TOROS La feria de Nîmes sera grandiose
La feria des Vendanges se déroulera dans l’amphithéâtre romain de Nîmes du 14 au 17 septembre prochains.
On a pour habitude de mettre un coup de projecteur sur la grande feria de Pentecôte à Nîmes. Cependant il faut constamment avoir un œil sur la totalité de la temporada nîmoise pour juger de la qualité des cartels proposés.
Cette année encore Nîmes aura un exercice d’importance tant les figuras piétonnes et cornues seront toutes venues défiler devant le public gardois. Mais quand on parle de cette prochaine feria des Vendanges, le premier mot qui vient en tête c’est : grandiose ! La preuve.
Confirmer à plus d’un titre
La ganadería de Robert Margé a confirmé en 2022 les espoirs placés en elle lors de la temporada précédente. Du fait de son haut niveau de sélection, cet élevage français fait désormais partie des fers incontournables de la programmation nîmoise.
La qualité du lot de toros proposé en ouverture de la dernière Feria des Vendanges a été l’illustration de cette régularité affichée par les porteurs de la devise bordeaux et or. Cette année, les toros de Monteilles ont été les partenaires des triomphes du Rafi à La Brède et Alès... Des ambitions ganaderas qui se reflètent dans les ors des costumes des trois matadors de toros engagés pour cette corrida d’ouverture des Vendanges 2023.
Auteurs de faenas réjouissantes face à ces mêmes toros de Margé, Adriano et El Rafi sont les deux jeunes et talentueuses promesses du toreo nîmois. Après avoir coupé quatre oreilles et une queue à Bayonne en septembre dernier, Adrien Salenc a passé la vitesse supérieure qu'El Rafi veut suivre. Deux concepts différents du toreo qui ne demandent qu’à mûrir... Comme en septembre dernier, Adriano sera le parrain de confirmation d’alternative de l’un de ses aînés mexicains.
Arturo Saldívar connaît bien les arènes de Nîmes pour y avoir ouvert la Porte des Consuls, en qualité de novillero, aux Vendanges 2010. Cette corrida marquera son grand retour en France après plusieurs années d’absence... Des temporadas qui ont vu le torero aztèque devenir l’un des meilleurs matadors du circuit mexicain.
Duel pimenté
De Madrid à Séville, Daniel Luque et Emilio de Justo incarnent la génération triomphante des toreros espagnols des années 2020. Matadors de caractère, façonnés par l’exigence des ferias les plus prestigieuses, l’Andalou et l’Extremeño se sont hissés en haut de l’affiche.
Si Daniel Luque est devenu un torero référent à Séville, par la grandeur de ses faenas et un niveau technique rarement égalé, Emilio de Justo s’est révélé à Madrid, du drame de la blessure du printemps 2022 jusqu’aux miels de la Grande porte de Las Ventas, ouverte à quatre reprises entre 2021 et 2023.
Impressionnant de maîtrise à Alicante et Burgos, Daniel Luque retrouvera pour cette corrida les toros de La Quinta qui, depuis la temporada 2018, ont été les artisans d’une nouvelle étape dans sa progression artistique, jusqu’à l’apogée d’un solo dacquois, l’été dernier. Fort de ses triomphes à Madrid et Burgos, Emilio de Justo sait qu’il devra proposer la meilleure version de son toreo face à son « aîné de deux jours » en alternative.
En 2021, leur unique confrontation en mano a mano avait tourné à l’avantage de Daniel Luque lors d’une corrida d’Adolfo Martín organisée à Castellón de la Plana. De retour à Nîmes après six années d’absence, l’élevage de La Quinta, triomphateur à Arles, viendra apporter le sel nécessaire à ce grand duel, du fait de la singularité des charges de ces toros d’origine Santa Coloma...
Dix ans et les revoilà
Si leur première corrida en commun s’est tenue à Dax lors de l’été 2013, Diego Ventura et Léa Vicens ont entamé à Nîmes l’écriture d’un roman équestre qui a donné le tempo au rejoneo de la dernière décennie.
Le samedi 14 septembre 2013, Léa Vicens a pris l’alternative dans les arènes de sa ville natale, des mains d’Ángel Peralta en présence de Paco Ojeda, Diego Ventura et Marie Sara, face au toro « Perfumado », de Fermín Bohórquez. Dix ans plus tard, les deux références du rejoneo européen ont écumé les triomphes dans toutes les plus grandes arènes.
Par la fougue de sa tauromachie, Diego Ventura s’est imposé comme un centaure d’exception, animé par une personnalité qui s’est enrichie des styles des différentes écoles du rejoneo... De son côté, l’amazone nîmoise s’est aussi installée sur les cimes de l’Escalafón des rejoneadors, servie par une cavalerie d’exception et animée d’une élégance naturelle inégalable.
