NÎMES Conchita Cintrón par Nicole Bousquet, l'affiche des ferias fera parler
La Ville de Nîmes a présenté l’œuvre choisie pour incarner la temporada 2023 dans les arènes de la cité des Antonin et c’est Nicole Bousquet qui signe un portrait de la torera Conchita Cintrón.
La temporada se résume à la feria de Pentecôte, du 24 au 29 mai et à celle des Vendanges, qui se tient le troisième week-end de septembre. L’occasion pour l’artiste Nicole Bousquet, artiste locale, de signer une affiche certes sans toros mais emplie d’une sensibilité sans sensibleries, cela suffit largement ! Une oeuvre faite avec de la brou de noix et de l'encre. Le travail avec les équipes de la Ville et Brigitte Weymann pour le choix de la typographie a lui aussi été bien senti.
Pour Jean-Paul Fournier, maire de Nîmes, "C’est un moment important que les Nîmois attendent. On a pas mal discuté mais je tiens à rappeler la qualité de l’œuvre de Nicole Bousquet. Je suis même allé à son atelier situé Rue du Cirque Romain. Je voulais une femme et quand j’ai vu Conchita cela m’a touché. Je me rappelle avoir pris une photo avec elle lors de l’alternative de Marie Sara en 1991. Cela fait 100 qu’elle est née et la contre-affiche promet d’être elle aussi sympa !"
"Merci de m’avoir fait confiance, j’ai eu une grande liberté de création, j’espère qu’elle plaira ! Elle est taurine car c’est un torero, ou une torera comme on dit maintenant. Elle toréait à pied comme à cheval et elle est restée longtemps en haut de l’affiche. J’ai essayé d’amener de la douceur car nous sommes toutes les deux des mères, pas des barbares !" explique quant à elle l’artiste Nicole Bousquet.
Sophie Roulle, adjointe déléguée à la culture, pense aussi à l’année en cours. Pour les 30 ans de Carré d’Art mais au Musée des cultures taurines, devraient exposées une grande partie des 40 affiches des ferias de Nîmes. "Seulement trois affiches ont été faites par des femmes. C’est la première fois, et j’en suis ravie, qu’une femme peint une autre femme. Nicole est une belle personne emplie de générosité et de sensibilité. Il est important de communiquer sur la corrida par ce moyen. Le maire a eu le choix entre plusieurs possibilités, cette affiche me plaît et j’espère qu’elle fera polémique !"
De son côté, Frédéric Pastor, adjoint aux festivités, à la tauromachie aux rapatriés et aux traditions locales se rappelle la grande histoire de la tauromachie. "On a tous à l’esprit ce grand moment de l’alternative de Marie Sara. Conchita Cintrón a été la première à descendre de cheval devant les toros avant une modification du règlement taurin qui interdira cela aux femmes un peu plus tardivement. En 1948 à Nîmes elle a signé un triomphe majeur. Cette affiche est aussi le support de la temporada qui s’étend du Printemps à la feria des Vendanges." Les cartels de la feria de Pentecôte (et peut-être de celles des Vendanges) seront dévoilés début mars.
Depuis 1984 les artistes se succèdent, tantôt français, tantôt étrangers, souvent des hommes, parfois (peu) des femmes. Cette année le choix s’est donc porté sur une artiste nîmoise réunissant deux typicités appréciées par les suiveurs du cru.
L’affiche d’une feria doit être lisible comme une affiche de film et claire comme une notice Ikea. On doit y sentir une âme, y voir des formes et/ou des couleurs et se laisser happer par l’histoire contée. "L’artiste a une manière de s’exprimer, moi, j’essaie de rendre quelqu’un vivant avec le regard. Je la trouve touchante" explique l’artiste.
Des toros ? Pas besoin d’en mettre ! Là n’est pas le sens global d’une affiche de feria. Ce n’est pas la première et cela ne sera sans aucun doute pas la dernière affiche des ferias de Nîmes sans bêtes à cornes. L’essentiel est l’émotion que cette affiche procure.
Jacques Durand dans le journal Libération a rendu un vibrant hommage à la torera surnommée la déesse blonde. Elle qui avait les cheveux châtain-clair, qui avait été filmé par Hollywood et qui avait reçu un prix des mains d’Yves Montand avait naturellement vieilli. Le brillant journaliste faisait alors comprendre à son lecteur que les mythologies nîmoises aux tempes grisonnantes ne mouraient jamais réellement.