ALÈS Il tire une balle dans la tête d’une jeune femme : 18 mois de prison ferme
Lors d’une soirée à Alès le 23 mai dernier, Aman a accidentellement tiré une balle de pistolet automatique dans la tête d’une jeune femme de 22 ans. Le projectile a traversé la tempe de la victime avant de ressortir par sa narine. Elle s’en sort miraculeusement vivante.
Une fois n’est pas coutume, il existe deux points dans cette affaire qui font l’unanimité auprès de tous les protagonistes, de la victime à l’accusé en passant par le procureur : le tir de pistolet d’Aman était accidentel et la victime est une miraculée. Pour le reste, c’est plus discutable, ce qui a valu aux juges et avocats du tribunal correctionnel d’Alès de revenir sur cette soirée pendant près de deux heures hier après-midi.
Il apparaît d’abord que l’accusé n’aurait jamais dû être de la fête ce 23 mai. Pour cause, une précédente condamnation lui interdisait de paraître dans le Gard. La soirée se déroule entre jeunes dans plusieurs véhicules. L’alcool coule à flots et certains consomment des ballons de protoxyde d’azote, un gaz hilarant qui aurait des effets euphorisants. C’est le cas d’Aman qui, dans un état second, sort un 7.65 automatique chargé et tire sans le faire exprès dans le visage de celle qui avait pris la place du conducteur.
« C’est accidentel, Madame le juge. Je sais que j’ai fait quelque chose de grave. J’étais euphorique, j’étais vraiment inconscient », explique l’accusé depuis le box du tribunal. La présidente, Manon Fauriel, s’interroge surtout sur cette possession d’arme : « Ce n’est pas anodin de se balader avec une arme. Ca interroge et ça inquiète ». Aman lui répond qu’il l’a trouvée dans un quartier de Montpellier, sans semble-t-il convaincre l’assistance.
4 ans de prison requis
Il ne semble pas non plus la faire adhérer à sa version de l’après accident. Car plutôt que de rester à l’hôpital auprès de sa malheureuse victime, Aman a pris la fuite. Il sera interpellé le vendredi 4 juin, plus de 10 jours après, à la frontière espagnole… « J’allais me rendre », assure celui qui compte plusieurs condamnations sur son casier judiciaire. Le procureur de la République d’Alès, François Schneider, n’en croit pas un mot : « J’ai un peu de mal avec le concept de la soirée sympathique entre amis. On a des garçons avec des casiers longs comme le bras, qui vivent de trafic. C’est un milieu de voyous. Je serai parent, je serai horrifié. On est passé très, très près… », dit-il consterné avant de requérir 4 ans de prison ferme.
L’avocate d’Aman, maître Coralie Gay, tente de ramener cette affaire à de plus justes proportions : « Ce dossier est suffisamment grave pour ne pas extrapoler. On va s’en tenir aux faits, avec une victime qui dit que c’est un accident ». Un accident qui vaut à Aman une peine de 3 ans de prison, dont la moitié avec sursis. Il devra indemniser la partie civile et ne plus détenir d’arme pendant les 15 prochaines années.
Tony Duret