Après l’oreille coupée à Madrid, Léa Vicens s’est distinguée par ses triomphes à León et Alicante, où elle partageait l’affiche avec Diego Ventura. Le 25 mai 2015, lundi de Pentecôte, lors de leur dernière confrontation directe nîmoise, Diego Ventura et Léa Vicens avaient orchestré l’une des plus grandes partitions de rejoneo de ces dix dernières années dans l’amphithéâtre romain, ouvrant la Porte des Consuls. De bon augure pour ce mano a mano d'anniversaire...
Instants de vie
Même s’il est né à Mont-de-Marsan, Thomas Dufau a tissé une histoire privilégiée avec Nîmes. Une ville qu’il apprécie au plus haut point, sans compter son histoire personnelle avec les arènes... De son premier paseo de novillero, aux Vendanges 2009, jusqu’à l’oreille de poids coupée dix ans plus tard face à un excellent toro d’El Torero, Thomas Dufau aura connu ses heures de gloire dans l’amphithéâtre romain.
À jamais gravée dans sa mémoire sa confirmation d’alternative et une sortie en triomphe partagée avec le témoin de la cérémonie, un certain José Tomás... Pour ses adieux au toreo, le torero montois retrouvera Alejandro Talavante, avec lequel il avait toréé une corrida, il y a plus de dix ans, dans ses arènes de Mont-de-Marsan. Il effectuera enfin son premier et dernier paseo au côté de son ami de toujours, Andrés Roca Rey, n°1 mondial de la tauromachie...
Ainsi réuni sur le sable nîmois, cette terna aura certainement une saveur particulière et nul doute que l’après-midi sera riche en symboles et en clins d’œil. Quel meilleur théâtre que celui des arènes de Nîmes pour un tel événement, avec Alejandro Talavante, triomphateur à Burgos et Grenade, auteur d’un toreo toujours autant singulier...
Et que dire de Roca Rey, auteur d’une temporada de battant, qui l’a vu encore récemment ouvrir les grandes portes des arènes d’Alicante, Badajoz et Grenade... Un feu d’artifice final pour des adieux que la mémoire ne saura jamais effacer.
Monter les muscles et rayer le sable avec ses dents
La sortie de la crise sanitaire aura été marquée par une augmentation notable du nombre de spectateurs aux arènes. Un regain d’intérêt constaté depuis le début de la temporada 2023 et dont bénéficie également la novillada... Cet attrait s’explique aussi par la curiosité suscitée par les novilleros de la nouvelle génération, dont les personnalités, autant fascinantes qu’attachantes, confirment cet engouement.
Lauréat de la dernière Cape d’or, Lalo de María est l’un des porte-drapeaux de ces apprentis-toreros, toujours mû par une motivation forçant le respect. L’illustration en a été donnée lors de sa présentation à Madrid, avec une blessure subie au moment de l’estocade... À 18 ans, Diego Bastos est le novillero andalou qui a le vent en poupe. Après avoir marqué les esprits à la Real Maestranza de Caballería, en juin dernier, le natif de Séville aspire à passer la vitesse supérieure.
Il en va de même pour le Nîmois Nino Julián, qui retrouvera l’élevage de Fernay devant lequel il a triomphé lors de ses débuts dans la catégorie supérieure. Formé au Centre français de Tauromachie (qui célèbre en 2023 ses 40 ans d’existence) Nino fait partie de cette brillante nouvelle génération dont les yeux brillent dès lors que leur regard croise celui d’un Toro brave... Récent triomphateur à Istres et Boujan-sur-Libron, le nouveau novillero nîmois est prêt à prendre le relais d’un certain Solalito...
Solal et le luxe de l’alternative
22 ans, Solal Calmet « Solalito » va réaliser son rêve de toujours : prendre l’alternative et être élevé au rang de matador de toros, dans les arènes de Nîmes, aux côtés de deux vedettes de la tauromachie.
Depuis Pentecôte 2011 et l’alternative de Patrick « Oliver » Villebrun, plus aucun novillero « nîmois » n’avait été sacré matador de toros dans l’auguste amphithéâtre... Un événement à double titre puisque Morante de la Puebla officiera en tant que parrain d’alternative dans les arènes de Nîmes pour la deuxième fois de sa carrière, plus de sept ans après le sacre de Ginés Marín.
Un rôle qui siéra parfaitement au n°1 de l’escalafón 2022, dont le coquet toreo de soie a conquis le public de la dernière corrida du Dimanche de Pentecôte. Le torero de la Puebla del Río retrouvera à cette occasion l’élevage de Garcigrande, indissociable de la faena pour l’Histoire servie à « Ligerito », dépossédé de sa queue, le 26 avril dernier à Séville.
1998, année de la présentation nîmoise de Morante de la Puebla en tant que matador et temporada de l’alternative de Julián López « El Juli » dans nos arènes. 50 corridas plus tard et 25 ans d'alternative au compteur, le torero madrilène demeure toujours le patron de l’Escalafón et un technicien à l’œil d’aigle, qui conserve un regard acéré sur les nouvelles générations qui l’ont adulé...
Triomphateur à Alicante et Grenade, nul doute que le Madrilène aura à cœur de marquer cette cérémonie, lui qui n’a plus franchi la Porte des Consuls depuis plus de sept ans...