Après la création du spectacle de Cabifol, Darrier la pòrta, les 10 et 11 mars derniers au Petit théâtre de la Placette qui a connu un indéniable retentissement (voir le document "After", joint), l’association nîmoise M.A.S.C. (Mouvement des arts sonnants et chuchotant) présente un deuxième spectacle, dans un style complètement différent intitulé Professeur Billy, un cas d’école.

Pénurie d'enseignants. L'Éducation nationale recrute (en désespoir de cause) le professeur Billy... « Entrez en rang et en silence ! Asseyez-vous et sortez vos cahiers. » Comme on disait et faisait avant. Rétro, réactionnaire, sévère. Il distille avec rigueur et bonne foi pédagogique ses jubilatoires leçons de choses et autres.

Dictée, histoire-géographie, travaux manuels, leçon de morale, gymnastique, grammaire, musique et même... (vous verrez bien !) sont au programme de l'année. "Bon poin" pour les plus méritants, mais... punition au copieur !

Au fait, Billy a un nom, monsieur Roux et c’est un Nîmois autodidacte, touche à tout, créateur d'inutiles objets, obsédé textuel, friand de jeux de mots gourmands et autres billevesées. Après avoir sévi de nombreuses années aux "Beaux dimanches" et aux "Apéros bavards", il a décidé de monter sur les planches avant que quatre d'entre elles ne lui montent dessus.

Il est secondé, dans cette œuvre dantesque, par Frédéric Roux qu'il connaît bien puisque c'est... son frère. Frédéric, féru de théâtre, fréquente avec passion le côté jardin vu qu'il est aussi jardinier...

Un homme au grand cœur 

Billy a remporté le Prix Coup de cœur du public avec son œuvre Dans les règles de l'art lors de l’exposition-concours "à vos règles citoyennes" organisée par la Mairie de Nîmes ; ainsi que le Prix du Prolé 2022 avec son installation d'objets loufoques, Sourires à musées. Il vient de publier son premier livre, Jeux de mobjets, un gros succès populaire (qui aurait même échappé de très peu au prix Congourt 2022...).

Pour Pascal Marconato le conseiller artistique, le « professeur Billy, dans sa ringardise à toute épreuve, incarne, selon moi, à la fois la profonde injustice et la naïveté crue. Habité de multiples idées arrêtées, capable d’actes les plus injustes, de propos pour le moins maladroits, ce maître d’école "à l’ancienne", véritable super-héros de l’instruction, est pourtant d’une totale bonne foi. Son humanité réside précisément dans ce paradoxe. Le personnage, victime de l’obsession chronique du jeu de mot dont souffre son auteur, n’appartient pas qu’au passé : il fait écho à notre hyper-modernité, nous renvoyant, par ce décalage, l’image universelle de la nature humaine dans toute sa contradiction. Au public de se saisir de cette ambivalence : qu’à la fois il s’offusque face à l’arbitraire et s’émeuve de cette maladresse sincère. »

Son cours (magistral au demeurant) mélange humour, poésie, un brin de nostalgie et moult jeux de mots de bon aloi (en bon français). Un spectacle à énergie scolaire. Très... classe et Prix spécial de Consolation au festival "Éducation et joie civique" de Sainte Nitouche de Clavier-Azerty en 1953 !