Publié il y a 1 an - Mise à jour le 18.02.2023 - Anthony Maurin - 3 min  - vu 607 fois

GARD Quatre écrivains, un artiste et une exposition à part

Pour Ménard (Photo Salvatore Puglia).

L'exposition "Quatre écrivains dans la garrigue" de Salvatore Puglia est à voir à la Maison départementale du Gard à Nîmes jusqu'au 31 mars.

Salvatore Puglia est un artiste plasticien né à Rome dans les années 1950. Il vit et travaille à Nîmes où il a déjà exposé. Il a également été en résidence au collège de Manduel dans le cadre du dispositif "Artistes au collège" et se consacre à l’art visuel depuis 1986.

Chercheur en histoire, ses créations sont basées sur des sources littéraires, des recherches historiques et leur traduction par l’image photographique. Avec "Quatre écrivains dans la garrigue", exposition qui évoque quatre auteurs ayant résidé dans le Gard, ce sont bel et bien quatre séries de six tableaux qui sont exposées et font référence à quatre auteurs célèbres ayant résidé à Nîmes ou dans le reste du Gard. On parlera ici de Francis Ponge, Pierre Menard, Jean Paulhan et Lion Feuchtwanger.

La Maison départementale du Gard (Photo Anthony Maurin).

Salvatore Puglia explique que son travail "se situe entre recherche historique, critique littéraire et création. L’inspiration pour cette série d’images sur le territoire des écrivains me vient de la lecture d’un texte littéraire, "Le Dépaysement. Voyages en France" de Jean-Christophe Bailly. J’ai donc commencé à parcourir les lieux que ces écrivains avaient sans doute parcourus, à la recherche de vestiges à photographier."

Pour lui, l'expo n'est pas un travail artisitique. Dans son résultat, l’intention est encore bien présente, mais elle n’amène pas vraiment à une perte de soi, à une partielle redécouverte de soi-même, peut-être, "bien que je me considère avant tout comme un artiste visuel. Il se situe entre recherche historique, critique littéraire et création."

Les élus lors du vernissage de l'expositon (Photo Département Gard).

Le chapitre sur Nîmes, "Castellum aquae", débute par la définition que Francis Ponge faisait de lui-même : poeta neamusensis. "Or, pour un écrivain d’origine nîmoise, ayant passé toute sa vie ailleurs, cette affirmation ne peut tenir qu’à une très grande force symbolique de l’image de cette ville", affirme l'artiste.

Pour Ponge (Photo Salvatore Puglia).

Jean Paulhan, descendant d’une famille cévenole, lié à Ponge par d’étroits rapports de parenté ainsi que par une forte relation intellectuelle, se voulait descendant d’un Paulianus, consul à Nemausus au début de l’ère chrétienne. "Les lettres et les dessins envoyés à ses parents depuis le "maset" du grand-père sont les documents que j’ai voulu accompagner par l’image. J’ai donc commencé à parcourir les lieux que ces écrivains avaient sans doute parcourus, à la recherche de vestiges à photographier", poursuit l'artiste.

Pour Paulhan (Photo Salvatore Puglia).

Pour Ménard, autre chose fut déclencheur : "Des dessins de Norah Borges, peintre et sœur de l’écrivain argentin Jorge Luis Borges, m’ont amené aux jardins de la Fontaine et à la relecture de fictions. L’une des nouvelles de ce recueil, Pierre Menard, auteur du Quichotte, porte en exergue la date Nîmes 1939, alors que, certainement, l’auteur argentin se trouvait à Buenos Aires à ce moment-là."

Pour Ménard (Photo Salvatore Puglia).

Salvatore Puglia a justement utilisé la même technique pour son travail. Il a placé des légendes sous des images de lieux qui ne leur correspondaient pas, ou a brouillé les reproductions de textes et les fonds visuels qu'il leur avait associés.

L'élément déclencheur pour Lion Feuchtwanger (Photo Salvatore Puglia).

La belle histoire est peut-être celle du suivant. Moins connu par les locaux et pour cause. Comment Salvatore est arrivé à Lion Feuchtwanger ? "Une peinture d’Henry Gowa, La marche de Saint Nicolas, m’a amené sur l’ancienne route départementale entre Nîmes et Uzès. J’ai utilisé le journal de l’écrivain allemand Lion Feuchtwanger, l’auteur du Juif Süss, interné pendant l’été 1940 dans le camp Saint Nicolas, pour accompagner mes photos de ce qui reste de ce camp et des traces de mémoire, dérisoires peut-être, que j’y ai laissées."

Enfin, les cartes d’état-major qui constituent l’arrière-plan de ces tableaux ne correspondaient hélas pas au Camp des garrigues. "L'épisode "vichyste", avec son article 17 de l’armistice, n’étant pas unique en Europe. Elles décrivent ici des lieux situés dans les alentours de Rome, ville dont je suis originaire et dont je ne peux pas refuser l’héritage."

Anthony Maurin

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