de quelques locaux. Et les automobilistes qui prennent le sens interdit aussi. L'élue poursuit : « Le choix de ces sens de circulation s’est fait au regard des usages, s’agissant des sens préférentiels de circulation des deux chemins. Cela permet également de gérer les accès riverains et de sécuriser les mouvements au carrefour du chemin du Mas de Balan et de la route d’Alès. Le chemin de Tire-Cul reste à double sens entre la place Paul-Valéry et l’impasse Cantegril pour faciliter la desserte riveraine. »

La ville de Nîmes a réalisé des comptages en septembre pour vérifier l’impact sur la circulation de cette modification. Les services doivent aussi vérifier le fonctionnement, sur le terrain, pendant l’expérimentation. Il serait aussi intéressant, après avoir vu quelques camions dans ce style, de faire respecter le tonnage (3,5t) des véhicules qui empruntent le chemin…

« Quand on est Nîmois, on connaît le chemin de Tire-Cul ! Forcément. Quand on y habite, c’est qu’on sait aussi où on est. On sait qu’on va entendre le vrombissement des moteurs et le rugissement des automobilistes. J’ai 60 ans et j’ai toujours connu ça ici, sauf que maintenant, ça bouchonne », affirme Antoine, habitant du quartier qui avoue tout de même que la modernité a des bienfaits. « On entend peu ou pas les voitures électriques monter ! »

Si les tests sont concluants, la Ville envisage d’en profiter pour faire de nouveaux aménagements tels que des trottoirs, inexistants aujourd’hui, ou des pistes cyclables. Emmanuel Carrière, adjoint délégué aux Aménagements urbains et à la voirie, l’assure : « Nous recevons également bon nombre d’observations des riverains et des Nîmois d’une façon générale. Nous en tiendrons compte. »

Véronique, mère de famille qui dépose ses enfants à l’école avant de partir travailler à Alès, n’apprécie pas ces changements : « Il fallait faire quelque chose et je sais que c’est compliqué… Le sens unique, c’est bien, mais il n’y aucune autre solution ! Ceux qui, avant, prenaient le chemin du Mas de Balan prennent le chemin de Tire-Cul. Les embouteillages nous retardent matin et soir, c’est fou ! »

Avant d’initier la montée, un regard en arrière elle ajoute : « Et ceux qui descendaient par ici, descendent maintenant par le Mas de Balan, c’est le crocodile qui se mord la queue ! ». 

À noter que ce lundi, la ville de Nîmes a annoncé une modification de la circulation chemin du Mas de Balan : lire ICI.