Victor de l’école taurine d’Arles (oreille et deux oreilles), Cristian Restrepo, Colombien de l’école taurine de Navas del Rey (silence et salut) et Julio Norte, Espagnol de l’école taurine de Salamanque (salut et deux oreilles). Deux vueltas al ruedo pour le premier de Rolland Durand et le premier de La Paluna.

Que ça fait du bien de retrouver les ruedos. Pas les arènes première catégorie non, celles dites de seconde zone, celles que l’on peut vivre pleinement et sereinement, celles qui font vibrer l’aficion du quotidien

À Bellegarde, on fait les choses bien et on fait bien les choses. L’association Bellegarde passions et traditions organise ce Trophée Castella avec panache et la Coordination des clubs taurins de Nîmes et du Gard se colle à l’événement pour y apporter deux journées supplémentaires et un peu plus de public. La Ville de Bellegarde et le Conseil départemental suivent eux aussi tout comme les dizaines de bénévoles et de sponsors sans qui ces moments ne verraient pas le jour.

Quand on fait les choses ainsi, les arènes se remplissent vite et bien. Le public, un tantinet froid sans doute le temps de se remettre en route et de sortir de l’hivernage, a joué le jeu et a mis, lui aussi, sa pierre à l’édifice.

Victor, chef de lidia d’une belle novillada. Le Saintois est le plus âgé du cartel et, du haut de ses 17 ans, son toreo est limpio, rectiligne et ordonné. On l’a encore peu vu se comparer à d’autres compañeros mais ce dimanche 24 mars 2024 il n’aura pas déçu, sauf aux aciers où il reste pas mal de boulot. Comme pour ses « concurrents » d’ailleurs. Avec le premier de Roland Duran, il se lie d’emblée, au capote, avec une série léchée. Avec la muleta Victor va chercher le novillo qui vient et revient. C’est à droite qu’il réalise les plus belles passes et achève sa faena par des manoletinas bien senties. Une oreille et la vuelta au bon becerro.

Sur son second, le premier de La Paluna, bien fait et avec beaucoup d’allant, l’Arlésien monte d’un cran. Encore une très belle réception au capote suivie d’une faena majoritairement droitière mais de bon aloi. Sans trop se regarder toréer, le piéton montre les nombreuses qualités du bicho et l’embarque dans le même temps dans de belles courbes. Toujours droit dans ses medias, Victor peaufine son toreo et avance pas à pas. Chaque paseo est une nouvelle aventure mais il poursuit avec envie, raison et froideur. Malgré une sale épée, l’adversaire tombe sur le sable et trois mouchoirs du palco. Deux de couleur blanche et un bleu. Vincent Fare, le ganadero est appelé en piste par Victor pour saluer ensemble.

Cristian Restrepo apportait la caution colombienne du cartel du jour. On imagine la fougue et l’envie, une tauromachie fleurie et enjouée. On l’avait découvert sur un becerro arlésien l’année dernière mais l’aficion en voulait plus. En ce dimanche des rameaux 2024 le jeune de 16 ans fut doux au capote mais plus âpre avec la muleta. Même si on a pu déceler de belles qualités, elles n’ont pas pu totalement s’exprimer. Silence pour son premier duel.

Deuxième combat pour Restrepo et son La Paluna sera plus complexe que son Durand. Mais c’est là que l’on voit l’envie des novilleros. Encore une belle entame au capote et une belle frayeur sur la première charge du toro alors que le jeune prenait la muleta. Restrepo torée au large le temps de se remettre dans le bain, ce genre de moments peut coûter… Son adversaire s’accroche dans l’étoffe rouge, mais Restrepo ne lâche pas et reste professionnel jusqu’à trouver son sitio pour une faena qui est allée a mas mais qui n'aura pas décroché les mâchoires de ses fans. Salut.

Julio Norte est sans doute le plus jeune mais du haut de ses 16 ans il aura plu. Plus encore, il aura marqué les esprits. Il se lance à corps perdu dans son premier duel accueillant les genoux vissés au sol son toro. Il se montre à son aise avec le capote et brinde son duel au public. Rebelote, il plante les genoux en terre et attaque sa faena dans la mesure avec une série pleine. Après avoir testé son opposant sur la droite et sur la gauche, revoilà Norte qui se remet à genou avant de terminer sa faena dans un toreo vertical, sincère. Salut.

Dernier à revenir en piste, Julio Norte montrera une écoute totale. Ses conseils lui soufflent de faire ceci, il le fait. Ils lui disent de faire cela, il s’applique à y arriver. Et comme les conseils qu’on lui donne sont plutôt excellents, Julio Norte flirte avec le succès. Torero dans l’âme, il l’est. On a d’ailleurs pu le voir sur le quite qu’il a pris au second becerro de Restrep qu’il a enveloppé dans de magnifiques chicuelinas resserrées. Mais revenons à ce dernier de la tarde que l’Espagnol offre une nouvelle fois aux tendidos. Sa faena débute par une statuaire efficace et quelques séries droitières mais profondes. À gauche aussi ce becerro passe bien et le public commence à pousser. Une épée de piètre facture mais deux mouchoirs blancs tombent du palco.