Publié il y a 1 an - Mise à jour le 09.01.2023 - S.Ma. - 2 min  - vu 1279 fois

L'INTERVIEW Raouf Azzouz, directeur du centre social Les Mille Couleurs : "Il ne faut pas laisser l'espace public aux délinquants"

Raouf Azzouz

Raouf Azzouz, directeur du centre social Les Mille Couleurs à Nîmes.

- (Photo : S.Ma)

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, est attendu ce lundi matin à Nîmes. Pour autant, aucune visite n'est prévue dans les quartiers populaires de la ville qui doivent faire face à des situations dramatiques. Un nouveau meurtre a été commis il y a quelques jours dans l'un d'eux. Alors, qu'attendent les associations de cette visite ? Nous avons posé la question à Raouf Azzouz, directeur général du centre social Les Mille Couleurs à Pissevin.

ObjectifGard : Concernant la visite du ministre de l'Intérieur à Nîmes ce lundi, qu'en attendez-vous  ?

Raouf Azzouz : Encore une fois, j'en attends beaucoup et pas grand chose. Beaucoup parce qu'on aspire à ce que ce ministre puisse être à l'écoute des habitants et de nos institutions. Depuis des années, nous alertons les partenaires institutionnels sur la situation du quartier de Pissevin, de l'ensemble des quartiers de Nîmes, gangrénés par la drogue, les armes et j'en passe. Alors, soit on ferme les yeux, on continue à laisser agir ces gens et un jour un innocent sera tué, soit on met des actions en place. On est pour la prévention, mais à un moment, il faut de la répression. Donc nous attendons de monsieur Darmanin qu'il ait conscience de ce qui se passe dans le quartier. 

Vous parlez d'actions à mettre en place. Lesquelles ?

Il va falloir qu'on s'y mette tous, que la population soit courageuse, ne baisse pas les bras. Il ne faut pas laisser l'espace public aux délinquants. Alors oui, il y a les forces de l'ordre, mais il ne faut plus que nous, habitants du quartier, ayons peur du petit délinquant, par exemple qui nous fouille à l'entrée de notre immeuble, de notre appartement. En conséquence, il va falloir qu'il y ait une coopération entre la police, les associations et les habitants pour trouver des solutions rapidement. Parce qu'aujourd'hui, ce sont des règlements de compte dans nos quartiers et les gens ont peur qu'une balle perdue touche un gamin ou une personne âgée. Ce n'est plus possible. Dans ces quartiers, il y a une jeunesse qui y croit, qui veut réussir et c'est aussi ce que je veux mettre en avant, cette jeunesse qui veut s'en sortir. 

Ce que vous pouvez observer au sein des Mille Couleurs. Quel est le bilan du centre social en 2022 ?

Les Mille Couleurs, c'est plus de 1 000 adhérents, une quarantaine d'actions. Nous avons des jeunes apprentis en service civique qui veulent réussir et qui ne sont pas attirés par la drogue. Nous misons sur la jeunesse et formons les futurs animateurs de demain. Malgré les difficultés, ça a été une belle année pour nous. Notre volonté à travers notre travail, c'est aussi de redonner de l'espoir aux habitants. 

Vous parliez de difficultés et notamment de recrutement (pour relire notre article, cliquez ici). Avez-vous trouvé une solution ?

Nous avons réfléchi avec nos institutions au niveau national pour revaloriser les salaires des animateurs afin d'attirer un peu plus de monde, mais aussi redonner un peu plus de sens au travail. 

Quels sont les projets pour 2023 ?

On aspire à travailler sur les valeurs de la République, et cela, à travers un projet mené avec l'État. On va essayer d'apporter notre pierre à l'édifice pour donner aux acteurs associatifs, aux habitants les clés du vivre ensemble. Les valeurs, il faut les faire vivre. À nous d'expliquer ce que sont la laïcité et l'égalité hommes-femmes, où commencent les discriminations... Tout cela est un travail de longue haleine.

S.Ma.

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