Publié il y a 1 an - Mise à jour le 19.01.2023 - Yannick Pons - 2 min  - vu 483 fois

NÎMES Marina Heredia, entre douleur et sacré

Marina Heredia a enchanté la salle Bernadette Lafont du Théâtre de Nîmes

- Yannick Pons

Après le succès d‘Ana Morales en ouverture de la 33e édition du festival Flamenco cher à François Noël, le théâtre de Nîmes accueillait la cantaora Marina Heredia. La chanteuse de Grenade a offert au public nîmois un récital flamenco entre douleur et sacré.

Après les danseuses, les chanteuses ! Il ne restait que quelques strapontins disponibles dans la salle Bernadette-Lafont du théâtre de Nîmes, hier soir, où Marina Heredia a chanté un Flamenco traditionnel, dans la pure tradition des contreforts de la colline de San Cristóbal, à Grenade, l'un des berceaux du flamenco universel. La Grenadine, petite fille de Rosa Heredia, la Rochina, immense chanteuse matriarche tzigane, perpétue la tradition du Flamenco gitan.

Intime et émouvant

Accompagnée à la guitare par l’inséparable José "Bolita" Quevedo, par Paquito González aux percussions et aux palmas (chœur et applaudissements) par Fita Heredia et Anabel Rivera, la cantaora récite en chansons des textes du poète Federico Garcia Lorca du début du XXe siècle, qui content le parcours du peuple gitan et de son arrivée en Espagne par le Sud.

Le fidèle "Bolita" ouvre chaque chanson à la guitare. Puis il pose sa main sur les cordes et se tourne vers elle. • Yannick Pons

Dès le début, la diva se connecte avec le public nîmois et raconte en espagnol qu’elle est déjà venue ici alors qu’elle était « embarazada », enceinte et qu’elle se sent aujourd’hui un peu plus légère. Sur la scène, le quintet est assis sur des chaises. C’est le fidèle Bolita qui ouvre chaque chanson à la guitare. Puis, il pose sa main sur les cordes et se tourne vers elle. Le silence accueille une voix gitane, puissante mais douce. Des tientos profonds, mélancoliques mais heureux. Son interprétation musicale se rapproche des cantaoras historiques, version moderne, accessible au public contemporain. Elle se retire, majestueuse, et José Quevedo entame un solo. Le guitariste de Jerez, emmené par sa créativité, improvise plusieurs minutes, embarqué par cette posture instable des guitaristes de Flamenco qui tiennent leur guitare sur la cuisse droite en maintenant le manche au niveau du torse. Ainsi cherche-t-il le chaos qui le ramènera à l’ordre. Harmonie qu’il réussit à atteindre, et l’émotion qui va avec.

Un pied dans le sol, et l’autre à l’aventure

Le public est conquis. Marina revient sur scène avec une robe flamenca, noire à pois blancs. Elle rend un hommage appuyé à l’endroit de son oncle "Manolete", danseur flamenco, dieu de la farruca, décédé au mois de septembre. Les palmas disent "alleeeez". La chanteuse se lève et offre des tientos tout en douleurs, faisant tourner ses mains autour des poignets dans un déplacement suave et sensuel. Cette longue robe noire qui se froisse laisse entrevoir des chaussures à talons typiques des danseuses flamenco.

Marina Heredia, entre douleur et sacré • Yannick Pons

Un pied devant l'autre. Un pied dans le sol, et l’autre à l’aventure, elle s’approche du public. Le chant est dansé. Sa voix grave est forte, puissante, proche du sacré. Assis au premier rang, on peut apercevoir l’émotion qui parcourt sa peau. "Maravillosa, guapa", lance la salle. Au deuxième rappel, le public Nîmois offre une demi-standing ovation. Le troisième rappel, c'est pour le plaisir. Olééé.

Yannick Pons

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