NÎMES Du sursis probatoire pour l'ancien militaire qui a fait déplacer le RAID
Il était poursuivi pour "menace de crime" et "détention non autorisée de matériel de guerre".
À 34 ans, cet ancien militaire a fait peur, très peur aux autorités le 24 octobre dernier. Furieux que sa plainte ne soit pas enregistrée ou soit introuvable selon lui, il a envoyé à l'IGPN - l'inspection générale de la police nationale - un message qualifié par la justice de "menace de mort contre les personnes avec ordre de remplir une condition". Un message Internet qui a nécessité, dans un contexte terroriste bien présent, d'envoyer le RAID à son domicile de la route d'Avignon à Nîmes.
Dans le courrier à l'IGPN il est évoqué : "Je partirai en guerre", et "Quiconque s'interposera sera pris pour cible"... Résultat : les menaces sont qualifiées de très inquiétantes et le service d'élite du RAID est appelé en renfort des 50 policiers du commissariat de Nîmes qui quadrillent le secteur en cette soirée d'automne.
"Si je comprends bien vos propos, vous menacez de mort les personnes qui s'interposent", demande à la barre la juge qui préside l'audience. Le prévenu de 34 ans, ancien militaire, est parti de l'Armée avec armes et munitions dans ses réserves. Un homme aujourd'hui considéré comme adulte handicapé et qui a déjà été condamné trois fois. Un prévenu également connu pour des troubles psychiatriques mais en rupture de soins, selon un expert rencontré durant sa garde à vue et qui met en avant "une probable altération du discernement".
Lorsque le mis en cause est interrogé à l'audience sur d'éventuels troubles psychiatriques, il "se cabre" et met en cause le diagnostic des médecins concernant un syndrôme paranoïaque, une maladie qu'il réfute. Un homme qui tempête contre la police qui aurait perdu sa plainte et qui affirme que des "objets ont disparu chez lui sans effraction de son domicile".
"Il est un guerrier, les autres sont ses ennemis. Oui monsieur, vous avez un profil inquiétant, estime la procureure adjointe, Véronique Compan. Il n'est pas satisfait de sa plainte et part en guerre contre l'institution. Il peut passer à l'acte, il est déterminé, il fait peur, et dans un contexte terroriste son comportement a obligé à l'appel au RAID", complète la représentante du parquet de Nîmes en réclamant 12 mois de prison dont 6 mois ferme.
"Il ne dit pas aujourd'hui à l'audience et il n'a jamais dit qu'il allait tuer quelqu'un. Il fallait le poursuivre juste pour une détention d'arme, mais comme on a fait intervenir le RAID, il a fallu justifier la présence de ce service par cette procédure", souligne maître Jean-Michel Rosello, son conseil depuis le début de la procédure qui lui a permis d'éviter la case prison.
Le prévenu écope de 12 mois de sursis probatoire pendant deux ans avec une obligation de soins. Il lui est également interdit de détenir une arme et les munitions saisies seront détruites.